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« Quand la Belgique intègre… » : un numéro spécial de la revue « Nouvelle Tribune »

La revue Nouvelle Tribune1, spécialisée sur la thématique de l’immigration, vient de réaliser un numéro spécial trèsfouillé consacré au thème de l’intégration en Belgique. Ce dossier dense de 162 pages commence par un « Bilan et perspectives de l’intégration desimmigrés et de la lutte contre les discriminations » en Belgique écrit par le sociologue de l’ULB Andrea Rea et dans lequel celui-ci resitue fort justementl’évolution d’une discrimination qui, si elle existe depuis les débuts de l’immigration en Belgique, n’en a pas moins ressurgi dès lors qu’unecertaine intégration était en marche et que « les frontières culturelles entre les nationaux et les immigrés se réduisaient ». En effet, paradoxalement,« la discrimination sert donc à mettre de la distance là où il y a de la proximité ».

28-07-2005 Alter Échos n° 145

La revue Nouvelle Tribune1, spécialisée sur la thématique de l’immigration, vient de réaliser un numéro spécial très fouillé consacré au thème de l’intégration en Belgique. Ce dossier dense de 162 pages commence par un « Bilan et perspectives de l’intégration des immigrés et de la lutte contre les discriminations » en Belgique écrit par le sociologue de l’ULB Andrea Rea et dans lequel celui-ci resitue fort justement l’évolution d’une discrimination qui, si elle existe depuis les débuts de l’immigration en Belgique, n’en a pas moins ressurgi dès lors qu’une certaine intégration était en marche et que « les frontières culturelles entre les nationaux et les immigrés se réduisaient ». En effet, paradoxalement, « la discrimination sert donc à mettre de la distance là où il y a de la proximité ».

L’une des lignes directrices de ce numéro spécial quasi exhaustif où tous les leaders des partis politiques belges démocratiques (francophones et flamands) sont interviewés sur leur vision de l’intégration, concerne la question de la discrimination raciale avec en filigrane le thème délicat du communautarisme. Le clivage entre une approche socio-économique de l’immigration et une autre privilégiant la problématique de la discrimination raciale n’est pas nouvelle, comme le précise Andrea Rea. Toutefois, en Belgique francophone où la vision républicaine « à la française » de l’intégration a dominé le débat, la question du racisme et de la discrimination raciale ont été abordés plus tardivement. Le débat sur les notions de « communauté »culturelle et de « communautarisme » ont alors fait leur apparition. La difficulté consistant à reconnaître l’existence de communautés (non territoriales) sans verser dans le communautarisme.

Ainsi, Laurette Onkelinx, ministre PS de l’Emploi, du travail et de l’égalité des chances, définit-elle le concept de société multiculturelle par le principe d’une « citoyenneté partagée » où « les cultures ne doivent pas se contenter de vivre les unes à côté des autres, mais se renforcer mutuellement ». Daniel Ducarme (à l’époque encore président du MR), qui tente de s’expliquer sur son constat d’« échec de l’intégration », estime qu’« un socle commun de valeurs » est nécessaire à l’intégration. Il est vrai que l’irruption sur la scène politico-médiatique du phénomène Abou Jahjah, en particulier en Flandre, a d’une certaine façon amené le débat sur cette question.

L’émergence d’Abou Jahjah et de sa Ligue arabe européenne fait ainsi l’objet dans ce numéro spécial de Nouvelle Tribune de plusieurs analyses, dont celle de Nadia Fadil (sociologue à la KUL) qui revient sur « l’histoire du phénomène médiatique que constitue l’AEL ». L’influence en Flandre d’un modèle venu des Pays-Bas où le choix qui avait été fait d’encourager l’organisation autonome des allochtones et des minorités ethniques est maintenant battu en brèche, est également abordé par le sociologue néerlandais Dirk Jacobs dans un article intitulé « Les Pays-Bas, pays pilote ? ».

Toutefois, si l’on aborde aujourd’hui plus franchement la question communautaire et celle de la discrimination raciale, le lien entre intégration et identité culturelle d’origine, en vertu de l’adage qui veut que « pour savoir où on va, il faut d’abord savoir d’où on vient », n’est pas si évident. Johanna de Villers, collaboratrice scientifique de la Faculté des sciences sociales de l’ULB, en appelle ainsi à la prudence tant le terme de « culture d’origine» reste ambigu a fortiori pour des jeunes d’origine immigrée, nés ou arrivés très tôt en Belgique, et dont la culture est d’abord celle de l’immigration plus que celle du pays d’origine. Les programmes LCO (langue et culture d’origine) en Communauté française illustrent ainsi, selon Johanna de Villers, cette ambivalence dès lors que « les enseignants de ces cours continuent aujourd’hui d’être recrutés et rémunérés par les pays d’origine ».

Bien d’autres thèmes, tels que le droit de vote des étrangers, ainsi que de nombreux portraits et de textes consacrés à l’intégration, enrichissent encore ce numéro spécial de Nouvelle Tribune.

1. Nouvelle Tribune, numéro spécial « Quand la Belgique intègre… », n° 31-32, mars-mai 2003, adresse de contact : rue Sallaert, 5/3 à1000-Bruxelles, tél. : 02 502 28 38, fax : 02 502 34 84, e-mail : nouvelle.tribune@skynet.be

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