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Le caddy à crédit

Les pauvres recourent de plus en plus aux ouvertures de crédit facile pour se payer des biens de première nécessité, démontre une étude du Réseaufinancement alternatif.

10-07-2011 Alter Échos n° 319

Deux études du Réseau financement alternatif (RFA) démontrent que les consommateurs les plus pauvres sont particulièrement vulnérables face aux ouvertures decrédit facile. Philippe Courard annonce une série de mesures pour lutter contre le surendettement.

En ces temps de disette économique, les consommateurs les moins nantis recourent de plus en plus aux ouvertures de crédit facile pour se payer des biens de premièrenécessité. Une solution qui peut peser fortement sur le prix du caddy. Avec les cartes de paiement liées aux grands magasins, le consommateur peut, sans s’en rendre compte, seretrouver à rembourser son pain à un taux de 16 à 19 % par an !

Cela faisait longtemps que les acteurs qui travaillent contre le surendettement tiraient la sonnette d’alarme. Mais on manquait jusqu’à présent de données pour évaluerprécisément la situation. À la demande de Philippe Courard, secrétaire d’Etat à l’intégration sociale et à la lutte contre la pauvreté, leRéseau financement alternatif (RFA) 1 vient de publier deux études sur l’impact des ouvertures de crédit 2. Le RFA a interrogé 258 usagers des CPAS.Au moment de l’entretien, une personne sur cinq déclarait avoir recours à une ouverture de crédit. « Je suis particulièrement interpellé par le fait que58,3 % des personnes précaires interrogées qui disposent d’une ouverture de crédit s’en servent pour des achats quotidiens au supermarché et 8,3 %pour payer des factures d’énergie », s’inquiète Philippe Courard.

Aussi appelée crédit revolving, permanent ou renouvelable, l’ouverture de crédit permet de disposer d’une réserve d’argent permanente dont le plafond variegénéralement entre 500 et 5000 euros. Cette formule en apparence simple augmente considérablement les risques de surendettement. En effet, le consommateur ne doit pas renouvelerà chaque fois les démarches nécessaires à l’acquisition du crédit comme c’est le cas, par exemple, pour un emprunt hypothécaire. Aussi fastidieusessoient-elles, ces démarches permettent bien souvent au consommateur de mesurer l’engagement qu’il prend.

La pub dans le collimateur

L’enquête du RFA montre que les méthodes utilisées pour vendre des ouvertures de crédit sont très pro-actives. Si le réseau s’inquiète du rôlejoué par les grandes surfaces, où le devoir de conseil est rarement respecté, la critique n’épargne pas les agences bancaires. « Même en ce qui concerneles pratiques observées en agences bancaires, les montants sont le plus souvent des montants standardisés et surdimensionnés. Ils ne sont pas ajustés aux revenusréels de ménages à faibles revenus », écrit l’auteur de l’étude, Olivier Jérusalmy.

« Payez vos achats en un clin d’œil », « demandez ici votre carte gratuite », « vous n’êtes plus obligé dechoisir »… Les publicités vantant les mérites des ouvertures de crédit sont autant de promesses de consommation facile. Et les personnes en difficultéfinancière y semblent particulièrement sensibles, démontre le RFA dans un deuxième volet de l’étude. Pendant près de deux mois, les membres du réseauont épluché les prospectus envoyés dans les boîtes aux lettres, procédé à des blind test dans les magasins… La conclusion est sans appel.« Les publicités liées aux ouvertures de crédit ne permettent pas de prendre la mesure des coûts et des risques qui y sont liés. » La plupartne donnent aucun exemple chiffré. Ou alors, des exemples peu explicites. Les publicités sur le web, en particulier, posent problème. Avec la navigation par hyperliens, lesinformations sont organisées en différents niveaux de lecture qui ne sont pas accessibles au premier coup d’œil.

« Les mécanismes publicitaires en matière d’ouverture de crédit s’adressent aux aspects émotionnels de la personnalité et jouent avec laterminologie et les images. Il est dérangeant de constater, par exemple, qu’on présente en permanence cette forme de crédit comme une « réservefinancière », comme s’il s’agissait d’un bas de laine, alors que c’est tout l’inverse. On entend même souvent qu’une ouverture decrédit améliore son pouvoir d’achat », s’agace Philippe Courard qui dans la foulée a annoncé une série de mesures pour lutter contre lesurendettement, notamment en termes de sensibilisation, d’amélioration de l’information au consommateur, de régularisation renforcée du marché.

Les Echos du Crédit reviendront sur ce sujet à la rentrée avec un dossier spécial consacré à la responsabilité sociale desentreprises.

1. Réseau financement alternatif :
– adresse : chaussée d’Alsemberg, 303-309 à 1190 Bruxelles
– tél. : 02 340 08 60
– courriel : info@rfa.be
– site : www.financite.be
2. Télécharger l’étude surwww.financite.be/s-in-former/bibliotheque,fr,11,3.html

Sandrine Warsztacki

Sandrine Warsztacki

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