Alter Échosr
Regard critique · Justice sociale

Archives

Le Forem : entre accompagnement des chômeurs et plan Marshall

Plan Marshall, rapport d’activités 2004 et bilan d’une année d’accompagnement des chômeurs, autant de raisons pour le Forem1, d’effectuer, début septembre,une rentrée médiatique en compagnie de ses deux ministres de tutelle, Marie Arena (PS) pour la Formation et Jean-Claude Marcourt (PS) pour l’Économie et l’Emploi.

13-09-2005 Alter Échos n° 193

Plan Marshall, rapport d’activités 2004 et bilan d’une année d’accompagnement des chômeurs, autant de raisons pour le Forem1, d’effectuer, début septembre,une rentrée médiatique en compagnie de ses deux ministres de tutelle, Marie Arena (PS) pour la Formation et Jean-Claude Marcourt (PS) pour l’Économie et l’Emploi.

En termes d’accompagnement, on précisera d’abord que le nombre de personnes concernées par le Plan d’accompagnement du Forem dépasse celui des personnes contactées parl’Onem. En effet, le Forem propose un accompagnement dès le 7e mois d’inoccupation pour les plus de 25 ans, dès le 4e mois pour les moins de 25 ans (alors que lesconvocations de l’Onem ne sont adressée pour les mêmes groupes qu’après, respectivement, 21 et 15 mois). Selon une enquête réalisée par Survey&Action pourle Forem, 90 % des jeunes demandeurs d’emploi estiment que « le Plan d’accompagnement est une bonne chose ». On peut penser que, s’ils avaient été interrogés depuisl’Onem, l’enthousiasme des usagers aurait vraisemblablement été plus nuancé2.

Accrocher les moins qualifiés

Durant les six premiers mois du dispositif (du 1er juillet au 31 décembre 2004), le Forem a proposé son module d’accompagnement de base à 35.896 personnes. Cemodule consiste en une séance d’information collective et un entretien individuel visant à établir un bilan global de ce que la personne a vécu et a entrepris. Pour cettepériode, 59 % des personnes invitées y ont participé. Un taux qui est passé à 66 % pour les six mois suivants (34.209 personnes sur 52.020). Des chiffres enaugmentation, donc, mais qu’il s’agit surtout de ventiler en fonction du niveau de diplôme. Si les personnes très qualifiées ont peu participé à ces modules –sans doute en ont-elles moins besoin que les autres –, c’est surtout la faible participation des personnes peu qualifiées qui inquiète. Les diplômés du primaire et dusecondaire inférieur participent en effet moins que ceux du secondaire supérieur. Basilio Napoli, directeur de Forem Conseil, reconnaît le besoin d’augmenter ce taux : le Foremtravaille d’ailleurs actuellement sur des pistes de soutien et d’accrochage de ces publics spécifiques.

En termes de résultats, la période d’expérimentation est évidemment trop brève pour tirer des conclusions générales. Basilio Napoli sefélicite cependant de ce que, sur une période de six mois, plus de 30 % des demandeurs d’emploi ciblés par l’Onem aient été en contact avec le marché del’emploi – fût-ce pour un laps de temps très court.

Un deuxième appel d’offres

Le Plan d’accompagnement prévoit également la prise en charge de publics plus hétérogènes. Pour ce faire, en plus des actions développées eninterne, Forem Conseil a souhaité nouer de nouvelles synergies avec le secteur de l’insertion socio-professionnelle. C’est ainsi qu’un appel à projets a été lancéfin 2004. Ouvert à tout organisme actif dans le domaine de la formation ou de l’insertion, il a permis l’organisation de 236 « actions » dans un des quatre axesprédéfinis : orientation, recherche d’emploi, formation générale et formation technique. Son objectif était bien d’augmenter l’offre de formation, maiségalement de la diversifier géographiquement et temporellement.

Grande première : parmi les 119 opérateurs retenus, 9 % appartenaient au secteur privé marchand (le reste étant partagé entre le non-marchand – 70 %– et le public – 70 %). Au Forem, on se réjouit du fait que cet appel d’offres ait permis de nouer de nouveaux contacts dans le secteur et d’offrir des formations comprises entre25 et 280 heures à près de 4.300 personnes. Si ce chiffre est nettement en dessous du nombre de places ouvertes (7.945), c’est que les délais d’inscription et de mise en placedes formations étaient particulièrement brefs (toutes devaient s’organiser au cours du premier semestre 2005) et que le public ciblé était restreint : il fallait auminimum 80 % de personnes concernées par le Plan d’accompagnement (soit des jeunes de moins de 30 ans, chômeurs complets depuis 15 ou 21 mois). Si le taux de participation n’a pas permisd’épuiser toutes les places disponibles, le taux d’abandon en cours de formation était, lui aussi, particulièrement bas.

Par ailleurs, les difficultés de délais et de public ne devraient pas peser sur le deuxième appel à projets, actuellement en voie de clôture. Celui-ci portera surl’ensemble de l’année 2006, et donc sur un public élargi – à mesure que le Plan d’accompagnement s’étend lui-même aux chômeurs plus âgés. Ilsera resserré autour de trois axes (orientation ; recherche d’emploi ; préqualification) et intégrera plus de stages en entreprises.

Pour ces formations, comme pour l’ensemble des dispositifs d’accompagnement du Forem, le défi qui s’annonce est celui des spécificités du public concerné par lanouvelle tranche du Plan d’accompagnement, les 30-40 ans, qui ont, pour certains, une histoire beaucoup plus longue d’éloignement du marché de l’emploi.

1. Forem, boulevard Tirou, 104 à 6000 Charleroi – tél. : 071 20 61 11. Le rapport d’activités complet esttéléchargeable sur le site

2. L’Onem vient d’ailleurs de sortir ses propres chiffres en matière de Plan d’accompagnement. Jusqu’à présent, 29 % des chômeurs accompagnés voient leurs effortsjugés insuffisants à l’issue du premier entretien. Parmi ceux-ci, la même proportion voit ses efforts jugés insuffisants à l’issue du second entretien – et estdonc suspendue pour une période limitée ou à titre définitif.

Edgar Szoc

Pssstt, visiteur, visiteuse du site d'Alter Échos !

Nous sommes heureux que vous soyez si nombreux à nous suivre sur le web. Nous avons fait le choix de mettre en accès gratuit une grande partie de nos contenus, notamment ceux en lien avec le Covid-19, pour le partage, pour l'intérêt qu'ils représentent pour la collectivité, et pour répondre à notre mission d'éducation permanente. Mais produire une information critique de qualité a un coût. Soutenez-nous ! Abonnez-vous ! Et parlez-en autour de vous.
Profitez de notre offre découverte 19€ pour 3 mois (accès web aux contenus/archives en ligne + édition papier)