Avec Les Confins, résistance au quotidien, le MOC de Bruxelles et ses organisations (Équipes populaires, Vie féminine, Ligue des travailleuses domestiques, Comité des travailleurs sans papiers, CSC, Mutualité chrétienne et JOC) partagent des récits de confinement de personnes marginalisées. Une mise en lumière – sur les réseaux sociaux – des réalités et inégalités sociales et structurelles exacerbées sous le confinement.
Si l’on nous parle d’unité nationale durant cette crise sanitaire, force est de constater que nous ne sommes pas tous dans le même bateau. Certaines personnes naviguent à vue durant cette crise et tentent de garder l’équilibre sur le fil précaire de leur existence. Comment prendre soin de soi, rester chez soi, quand on n’a pas de logement? Comment respecter la distanciation sociale et les mesures d’hygiène quand on vit nombreux dans un petit logement insalubre? Quand on continue à travailler sans matériel de protection?
C’est vers eux – travailleurs sans papiers, personnes mal logées ou sans-abri, jeunes précaires, intérimaires et «ubérisés», etc. – que le MOC de Bruxelles a décidé de tendre l’oreille. Chaque jour, les équipes des différentes organisations qui le composent passent des coups de fil pour prendre de leurs nouvelles. Ils retranscrivent ensuite leurs paroles et partagent ces carnets de bord du confinement, tout sauf confortables pour une grande partie de la population.
«On avait entamé avant cette crise une réflexion sur la précarisation grandissante du travail et de la vie à Bruxelles, constatant qu’il y avait une relégation de plus en plus de monde aux confins de la société, et même dans le monde du travail. On s’est donc interrogé sur nos pratiques et on s’est penché sur les enquêtes ouvrières. Si l’on veut donner du corps à des résistances collectives qui intègrent les publics à la marge, on doit pouvoir écouter ce public qu’on n’entend jamais et construire avec eux les ressorts de leur propre mobilisation», explique Thomas Englert, secrétaire fédéral du MOC de Bruxelles.
La démarche est multiple. Elle permet d’abord de garder un lien quotidien avec un public, dont une partie a d’ailleurs disparu depuis le confinement, de répondre à leurs besoins urgents. Elle fait aussi remonter des tréfonds des existences invisibilisées et propose un contrepoids nécessaire au récit politique uniforme et consensuel.
Les paroles rapportées nous éclairent sur les besoins humanitaires criants – problèmes de loyer, accès aux toilettes publiques, conditions de travail… – mais aussi sur les résistances et solidarités qui se mettent en place… «Ces zooms individuels font émerger une réalité sociale collective. Dans les actions de résistance et de subsistance du quotidien, racontées par chaque individu, surgit aussi une résistance collective qui nourrira nos revendications pour ‘l’après’», conclut Thomas Englert.
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