Moins d’arbitraire d’un centre à l’autre, plus d’autonomie pour les jeunes et davantage de supervision des inspecteurs pédagogiques, c’est ce que réclame Bruno Vanobbergenpour les centres fermés pour mineurs délinquants. Il a rédigé un rapport, intitulé « Binnen(ste) Buiten » sur le sujet.
Pour Bruno Vanobbergen, c’est un dossier important en raison de l’augmentation rapide du nombre de places et de la « tendance générale à privilégier larépression ». En moins de dix ans, « on est passé de 100 places à 450 dans l’ensemble du pays ». Le centre d’Everberg devrait passerbientôt de 48 à 126 places, note-t-il, et cela ne pourra se faire que dans le respect des règles internationales. Il ajoute : « Pas comme au centre fermé deTongres – une ancienne prison reconvertie dare-dare en institution d’accueil pour jeunes et où l’infrastructure reste largement inadaptée. Dès lors, à Tongres, lesjeunes restent la plupart du temps dans leurs cellules et la vie communautaire est réduite au minimum. Le seul espace de délassement est une petite cour qu’ils ont baptisée« la cage aux lions » et un minuscule espace fitness. » Il y a bien un espace extérieur plus vaste, mais lors de la visite du déléguéflamand aux droits de l’Enfant, celui-ci était fermé pour cause de sécurité suite à une évasion.
Pour Bruno Vanobbergen, même si ces jeunes ont commis des délits, il ne peut être question de les traiter comme des délinquants adultes. L’isolement des mineurs, comme ilse pratique dans l’unité de traitement des récidivistes à Mol, n’est pas admis par les instances internationales – notamment le Comité pour la prévention dela torture – insiste-t-il. Car cela leur ferme l’accès à tout ce qui pourrait les aider à se réinsérer ; des possibilités auxquelles ils ontlégalement droit dès leur premier jour de détention : recevoir un enseignement ou des visites, par exemple. Au-delà des problèmes spécifiques àTongres, Bruno Van Obbergen et son assistante Leen Ackaert soulignent que l’arbitraire règne au sein des centres fermés : les droits des jeunes diffèrent par exemple largementd’un centre à l’autre. Dans un centre, ils auront droit à trois visites par semaine, dans l’autre seulement à une.
Le délégué a donc rédigé un rapport sur la question. Dont les conclusions ne sont pas toujours en opposition avec ce que pensent les directions des institutionsconcernées, d’ailleurs. Tous réclament une commission extérieure de contrôle qui évaluerait chaque semaine tous les centres fermés. Aux Pays-Bas, cela existe.Pour les prisons pour adultes, cela existe aussi, et le centre de Tongres, récemment converti, en bénéficie encore. Mais pour les centres gérés par lesCommunautés, il n’y a rien et, à Everberg, il n’y a jamais eu, selon le délégué, qu’un seul contrôle effectué.
Et l’inspection pédagogique ?
Les services de l’inspection pédagogique devraient également avoir leur mot à dire, estime-t-il. L’enseignement se fait ici dans des conditions particulièrementdifficiles – « Chaque premier jour du mois est un 1er septembre ici », leur confiait un directeur de centre. Les inspecteurs pédagogiques devraientnotamment vérifier que les formations données ne soient pas exagérément stéréotypées : le plus souvent c’est « mode » pour les filles et« enseignement professionnel » pour les garçons.
D’une manière générale, les jeunes devraient être encouragés à une plus grande autonomie. Tous contribuent déjà partout aux tâchesménagères, mais on pourrait aussi les pousser à cuisiner eux-mêmes. Cela se pratique déjà dans certains groupes et lorsque l’on demande aux jeunesconcernés ce qu’ils préfèrent dans la vie du centre, ils disent spontanément : cuisiner. Lorsque l’on interroge les jeunes eux-mêmes, ils émettent souvent desdemandes assez raisonnables, du reste. Leen Ackaert : « Ils veulent pouvoir éteindre la lumière eux-mêmes. Ils veulent aussi obtenir le droit d’avoir une radio et unréveil dans leur chambre et ils ne comprennent pas pourquoi il est interdit de mettre des posters au mur. » Ils trouvent aussi pénible de devoir à chaque fois demanderla permission au juge de la jeunesse pour avoir la visite de leur petite amie (ou petit ami), alors que celle-ci est le plus souvent un facteur d’équilibre pour eux. Enfin, conclut BrunoVanobbergen, les jeunes présentant des troubles psychiques ou des toxicomanies lourdes devraient pouvoir être accueillis dans des institutions spécialisées.
D’après De Morgen et De Standaard