La manière actuelle dont fonctionne la procédure d’asile en Belgique a pour conséquence que le nombre de sans-papiers grandit de jour en jour. Si leur situation estaujourd’hui portée sur la place publique, peu de personnes connaissent encore ce qui se passe réellement dans les centres fermés (cf. article sur la campagne du Cirédans ce même numéro d’Alter Échos) sur notre territoire. Un groupe de citoyens liégeois tente pourtant, avec de petits moyens il est vrai, d’informer lapopulation.
Ainsi Alain Sienearts, Charles Sylvie, Vincent Geoffray, Jost Christophe ont créé deux collectifs : La Voie de la justice et Le Front commun.
La Voie de la justice est une association avec des valeurs chrétiennes qui se bat pour la fermeture des centres fermés. “Ce qui est rare, commente Alain Sienearts, c’estde croire et de pratiquer la même philosophie, nous sommes quatre personnes très unies qui revendiquent la même égalité pour tous. Nous ne nous revendiquonsd’aucun parti. Nous sommes chrétiens mais en dissonance avec l’Eglise. C’est aberrant de voir la réaction de certains prêtres envers les sans-papiers. La Voie dela justice a été créée pour mettre en pratique les valeurs chrétiennes qui sont le partage, l’aide aux personnes les plus fragiles…”
Sensibiliser
Pour rappel, il existe six centres fermés dont la capacité totale d’hébergement actuellement est de 628 places : le centre Inad (pour « inadmissibles »…),le centre de transit 127 et le centre de rapatriement 127bis, le centre pour illégaux de Bruges (CIB), le centre pour illégaux de Merksplas (CIM), le centre pour illégaux deVottem près de Liège. Au total, on peut estimer qu’environ 8.000 personnes sont détenues annuellement. Sur le terrain, ces quatre personnes consacrent leur temps à sebattre pour un respect des droits des sans-papiers. Ils ont nommé ces centres les « camps de la honte ».
“Un chiffre est révélateur, explique Alain Sienarts, 470 personnes y travaillent dont 300 agents de sécurité, soit 64 % du personnel, il n´existe aucuneliberté (…); La liberté de la presse y reste lettre morte (radios et télévisions sont coupées, les courriers et échanges sont lus ou écoutéspar le personnel) et le pouvoir judiciaire ne contrôle d’aucune manière si l’enfermement est nécessaire…”
La Voie de la justice aborde de manière pédagogique cette problématique : fabrication d’affiches, de tracts. Ils vont expliquer la réalité des centresfermés dans les écoles, dans des fêtes de quartiers ou braderies, photos à l’appui. Les images marquent plus les personnes, surtout les jeunes, car elles n’ont qu’uneidée approximative de ce qu’est un centre fermé. Pourtant malgré cette démarche pacifique, il existe des tensions. Ainsi, ce vendredi 12 mai, la police deLiège leur a demandé de quitter la brocante de Saint-Pholien dans le quartier Outremeuse où ils avaient placé et payé un stand avec des photos et affiches. Lasemaine précédente, la police avait déjà essayé de les chasser puis ‘était rétractée. Cette fois, le ton a monté et la police,énervée, a partiellement détruit les affiches avant de les expulser de la brocante.
Le Front commun
Malgré cela, et aussi « à cause de ce type de réaction violente et antidémocratique », ils continuent leur démarches. Mieux: actuellement, un autre collectif, LeFront Commun1, s´est créé il y a trois mois. Ce collectif, sans idéologie religieuse ni politique, voudrait réunir des individus et le milieu associatifpour regrouper les gens de manière plus efficace. Ils organisent des manifestations de soutien telles que celle du vendredi 10 mars, où une soixantaine de personnes sont venues soutenirla famille Isenaj devant le palais de justice de Liège.
Si à la première réunion, l’assemblée était encore clairsemée et quelque peu hésitante, le mouvement a aujourd’hui pris de l´ampleur.Chaque mois, de nouvelles personnes le rejoignent, en plus des 1.400 résidents de sept centres ouverts qu’ils accompagnent.
1. Front commun, GSM : 0496 05 94 31 – réunion au CAL, bd d’Avroy, 86 à 4000 Liège