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Regard critique · Justice sociale

Le Caillebotis : une aide innovante pour les tout-petits

Dans la région de Verviers, trois services de l’Aide à la jeunesse ont créé « Le Caillebotis » pour des prises en charge d’urgence d’enfants en basâge.

05-03-2012 Alter Échos n° 333

Dans la région de Verviers, trois services de l’Aide à la jeunesse ont créé « Le Caillebotis » pour des prises en charge d’urgence d’enfants enbas âge. Pour pallier le manque d’accueil adapté.

Le Caillebotis n’est pas un nouveau service. Ni une nouvelle structure qui se surajouterait au maillage complexe de l’Aide à la jeunesse. Non, Le Caillebotis est l’appellation d’uneinitiative conjointe de trois services existants dans la région de Verviers.

Trois services dont les directions ont voulu trouver des solutions concrètes et innovantes à un problème de terrain : l’absence d’accueil d’urgence adapté pour desenfants en bas âge. Le Service d’aide et d’intervention éducative (SAIE) « Les Bruyères » à Lambermont1, le SAIE « Traitd’union »2, intégré au Home Saint-François de Baelen et le Service de placement familial (SPF) à court terme Interm’aide3 ont donc uni leurs forces.

Tout a commencé par une interpellation du conseiller de l’Aide à la jeunesse. Salvina Alba, directrice des Bruyères se souvient : « Des tout-petitsétaient placés en hôpital alors qu’ils n’avaient pas spécifiquement de problèmes médicaux. Ces enfants pouvaient être hospitalisés suite àdes faits de maltraitance. Mais ils restaient à l’hôpital, sans structure capable de les prendre en charge, car il n’y avait rien d’autre. Les centres d’accueil d’urgence sontsaturés. Nous nous sommes dit qu’il fallait inventer un nouveau mode de fonctionnement, le plus réactif possible. »

Le Caillebotis a obtenu une subvention au titre de projet expérimental. Des enfants de zéro à douze ans sont pris en charge dans de très brefs délais. Ce projetexiste depuis octobre 2010. Il a permis d’accompagner 25 enfants de l’arrondissement de Verviers et de Liège.

Un suivi sans coupure, sans liste d’attente

Sur demande des autorités mandantes, le service de placement familial organise l’arrivée de l’enfant dans une famille d’accueil pour une durée de quinze jours renouvelable unefois. Puis l’un des deux SAIE prend le relais pour une réintégration familiale. Ce travail dure un mois. Les prises en charge sont donc brèves et intenses. Pour Bernard Brach, ledirecteur du Home Saint-François, le projet est original à bien des égards : « Nous garantissons qu’un suivi sera organisé par un SAIE, sans coupure, sansliste d’attente. » Le fonctionnement en urgence implique de nouvelles façons de faire que détaille Salvina Alba : « Ce sont des situations lourdes quiarrivent. Il faut déblayer rapidement la situation et pointer le problème. » C’est ce qui fait dire à Bernard Brach que Le Caillebotis est un « outild’intervention et de diagnostic en situation de crise ». De plus, le fait de travailler avec un service de placement familial n’est pas dû au hasard. « Faire appelà des non-professionnels, c’est plus léger que d’envoyer un enfant en hébergement. On trouve dans la société civile une solution avant de sortir la grosseartillerie », confie Salvina Alba.

Le paradoxe, c’est que les autorités mandantes, qui ont elles-mêmes poussé à la création d’un projet de ce type, rechignent à faire appel au Caillebotis.C’est du moins ce qu’affirme notre trio verviétois. « Les mandants ont parfois peur d’une réintégration familiale rapide. Ils sont rassurés parl’hôpital », raconte Salvina Alba. Le Caillebotis est même souvent leur second choix. Séverine Lambet, directrice d’Interm’aide, en témoigne :« Nous sommes généralement sollicités pour les placements en famille d’accueil de trois mois renouvelables. Le nombre de places est limité. Nous rappelons alorsaux mandants l’existence du Caillebotis. » Des réticences que Bernard Brach explique par les « carcans » du projet : « Certains mandantsconsidèrent que la durée de prise en charge en SAIE devrait être allongée et que la limite d’âge devrait être assouplie. Ils demandent aussi que le travail duSAIE commence dès que le placement a débuté. Un dernier point qui a du sens. »

Il est toujours interpellant de constater que des projets comme Le Caillebotis visent à pallier la saturation extrême des services de l’Aide à la jeunesse. Toutefois, ces troisdirecteurs ne se contentent pas de constater les difficultés. Ils tentent de proposer des solutions ad hoc. Leur but est désormais « de pérenniser la pratique etd’ajouter ce type de prises en charge aux prises en charge classiques ».

1. Les Bruyères asbl :
– adresse : rue Belle Vue, 35 à 4800 Lambermont
– tél. : 087 317 904
– courriel : info@lesbruyeres-saie.be
– site : www.lesbruyeres-saie.be
2. Home Saint-François :
– adresse : allée Saint-François, 1 à 4837 Baelen
– tél. : 087 76 09 09
– courriel : hsf@belgacom.net
3. Interm’aide asbl :
– adresse : quai de la Vesdre, 9B à 4800 Verviers
– tél. : 087 22 84 19
– courriel : intermaide@skynet.be
– site : www.intermaide.be

Cédric Vallet

Cédric Vallet

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