Alter Échosr
Regard critique · Justice sociale

Santé

Le Cantou, une autre réponse pour les personnes désorientées

Pour les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer, chaque petite geste compte pour ne pas rompre complètement avec une vie qui s’effiloche. À Woluwe Saint-Pierre, la nouvelle aile «cantou» de la Résidence Roi Baudouin prône une vie communautaire.

Pour les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer, chaque petit geste compte pour ne pas rompre complètement avec une vie qui s’effiloche. À Woluwe-Saint-Pierre, la nouvelle aile «cantou» de la Résidence Roi Baudouin prône une vie communautaire.

Le vieillissement de la population et les conséquences qui en découlent font partie des réalités de notre société et sont de plus en plus présentes à l’esprit de ceux censés l’organiser au mieux. Les personnes âgées désorientées ne doivent pas être cantonnées dans des espaces réduits, fermés sur le monde, mais au contraire évoluer selon une liberté aménagée, sécurisée, offrant des activités ciblées. Les travaux d’agrandissement de la Résidence Roi Baudouin, à Woluwe-Saint-Pierre, ont débuté le 18 mars 2013 afin d’offrir une toute nouvelle aile répondant au principe «cantou» (Centre d’animation naturelle tirée d’occupations utiles et sécurisantes). Le docteur Adrienne Gommers y a été résidente. Elle a légué, après sa mort en 2007, un héritage important suivant un vœu qui lui était cher: améliorer le cadre de vie de ces personnes désorientées. Le bourgmestre de Woluwe-Saint-Pierre, Benoît Cerexhe, a soutenu le projet, et Anne-Marie Claeys-Matthys, présidente du CPAS, a été contactée. «Il s’agissait de construire une unité de court séjour. Le montant du legs n’étant pas suffisant pour prendre en charge cette construction, il y a eu un débat entre la commune et le CPAS pour conclure enfin qu’un besoin existait et que nous avions à cœur d’y répondre. Si nous n’avons pas pu anticiper l’ampleur du phénomène du vieillissement de la population, il faut à présent se confronter à la réalité et trouver des réponses, dans l’immédiat et dans le futur. Les personnes sont soignées correctement à la Résidence mais la valeur ajoutée de ces cantous est d’offrir un environnement adapté.»

Fragilité et convivialité

Les Cantous ont vu le jour pour la première fois en France en 1977. D’origine occitane, le mot signifie «coin du feu». Ils sont spécialisés dans l’accueil de patients atteints d’Alzheimer et privilégient une vie communautaire en petites unités où chacun essaye de participer aux gestes quotidiens. Déjà pratiqué en Flandre comme en Wallonie, le concept reste méconnu en Région bruxelloise. En Belgique, Mariemont Village a fait office de précurseur. «Nous sommes allés les visiter, il y a à peu près cinq ans et nous avons immédiatement été interpellés par leur manière de travailler qui permet une approche plus individuelle, même si les personnes vivent en collectivité, explique Murielle Carels, directrice de la Résidence Roi Baudouin. À l’époque, le terme cantou était protégé, ce qui m’a mise quelque peu mal à l’aise. Depuis, le terme n’est plus protégé.»

Le Cantou est organisé autour d’un îlot central où tout le monde se retrouve dans la journée. «L’idée est aussi de jouer sur les odeurs, un point très important chez les personnes désorientées, et notamment celles liées à une forme de réminiscence comme l’odeur du café. Il y aura par exemple un percolateur, les repas seront réchauffés au bain-marie pour dégager des parfums de cuisine.» Cette pièce sera aménagée façon à ce que les résidents désorientés, qui se déplacent beaucoup, pourront déambuler en toute sécurité mais en n’ayant pas conscience de rester dans le même lieu. Les chambres (15 par étage) borderont l’énorme et lumineuse pièce centrale, véritable lieu de vie commun durant la journée, de manière que les personnes ne soient isolées que pour dormir.

«On a la chance d’avoir des familles très présentes car leur investissement devra être différent dans cette unité. Comme les parents seront dans un lieu de vie commun, il faudra tenir compte de cette communauté. Partage et tolérance seront les maîtres mots: si j’amène un petit gâteau, j’en amène parfois pour les autres. Si je trouve un résident dans la chambre de mon papa, ce n’est pas dramatique car c’est peut-être lui qui, demain, se trompera de chambre…» Avec la maladie, c’est tout l’esprit d’une famille qui évolue…

Aller plus loin

Alter Échos n°387-388 du 08.09.2014 : Soutien des aînés à domicile, une priorité à financer

Alter Échos n° 384 du 16.06.2014 : Assurer le logement des aînés ne sera pas de tout repos

 

Gilda Benjamin

Pssstt, visiteur, visiteuse du site d'Alter Échos !

Nous sommes heureux que vous soyez si nombreux à nous suivre sur le web. Nous avons fait le choix de mettre en accès gratuit une grande partie de nos contenus, notamment ceux en lien avec le Covid-19, pour le partage, pour l'intérêt qu'ils représentent pour la collectivité, et pour répondre à notre mission d'éducation permanente. Mais produire une information critique de qualité a un coût. Soutenez-nous ! Abonnez-vous ! Et parlez-en autour de vous.
Profitez de notre offre découverte 19€ pour 3 mois (accès web aux contenus/archives en ligne + édition papier)