Partant du constat que les jeunes – Belges de souche, mais aussi ceux issus de l’immigration – ne connaissent finalement que très partiellement, voire pas du tout, leparcours socio-économique de la première génération d’immigrés, la Cellule de médiation interculturelle du Service des affaires sociales de la Ville deNamur s’est investie dans un projet pédagogique original en partenariat avec le Centre régional d’intégration de la province de Namur (le Centre d’actioninterculturelle, CAI)1 et l’Institut technique de la Communauté française Félicien Rops de Namur.
Quatre parcours en images
« En 1999, dans le quartier des Balances (Salzinnes), explique Erol Aktas, médiateur interculturel auprès du Service social de la Ville de Namur et du CAI, uneexpérience de rencontre intergénérationnelle avait déjà été réalisée autour de la communauté turque et turco-albanaise. Plusieurs“anciens” de cette communauté étaient ainsi venus expliquer devant un public composé essentiellement de jeunes issus de l’immigration turque, les aléaset les difficultés de leur installation en Belgique. Captivés par des récits riches en anecdotes, les jeunes avaient ainsi pu mieux appréhender la réalitévécue au début de leur installation en Belgique par leurs aînés. » C’est donc notamment dans la foulée de cette expérience que le projetd’un film-documentaire-témoignage a été lancé. Paroles d’immigrés2, qui raconte le récit de quatre immigrés de lapremière génération (un Marocain, un Italien, un Turc et un Espagnol), a ainsi été réalisé par quelques adolescents, journalistes en herbe, qui ontété sélectionnés grâce à la collaboration de la Coordination « quartiers » (maison de jeunes) et qui ont été formés auxtechniques d’interview par les soins du CAI. L’aspect technique – tournage et montage – a été pris en charge par l’Institut Félicien Rops. Lesmédiateurs interculturels namurois se sont alors chargés de trouver quatre adultes issus de la première génération qui, pour les besoins du reportage, devaientmaîtriser la langue française.
Les témoignages que l’on peut voir et entendre dans Paroles d’immigrés se focalisent sur l’aspect économique du parcours des personnes interviewées.On peut certes reprocher à Paroles d’immigrés de ne donner la parole qu’à des hommes, mais il ne faut pas perdre de vue que l’immigration italienne, espagnole,marocaine et turque à ses débuts était essentiellement masculine et que le regroupement familial n’est intervenu que plus tard. Par ailleurs, les concepteurs de ce projetqui vient d’aboutir après un an de travail n’entendent pas en rester là et ont bien l’intention de développer et d’élargirl’expérience.
Un support à la discussion
Accompagné d’un dossier pédagogique réalisé par le CAI, le film Paroles d’immigrés a permis à des médiateurs interculturels qui setrouvent dans leur travail social en première ligne, de participer au « développement d’une dynamique de changement ». Le film, qui dure 27 minutes, aété diffusé pour la première fois lors du Festival international du film francophone à Namur (FIFF), qui se déroulait entre le 27 septembre et le 3 octobre2002. Le 21 janvier dernier, Paroles d’immigrés a été diffusé une seconde fois à la Maison de la culture de Namur devant un très nombreux public(environ 350 personnes), composé essentiellement de jeunes évoluant dans l’enseignement général, technique et professionnel, accompagnés de leurs professeurs.Suivi d’un échange modéré par un journaliste de Canal C et animé par Altay Manço, directeur scientifique de l’IRFAM (Institut de recherche, de formationet d’action sur l’immigration), cette « Journée de rencontre interculturelle et intergénérationnelle », émaillée d’activitésvisant à faire connaître le tissu associatif des communautés immigrées namuroises, a vraiment marqué le lancement de l’outil pédagogique audiovisuel« Paroles d’immigrés ». À en juger par l’intensité des échanges et les nombreuses questions émanant du public qui ont suivi la projection dufilm, « Paroles d’immigrés » constitue un outil original aux services des enseignants et des associations pour aborder autrement et en profondeur la thématique del’immigration, répondant aux interrogations que les jeunes se posent sur ce sujet.
1. Pour toute information relative à l’immigration : Centre d’action interculturelle (CAI), rue Docteur Haibe 2 à 5002, Saint-Servais, tel. : 081 71 35 11.
2. La cassette vidéo Paroles d’immigrés, ainsi que le dossier pédagogique qui l’accompagne, est distribuée par la Cellule de Médiation du Service desaffaires sociales de la Ville de Namur. Contact : Carole Peiffer, tél. : 081 24 65 43.