Le projet pilote « Proximam1 » est né en 1995 de la conjugaison de deux problématiques, le handicap mental et la maternité, et de l’échange depratiques de deux institutions. A Wanfercée-Baulet, dans la Basse-Sambre, la maison maternelle Fernand Philippe2 accueille, depuis plus de vingt ans, des futures mamans et desmamans avec leurs enfants. A l’autre bout du pays, à Etalle (Gaume), l’institut médico-pédagogique « La Providence » prend en charge des enfantspré-psychotiques et débiles légers âgés de 3 à 18 ans.
L’objectif de Proximam : ne pas séparer certaines mamans de leurs enfants et donc éviter un placement d’enfant et un déchirement affectif. Pour mener à bien ce projet,cinq appartements ont été aménagés dans les greniers de l’IMP et sont occupés actuellement par quatre mamans et huit enfants. Les mamans sont choisies parl’équipe pluridisciplinaire de la maison maternelle sur la base d’une série de critères : manifester un réel attachement envers l’enfant, être capable de collaboreravec l’équipe éducative de l’IMP et remplir des conditions administratives (ex. : relever de l’AWIPH). Françoise Marx, coordinatrice de Proximam, explique : « Les mamanssavent qu’on est toujours là. Nous sommes partenaires avec elles de l’éducation de leurs enfants. Elles sont au courant de tout ce que nous faisons avec eux, beaucoup plus que lesautres parents. Nous mettons des limites à leurs enfants qui ont été élevés comme des sauvageons car ce sont des mamans qui n’ont pas de réseau familial ousocial pour corriger leurs carences. Elles sont souvent très maladroites car elles ont un handicap léger ou un handicap social et affectif. »
Comme le souligne Monique Dewez, directrice de la maison maternelle, « ce n’est pas un hasard si ce projet est né dans la région de Charleroi. Il y règne unemisère noire, beaucoup plus noire qu’ailleurs. Le souhait de ces mamans, c’est de sortir du réseau pathogène de Charleroi. Elles ressentent le besoin d’êtreprotégées, notamment de leur partenaire et veulent mettre une certaine distance avec leur environnement. Le fait d’être logées à Etalle permet cette distanciation.»
Assurer le long terme
Les résultats du travail s’avèrent globalement positifs. Il y a prévention et remédiation. L’état de santé des mamans et de leurs enfantss’améliore. Les mamans retrouvent une gestion budgétaire saine. Deux d’entre elles ont pu progressivement s’établir à l’extérieur à proximité del’IMP. Une seule maman est retombée dans le milieu de la toxicomanie, son enfant est resté à la charge de l’IMP. Mais si ce partenariat porte ses fruits, il n’est que lerésultat d’un travail bénévole car aucun subside n’a été octroyé jusqu’ici à cette organisation hybride. La coordinatrice et une assistante socialesont toutes deux détachées (gratuitement) de l’IMP pour ce projet qui prend de l’ampleur. Ce sont des dons privés qui ont permis l’aménagement des appartements et lesrentrées locatives des mamans assurent l’amortissement et les dégâts locatifs autant que faire se peut.
« Le dispositif a besoin d’être stabilisé, il est nécessaire d’assurer le long terme », insiste Monique Dewez. Et il devient indispensable de scinder clairementl’encadrement du projet Proximam de celui de l’IMP. Un dossier a été introduit au cabinet Detienne, mais est toujours en attente. Quant au fonds social ISAJH (Commission paritaire319/02), il a initié en son temps un projet pilote de formation d’éducateur qui a permis l’échange d’équipes de travailleurs entre les deux institutions.
1. Proximam, rue des Ecoles 103 à 6740 Etalle, tél./fax. : 063 45 70 83 (coordinatrice : Françoise Marx – directeur de l’institut médico-pédagogique« La Providence » : Marc Ancion).
2. Maison maternelle Fernand Philippe, rue Saint-Ghislain 52 à 6224 Wanfercée-Baulet, tél. : 071 81 25 07, fax. : 071 81 52 04 (directrice : Monique Dewez).