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Regard critique · Justice sociale

Le Gabs face aux marchands de sommeil à Sambreville

Le Gabs a organisé une journée sur le thème des logements exigus et la problématique des marchands. Retour sur l’événement et reportage (vidéo)à Sambreville.

03-04-2011 Alter Échos n° 313

Le 17 mars 2011, le Gabs (Groupe d’animation Basse Sambre)1 organisait une journée sur le thème « Petits espaces locatifs, meublés, « kots »… ou des logementsrespectueux de la dignité humaine ». Alter Echos revient sur l’événement et vous offre un reportage vidéo à découvrir sur notresite2.

Depuis dix ans, le Gabs, organisme d’éducation permanente actif dans différents domaines, s’intéresse à la problématique du logement. Aujourd’hui, il estagréé comme association de promotion de logement (APL). Il y a trois ans, il ouvrait « La Ruche », un lieu d’animations dans un immeuble de kots en face de la garede Tamines, où il tient sa permanence logement, en plus d’un bar à soupe, d’une école de devoirs… « Nos animateurs sur place sont souvent confrontés àdes situations difficiles de gens vivant sur place (assuétudes, santé mentale…), mais aussi à des problèmes de logement », explique Claudio Pescarollo,directeur du Gabs. A partir de là, on a fait un cadastre et identifié 400 logements dans le centre de Tamines qu’on appelle « kots ». En principe, les kots, c’est pour lesétudiants, mais dans les faits, ce sont des gens qui vivent à demeure dans de petits logements inconfortables. » Et de préciser : « Il y a trèspeu d’immeubles qui concentrent beaucoup de petits logements. Quelques rues sont touchées. Mais dans ces logements, l’isolation est très mauvaise, ce qui entraîne unesurconsommation d’énergie. Les gens qui les occupent ont de petits revenus et paient des loyers élevés et des charges élevées (en moyenne, entre 300 et 450 eurospour le tout). »

Du questionnement… au colloque

Sambreville (qui regroupe Arsimont, Auvelais, Falisolle, Keumiée, Moignelée, Tamines et Velaine) est la deuxième commune en importance de la province de Namur. Le Gabs s’estdonc demandé si cette réalité locale était unique… En fait, elle est semblable dans de nombreux endroits de Wallonie. D’où l’idée d’organiser un colloquesur le thème « Petits espaces locatifs, meublés, « kots »… ou des logements respectueux de la dignité humaine ». Ce fut l’occasion d’échanger entreprofessionnels (CPAS, conseillers logement) sur la thématique de la mise sur le marché de logements exigus et/ou insalubres aux loyers exorbitants, des propriétaires marchands desommeil et d’une politique inadaptée en matière de lutte contre l’insalubrité. Deux cents personnes étaient présentes. Pour Olivier Van Hamme, responsablepédagogique au Gabs, « le but n’était pas de stigmatiser les propriétaires. Il ne suffit pas de fermer les « kots ». Les intervenants ont reconnu qu’il y avait des tortsde part et d’autre, ou encore que ce n’était pas l’entière responsabilité de la commune. »

La crise du logement n’offre guère d’alternative aux plus précaires. A propos des « kots », le CPAS livre une enquête et conclut :« Conséquence de l’éclatement des couples et des familles pour des motifs variés mais toujours au moins celui du manque économique : chacun « doit tirer sonplan »… d’où le succès de ce type de logement malgré les problèmes de qualité présents. Le CPAS se retrouve souvent allié objectif depropriétaires qu’il ne voudrait pas publiciter… » Entre laisser les gens à la rue et proposer le logement d’un marchand de sommeil, le choix est cornélien.

Sambreville manquerait-elle de logements dignes et accessibles ? Sambreville compte pourtant 10 % de logements sociaux, ce qui n’est pas le cas des communes avoisinantes. Selon ClaudioPescarollo, « au niveau local, il y a une volonté de dire « on a assez donné ». La commune veut plutôt mettre l’accent sur le logement moyen. Pourtant, on dénombre70 à 100 SDF qu’on ne voit pas dans les rues. Ils se logent chez un copain, dans un logement de dépannage… La politique locale est plutôt de renvoyer les SDF vers Charleroi etNamur. » Dans le même temps, il reconnaît qu’il y a « un début de collaboration avec tous les acteurs du logement à l’initiative de la commune. Il y adonc de l’espoir. »

« Le colloque a été l’occasion de se nourrir de nouvelles pistes, d’activer et de mettre en lien les gens, observe Marie-Laure Thiry, responsable du secteurcitoyenneté au Gabs et cheville ouvrière du colloque. Avec la commune, il y a quand même une volonté de chercher des solutions, de corriger le tir. Son but n’est pas defermer les logements insalubres et puis « basta ». La conseillère logement rencontre aussi des propriétaires qui souhaitent être aidés pour mettre les logements auxnormes. »

Si l’équipe du Gabs garde une approche nuancée de la problématique, il n’est pas question de fermer les yeux sur des « propriétaires violents, qui exercentchantage et pressions vis-à-vis de leurs locataires. »

1. Gabs :
– adresse : rue des Glaces Nationales, 142 à 5060 Auvelais
– tél. : 071 78 42 71
– site : www.gabs.be
2. https://www.alterechos.be/index.php?p=video&l=1&c=a&d=l&d_id=4

Baudouin Massart

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