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Regard critique · Justice sociale

Le budget d’assistance personnelle, un budget pour happy few ?

Depuis plusieurs années, le projet d’un Budget d’assistance personnelle (BAP) en Région wallonne est l’objet de nombreux débats. Il vient désormais dese généraliser.

27-08-2009 Alter Échos n° 278

Depuis plusieurs années, le projet d’un Budget d’assistance personnelle (BAP) en Région wallonne est l’objet de nombreux débats, questionnements, espoirsmais aussi le lieu de confrontation entre différentes visions et enjeux de la politique sociale concernant les personnes handicapées. Il est désormaisgénéralisé.

Aujourd’hui, il n’y a plus de « trajet de vie-type » d’une personne handicapée. Ainsi, si certaines continuent à avoir besoin de structures collectives qui leur sontspécialement dédicacées, d’autres revendiquent d’autres chemins respectant mieux leur autonomie et leur choix de vie. Elles vont désormais, selon descritères bien définis, pouvoir bénéficier du BAP.

Un droit de tirage

Depuis le 1er août en effet, les personnes lourdement handicapées ont la possibilité de bénéficier d’un BAP, sorte de droit de tirage, qui leurpermet de continuer à vivre dans leur milieu de vie habituel et d’y organiser leur quotidien. Adopté depuis quelques années déjà dans certains pays européenset en Flandre, le BAP a fait l’objet d’expériences pilotes en Wallonie. En 2008, 25 personnes ont pu en bénéficier.

La personne qui bénéficie d’un BAP pourra obtenir des interventions dans des domaines très variés (soins personnels, mobilité, communication, activités dela vie domestique, activités sociales, loisirs, etc.) en faisant appel à des services agréés par les pouvoirs publics comme les ALE, les sociétés de titresservices, les sociétés d’intérim, les indépendants ou, plus rarement, des bénévoles. L’enveloppe financière varie entre 5 000 et 35 000euros par an selon le type d’aide demandé. C’est l’Awiph, l’agence wallonne pour l’intégration des personnes handicapées qui en fixe la durée et lemontant annuel.

Cette enveloppe financière est accompagnée d’un projet d’intervention personnalisé établi par l’Awiph avec l’aide éventuelle d’uncoordinateur (que la personne peut choisir parmi les services agréés par l’Awiph, les centres de service social des mutualités, les CPAS, les centres de coordination desoins à domicile, les associations représentant les personnes handicapées et reconnues par le ministre). Ce coordinateur est parfois amené à jouer le rôle demédiateur entre l’Awiph et les différents prestataires.

Qui est concerné ?

Sont concernées les personnes handicapées âgées de moins de 65 ans présentant une limite importante de leur autonomie et introduisant une première demandeauprès de l’Awiph. Une enveloppe budgétaire de 500 000 euros a été débloquée pour le BAP en 2009. Il s’adresse aux personnes qui :
– bénéficient déjà du BAP via l’expérience pilote ;
– présentent une maladie évolutive reprise sur une liste exhaustive ;
– comptabilisent le plus de points sur l’échelle de mesure de l’autonomie et dont l’entourage familial n’est pas ou plus en mesure d’assurer la prise en charge de manière durable.

Outre ces critères, il sera également tenu compte de l’ordre de rentrée des demandes auprès de l’Awiph (au plus tard pour le 31 octobre).

Pour des associations comme Altéo, mouvement social de personnes malades, valides et handicapées, ou encore l’ASPH, l’association socialiste de la personnehandicapée, le BAP a permis de mettre en évidence certains besoins des personnes handicapées non ou mal rencontrés aujourd’hui et constitue à cet égardune avancée. Toutefois, les organisations se montrent aussi critiques. Ainsi, à l’ASPH on estime à moins de 80, le nombre de personnes handicapées qui pourrontbénéficier de la mesure cette année en Wallonie car le budget est trop limité.

Chez Altéo, même crainte et on insiste sur l’existant : « Outre un meilleur financement et une réglementation adaptée pour les services d’aide et desoins à domicile, nous pensons également qu’il faut promouvoir les initiatives des services d’aide à la vie journalière (AVJ) et les projets « répits » enréfléchissant à un élargissement de leurs missions, associé à un refinancement nécessaire, insiste David Lefèbvre, secrétaire politiqued’Altéo. Encourager les solidarités familiales et de proximité est un autre angle d’approche. Ainsi, la meilleure reconnaissance du rôle des proches aidants etleur nécessaire soutien concret et direct sont aujourd’hui indispensables. »

Et David Lefèbvre d’insister pour que le BAP soit correctement évalué et qu’une typologie des prestataires soit effectuée. Une des craintes des associationsconcerne, en effet, le manque de garantie dans le texte des arrêtés sur la formation et la qualité des prestataires.

1. Un formulaire spécifique d’introduction de la demande est à disposition auprès des bureaux régionaux de l’Awiph et téléchargeable sur : www.awiph.be/integration/etre_autonome/bap.html – n° vert : 0800 16061.
2. Altéo :
– adresse : chaussée de Haecht, 579 – BP 40 à 1031 Bruxelles
– tél. : 02 246 42 26
– site : www.alteoasbl.be

catherinem

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