Lancée en mars dernier par la Région wallonne, l’opération «Les métiers vont à l’école» prend son envol dans la province de Hainaut et s’étendra à terme à toute la Wallonie. Via des ateliers interactifs, cette campagne veut informer les élèves du secondaire sur les métiers d’avenir et les réalités du marché de l’emploi.
Électricien, menuisier de chantier, styliste, médecin, informaticien… Ces «métiers d’avenir» recensés par le Service public de l’emploi et de la formation en Wallonie (Forem) sont présentés aux élèves de 4e, 5e et 6e année de l’enseignement secondaire général, technique et professionnel par des conseillers qui animent des ateliers dans les écoles. Les séances d’information, qui durent un peu plus d’une heure et demie, réunissent généralement des groupes d’environ 25 élèves et prennent la forme de questionnaires, de présentations ou encore de débats. Afin de préparer les élèves, il leur est aussi demandé de réfléchir par eux-mêmes à leur avenir, une démarche baptisée «phase d’introspection». Si un élève évoque le souhait d’être infirmier, les conseillers vont développer les multiples possibilités de cette fonction.
«Les choix des jeunes durant et après leur scolarité sont fréquemment influencés par une représentation erronée des métiers. Cette méconnaissance des métiers rend l’entrée des jeunes sur le marché du travail plus difficile et entraîne pour eux le risque de connaître une période de chômage à la sortie de l’école», annonce le Forem. Partant de ce constat, le service d’aide à l’emploi a chargé le Carrefour emploi formation et orientation (CEFO) d’«aider les jeunes à s’orienter en connaissance de cause» en les informant sur le large panel de métiers existants, dont beaucoup sont méconnus, mais aussi sur les réalités et les évolutions du marché de l’emploi.
Quel métier?
Les conseillers tentent dans un premier temps de mieux cerner les personnalités des jeunes et d’identifier leurs potentiels à travers un questionnaire qui interroge leurs traits de caractère, leurs aptitudes, leurs centres d’intérêt et leurs envies. Les résultats du quiz «indiquent un type de profil professionnel aux jeunes», explique Rebecca Fievez, conseillère du CEFO qui anime des séances d’information. «On les rassemble ensuite en sous-groupes dans lesquels ils établissent des points communs entre eux et on leur présente leur profil professionnel ainsi que tous les métiers qui s’y réfèrent.» Les jeunes ne se retrouvent pas toujours dans les résultats du test mais «cela leur permet justement de découvrir des métiers auxquels ils n’auraient pas pensé avant», souligne la conseillère. «On essaie de cibler leurs envies tout en élargissant le champ des possibles», résume Rebecca Fievez. Autrement dit, si un élève évoque le souhait d’être infirmier, les conseillers vont développer les multiples possibilités de cette fonction. «Les infirmiers ne travaillent pas que dans les hôpitaux, il existe aussi, par exemple, des infirmiers de liaison qui mettent en relation le patient avec les différentes structures de soin», indique-t-elle.
«2.823 élèves du Hainaut ont déjà été informés dans le cadre du projet», Charlotte Thomas, Forem.
Dans un second temps, les animateurs analysent avec eux la situation de l’offre et de la demande d’emplois. Pour cette présentation, ils se basent sur une liste dressée par le service d’Analyse du marché et de la formation du Forem (AMEF) présentant les métiers porteurs pour la Wallonie d’ici les cinq prochaines années. Cette analyse, réalisée avec l’aide de 300 experts wallons, détaille les différentes évolutions sectorielles et les effets prévisibles de ces évolutions sur l’emploi. «Nous insistons sur ces métiers qui tiennent compte de l’évolution de la société et ne mettons spécifiquement pas l’accent sur les métiers en pénurie car ceux-ci évoluent chaque année et cela n’aurait pas de sens de leur parler de métiers qu’ils ne pratiqueront pas demain», analyse l’animatrice.
Vers un choix raisonné
Parmi ces métiers d’avenir, on retrouve certaines professions techniques ou manuelles. Les conseillers tentent dès lors de briser les stéréotypes sur ces professions en les revalorisant. «Parfois, les élèves rigolent quand on évoque les métiers d’électricien ou de plombier», relate Rebecca Fievez. «On leur explique alors que ces métiers demandent aussi des connaissances scientifiques pointues ou que les salaires sont plus élevés que ce qu’ils peuvent penser.» Mais ces professions techniques ou manuelles ne constituent qu’une partie des métiers d’avenir. La santé, la technologie, l’énergie ou encore l’environnement sont également des secteurs d’avenir mis en avant lors de l’opération.
Les conseillers adaptent le contenu de leurs ateliers pour les élèves de l’enseignement technique ou professionnel, notamment en s’informant préalablement sur la filière concernée afin de présenter les différents débouchés liés à la spécialisation. Ces courtes séances servent de point de départ à un processus de réflexion plus long. Pour continuer à s’informer sur les métiers après l’action, les animateurs renvoient les élèves vers des sites internet d’informations générales, des sites d’aide à la recherche d’emploi ou encore des sites utiles pour les étudiants. Ils restent par ailleurs à la disposition des jeunes pour répondre à leurs éventuelles questions.
Jusqu’à présent, les conseillers du CEFO se sont rendus dans 25 villes de la province de Hainaut, dont Charleroi, Mons, Tournai ou encore La Louvière. Depuis la première séance d’information qui s’est tenue il y a six mois, «2.823 élèves du Hainaut ont déjà été informés dans le cadre du projet», affirme Charlotte Thomas, responsable presse au Forem. Les rendez-vous déjà fixés avec les écoles permettent d’affirmer que près de 10.000 élèves auront bénéficié de conseils professionnels d’ici à fin décembre 2016. Mais l’étendue du projet aux autres villes wallonnes, prévue dès 2017, permettra à un nombre plus important d’élèves d’effectuer un choix raisonné en ce qui concerne leur avenir professionnel.