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« Peuple et culture » réaffirme en colloque la pertinence de l’éducation populaire

Ces 5 et 6 décembre, l’association d’éducation populaire Peuple et culture Wallonie/Bruxelles (PEC/WB) conviait quelques dizaines de travailleurs, militantsd’associations et de chercheurs à témoigner et à réfléchir sur l’actualité des pratiques d’éducation permanente que constituel’« éduc’pop ». Sous la question « L’éducation populaire, un concept dépassé ? », interventions, ateliers d’échangede pratiques et débats thématiques se sont succédé. Parcours transversal.

27-07-2005 Alter Échos n° 155

Ces 5 et 6 décembre, l’association d’éducation populaire Peuple et culture Wallonie/Bruxelles (PEC/WB) conviait quelques dizaines de travailleurs, militantsd’associations et de chercheurs à témoigner et à réfléchir sur l’actualité des pratiques d’éducation permanente que constituel’« éduc’pop ». Sous la question « L’éducation populaire, un concept dépassé ? », interventions, ateliers d’échangede pratiques et débats thématiques se sont succédé. Parcours transversal.

Mais d’abord qu’est-ce que l’éducation populaire ? Joseph Simon, président de PEC/WB, considère que l’éducation populaire, en tant «qu’action culturelle de résistance aux lieux communs et à toutes les oppressions » (selon les termes de Jean-Luc Degée, lors d’un atelier PECWB de janvierdernier), « repose sur le refus d’aliénation, sur la résistance à toute forme d’exploitation, en insistant sur le fondement éthique qui doit permettreà tous les hommes de développer leur intelligence, leur potentiel créatif, leur capacité d’exister pleinement ». Ceci avec « l’entraînementmental » pour outil intellectuel. Il s’agit d’une méthode d’analyse critique de situations données en quatre phases : « Représentation,problémation, explication et action ». Parce que, selon Jean Gondonneau, président de PEC France, « la pensée ne peut pas être séparée del’action ».

Deux grands axes de travail ont été posés. D’abord l’éducation populaire fut l’objet d’un « essai de définition ». EricCorijn (VUB), sociologue et philosophe de la culture, questionne l’inclusion et l’exclusion culturelles de la classe populaire. Par ailleurs, il estime que « c’est en milieuurbain que la culture populaire de résistance croît aujourd’hui. Car la globalisation n’est pas abstraite, elle ne prend plus forme que sous la tutelle del’État-Nation ». Il construit donc le néologisme « glocalisation » pour marquer l’assise locale de la production culturelle. Et, face à lasélectivité des productions culturelles dominantes, il insiste sur la nécessité de « documenter à propos des pratiques culturelles diverses des gens auquotidien ».

Second axe ensuite, un questionnement sur les publics de l’éducation populaire. Franck Lepage (ex-chercheur à l’Institut national de la jeunesse et del’éducation populaire, France). Cadrant celui-ci dans un contexte de chômage structurel, il cible « la fonction essentielle de l’éducation populaire pourreconstruire l’expérience vécue par rapport à l’éducation politique, avec pour objectif de produire une parole politique, sur les dispositifs mis en place dansles années 80 par les pouvoirs publics, par exemple “l’insertion”, qui compartimente les gens en catégories : femmes, vieux, immigrés… »

Mais le colloque a également fait la démonstration de pratiques d’éducation en ménageant des moments de découverte de l’ancrage social et politiquedu mouvement culturel. En attestait cette soirée-débat sur « l’éducation populaire et la sidérurgie ». D’abord la chorale de PECWB a faitdécouvrir, au travers de chansons ouvrières de la sidérurgie, la lutte contre l’exploitation et les licenciements. Le débat porta ensuite sur ces luttes (y comprissyndicales) et l’importance de nommer ces déchirures collectives. En ce sens malgré une faible médiatisation, la culture populaire reste un outil d’éducationet de sensibilisation. Autant peut-être qu’un outil de transmission d’une mémoire collective dynamique (mais fragilisée) à une jeune générationd’origine ouvrière dont l’avenir n’est guère ouvert, en dehors de l’enseignement de relégation et du chômage.

Le nouveau décret passé au crible

Enfin, eu égard au nouveau décret de la Communauté française régissant le secteur, plusieurs remarques et critiques furent exprimées :

> les axes créés ont été définis par le haut et le terrain devra s’y conformer, il s’agit davantage d’une réflexion technocratiquedescendante ;

> vu les exigences, crainte d’une mainmise des organisations fédérales sur les régionales, a contrario cela pourrait permettre de créer des tendancesdivergentes ;

> privilège des grands mouvements sur les mouvements « émergents » ;

> enfin, pour le 31 décembre prochain, les associations doivent se placer dans un ou plusieurs axes du décret ; or sans les arrêtés d’application, c’estincohérent.

1. Peuple & Culture Wallonie/Bruxelles asbl, rue de Bellaire, 1 à 5340 Haltinne, tél. : 0475 32 91 62, courriel : administration@peuple-et-culture.be.tf, site : www.peuple-et-culture.be.tf, contact : Michel Dujeux.

Olivier Bailly

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