Institué par l’article 200 du Code wallon du logement, le Conseil supérieur du logement1 a trois missions : « Rendre un avis sur le rapport d’évaluation relatif auxrésultats de l’application du Code, rapport que le gouvernement est tenu de transmettre chaque année au Conseil régional wallon; évaluer l’état dumarché du logement, la qualité et la quantité de logements; élaborer des analyses prévisionnelles permettant d’anticiper les besoins en logement. » Rencontreavec sa présidente, Françoise Noël.
Alter Échos – Le CSL a remis un premier avis d’initiative sur l’application du Code du logement, sur la base du rapport de l’administration. Mais il a aussi remis un avisd’initiative.
Françoise Noël – Oui, nous sommes préoccupés par le fait que le logement est un domaine de recherche et d’enseignement peu financé et peu visible. On a doncvoulu réfléchir à une série de professions dont la fonction touche au logement et à l’habitat, alors que ces thèmes sont comme tels pratiquement absents deleur formation. Or c’est un domaine de la vie quotidienne important pour tous les gens, autour duquel il y a des enjeux très importants. Donc on se retrouve avec des professionnels pour qui lelogement est quelque chose qui va de soi : la norme est la personne propriétaire de sa villa à quatre façades dans une banlieue verte. Et jamais cette vision n’estquestionnée ou relativisée. Or si on la prend comme tel, elle est porteuse de sérieuses questions d’accès économique, d’aménagement du territoire, et dedéveloppement durable en général. Donc à travers des outils comme des fiches pédagogiques, il doit y avoir moyen de faire passer dans l’enseignement, à tousles niveaux, que les choses ne sont pas comme ça. Pour ce qui est du volet recherche, il est clair que l’immense majorité des travaux belges francophones naissent de la commandepolitique ou administrative. ça veut dire qu’il y a des pans entiers de recherche qui ne sont pas couverts : les rapports entre logement et santé mentale, les relations avecl’évolution des structures familiales, les rapports de genre, le logement dans les arbitrages de consommation, les parcours résidentiels, etc. Donc le Conseil demande un effort derecherche fondamentale sur le logement.
AE – C’est tout ce que le Conseil a produit jusqu’ici?
FN – Nous avons aussi travaillé, à la demande du ministre, pour le Conseil informel de Liège. Notre contribution n’est pas à proprement parler un avis : nous enavons profité pour nous rendre visible et pour mettre en avant nos préoccupations.
AE – Et vous êtes allés dans quel sens?
FN – Nous avons surtout mis l’accent sur le logement locatif privé. En effet, on doit faire face à un rétrécissement du parc, qui fait augmenter les prix, et donc lademande sociale. En fait, c’est la précarité socioéconomique croissante qui met le plus de pression sur le marché du logement et ce sont les loyers des mauvais logementsqui augmentent le plus vite. Face à cela, nous avons voulu mettre en avant qu’il faut réguler plus le locatif privé, et que l’État, puisqu’il ne pourra pas épongerla demande non solvable, doit miser sur le locatif privé et réorganiser les rapports entre locataires et propriétaires, en imaginant des structures d’échange et deconcertation.
AE – Et maintenant, qu’est-ce qui est à l’ordre du jour?
FN – On vient de recevoir le rapport 2000 sur l’application du Code du logement, sur lequel nous commençons à plancher. Nous avons aussi lancé une série de groupesde travail thématiques qui défrichent des enjeux à moyen terme, sans se focaliser sur l’actualité : le dernier envisage les missions du logement public.
AE – Donc le Conseil parvient à mobiliser les énergies qu’il rassemble?
FN – Il est certainement trop tôt pour faire un bilan, parce que les choses vont lentement. Mais il est clair qu’en un an et demi, il y a là un noyau actif qui en veut, et uneculture commune qui se crée. Or on vient de loin : on a vraiment autour de la table des gens d’origines très diverses, avec des intérêts très différents.C’est un secteur extrêmement cloisonné, où les gens n’ont pas d’habitude de se parler. En plus, il y a une implication de l’administration, qui a par exemple planché avecnous sur le problème du permis de location. Le Conseil a l’air de répondre à une attente qui existait là-bas.
AE – Pour en venir à l’actualité, comment le Conseil a-t-il réagi à la remarque du ministre Daerden, qui considère, à propos de vos avis surl’application du Code, que le gouvernement n’a pas à être évalué par le Conseil. Vous ne craignez pas une mise en cause de votre toute jeune légitimité?
FN – On a lu cette petite phrase, évidemment. Franchement, on ne comprend pas ce qu’il a comme intention. Donc notre réflexe a été de lui écrire pourl’inviter à rencontrer le Conseil et lui faire part de ses projets quant à lui.
1 Secrétariat du CSL, c/o Sébastien Fontaine, Division du Logement – DGATLP, rue des Brigades d’Irlande 1 à 5000 Namur, tél. 081 33 24 33, fax : 081 33 21 10.
Archives
"Le Conseil supérieur du logement wallon pourra-t-il aider au décloisonnement du secteur ?"
Baudouin Massart
05-11-2001
Alter Échos n° 108
Baudouin Massart
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