Depuis plusieurs années, Florence Pire anime, au travers de son asbl Ex-pression1, des ateliers d’improvisation théâtrale à destination de demandeurs d’emploiet d’intervenants sociaux. Pour elle, « l’impro » permet de favoriser l’insertion et développer l’écoute.
Ancienne conseillère en insertion socioprofessionnelle du CPAS de Saint-Gilles, Florence Pire est aujourd’hui professeure à l’école sociale ISSHA de Mons, c’est dire si elleconnaît le secteur social et les publics. Depuis quelques années, elle est également intervenante au sein de l’asbl Ex-pression. Cette asbl a vu le jour en 2001 « àl’initiative de travailleurs sociaux souhaitant amener le monde du social à développer un autre regard sur ses pratiques par le biais d’approches plus créatives». Pour y parvenir, elle recourt à l’improvisation théâtrale. Au fil du temps, elle a ouvert ses ateliers à tout organisme intéressé par sonapproche, ainsi qu’à des infirmiers, des enseignants, des groupes de demandeurs d’emploi en resocialisation ou en formation qualifiante ainsi qu’à d’autres publics.
« L’improvisation permet de développer des compétences relationnelles, dit notre interlocutrice. L’impro demande d’aller vers l’autre, de s’exposer à son regard,d’assumer ses positions mais également de les remettre en question, de s’ouvrir à l’interactivité, de développer sa spontanéité, d’écouter etd’utiliser le langage verbal comme le langage non verbal. »
Un plus pour les intervenants sociaux
Pour Florence Pire, l’impro complète la formation des intervenants sociaux : « Au quotidien, l’intervenant social doit être capable de mobiliser ses ressources en fonction dechaque situation spécifique, de s’adapter aux complexités et à la diversité des individus. Il doit donc développer des compétences transférables pourentrer en relation avec la variété de situations possibles. »
Pour certains, l’impro a un impact direct : ils se servent de la formation, par exemple, pour développer un atelier-théâtre avec leur public. Dans d’autres cas, l’impact estindirect : les intervenants sociaux vont développer leur compétence en termes d’écoute. « J’ai ainsi travaillé avec un SIS (service d’insertion sociale), PromotionFamille à Gosselies, se souvient-elle. J’ai donné une formation de trois heures aux travailleurs sociaux pendant laquelle je leur ai expliqué ce qu’était l’impro. Cela lesa ressourcés et invités à ouvrir de nouvelles portes. »
S’adapter au public
Avec les publics en insertion, la démarche est la même, mais il faut valoriser beaucoup plus les progrès. Et ce d’autant plus que ces personnes participent aux ateliers parcequ’elles y sont obligées.
Dans ces cas-là, Florence Pire travaille souvent sur la demande d’un service (la cellule insertion du CPAS de Soignies, la Mirec – Mission régionale du Centre, etc.). Et depréciser : « Pour ce public, quand je négocie mon intervention, j’insiste pour que cela ne soit pas présenté comme de l’impro, mais plutôt comme un « atelierd’expression » ou de « l’improvisation théâtrale », car sinon cela risque de les effrayer. »
« Ce public a souvent plus de mal avec le non-verbal, le langage corporel : ils ont peur du ridicule… En fait, ils éprouvent une difficulté avec le regard qu’ils posentsur eux-mêmes, commente-t-elle. Parfois, ils demandent en quoi cela va leur servir par rapport à l’emploi. Il faut alors en discuter et leur expliquer que cela va leur apprendre àoser, à prendre confiance en eux, entre autres, par rapport à de futurs employeurs. »
L’impro s’inscrit dans un continuum du processus d’insertion socioprofessionnelle. Elle constitue une étape dans la resocialisation de la personne.
1. Florence Pire, Ex-pression asbl :
– adresse : rue Georges Leclercq, 106 à 1190 Bruxelles
– tél. : 02 646 22 25
– mobile : 0478 80 44 41
– courriel : florence.pire@skynet.be