A Jodoigne, le Crabe asbl organise des formations en agriculture bio. Citadins en plein questionnement existentiel ou chômeurs en réinsertion socio-professionnelle s’y retrouventautour d’un même désir de renouer avec la terre.
Brabant wallon ne rime pas qu’avec navetteurs en BMW et villas avec piscine… Dans les zones rurales à l’est et à l’ouest de la province, la réalitédiffère quelque peu : problème de mobilité, activité économique au ralenti, taux de chômage élevé… « On est loin de l’image duBrabant wallon avec ses axes routiers bien définis et ses zonings florissants », comment Ho Chul Chantraine, responsable du projet de coopérative Agricovert au Crabe(Coopération, recherche et animation du Brabant wallon de l’Est) 1. Cette asbl est née en 1976 de la volonté d’une série d’acteurs impliqués dansla vie associative locale. De l’exposition d’artistes locaux au développement d’un réseau de covoiturage, en passant par les cours de remise à niveau en informatique ou lacréation d’une coopérative agricole, l’asbl mène ses projets sur des fronts variés.
Apprendre la Terre
Le Crabe propose aussi des formations aux métiers de la terre. Les formations « ouvriers de la nature » et « maraîchage bio » s’adressentprincipalement à un public peu qualifié. Plus poussée, la formation professionnelle en agriculture biologique se destine davantage à des stagiaires qui ontdéjà un projet concret d’installation comme producteur. Elle attire aussi de nombreux travailleurs sociaux qui veulent ajouter une corde verte à leur arc. Jardins solidaires,fermes pédagogiques, ateliers potager dans les prisons, cours de cuisine bio dans les CPAS… Les projets socio-écolos ont le vent en poupe. « Peu de gens ont ce doubleprofil social et environnemental. Les stagiaires qui sortent de la formation trouvent toujours un emploi », se réjouit Roll Grenier, responsable de la formation professionnelle.
Les formations sont aussi l’occasion d’une réflexion plus globale sur nos relations avec Dame Nature. « On aborde des thèmes comme le respect et la qualité devie », commente Ho Chul Chantraine. « L’agriculture bio, c’est bien plus qu’une simple technologie. C’est d’abord un mode de vie, une remise en cause des valeurs de notresociété », renchérit Roll Grenier.
Gagner son pain
Ce matin au Crabe, les stagiaires de la formation en maraîchage biologique révisent en vue des examens. L’un d’eux répond à nos questions. Il y a un an, ce demandeurd’emploi, qui a longtemps cumulé les petits boulots en usine, n’imaginait pas devenir paysan. Et voilà que dans deux semaines il s’apprête à lancer son affaire.« C’est un métier varié qui change au fil des saisons. C’est autre chose que de poser des marchandises sur un tapis roulant toute la journée »,s’enthousiasme-t-il. En visitant une ferme d’Hélécine lors de la formation, il a rencontré une agricultrice prête à lui louer une terre. Un véritable coup dechance !
« L’accès à la terre est un gros problème pour les jeunes qui veulent se lancer. Dans le Brabant wallon, il faut compter 3 000 euros environ pour acheter unhectare. En théorie, le bail à ferme offre une certaine sécurité aux producteurs mais, dans la pratique, les terres se louent à l’année. Impossible dans cesconditions de construire un projet sur le long terme », déplore Roll Grenier.
Le Crabe lance Agricovert
Le Crabe développe un projet de coopérative à finalité sociale. Agricovert doit apporter un soutien logistique et administratif aux stagiaires ou, plusgénéralement, aux agriculteurs qui veulent se lancer dans le bio. « Notre rêve, à terme, serait aussi de fournir des contrats de travail durables auxtravailleurs saisonniers qui ne veulent pas se lancer comme indépendants dans ce secteur », commente le responsable, Ho Chul Chantraine.
1. Crabe :
– adresse : rue Sergent Sortet, 23 à 1370 Jodoigne
– tél. : 010 81 40 50
– courriel : info@crabe.be
– site : www.crabe.be