Voici un peu plus d’un an, à la suite du colloque « Le CPAS en questions » organisé par le Collectif Solidarité contre l’exclusion, un groupe de travailleurs sociauxde différents CPAS bruxellois se sont rencontrés régulièrement afin d’entamer une démarche de réflexion. Au centre des débats : les questionssuscitées par leur expérience professionnelle. La volonté de ce groupe est de rester autonome avec pour seul cadre de référence la spécificitéprofessionnelle de travailleurs sociaux. Ils ont ainsi établi un document envoyé à tous les conseillers et présidents des CPAS des 19 communes bruxelloises1, reprenant demanière détaillée le contenu de ce que devrait être la fonction de l’assistant social dans un CPAS. « Un contenu qu’il est temps de rappeler, tant notretâche s’apparente souvent à celle d’un Mister Cash du social », dénonce une assistante sociale du groupe qui n’a pas désirée êtrenommée.
Pour rappel, la loi organique des CPAS stipule en son article 47, §1er que « le travailleur social a pour mission (…) d’aider les personnes à surmonter ou àaméliorer les situations critiques dans lesquelles elles se trouvent. À cette fin, il procède, notamment, aux enquêtes préparatoires aux décisions àprendre, fournit la documentation et les conseils et assure la guidance sociale des intéressés ».
Impossible de remplir nos missions!
« Au cours de réunions d’assistants sociaux de plusieurs CPAS bruxellois, nous avons dû dresser le constat suivant : dans la majorité d’entre eux, nous ne pouvonsremplir correctement ces missions définies par la loi, ni donc assurer un travail social de qualité », dénonce le groupe. Les causes en sont multiples et nous les avons souventévoquées dans Alter Échos; rappelons juste ici qu’il n’est pas rare qu’un assistant social doive traiter plus de 200 dossiers à la fois, allant danscertains cas jusqu’à 300. « À ce stade-là, on ne peut plus parler de travail social, c’est l’abattoir, le travail à la chaîne, s’indigne notreassistante sociale. Le nombre maximum recommandé est en principe de 70 dossiers, dans peu de CPAS bruxellois ce nombre est respecté!… » Autre point mis en exergue : les conditionsd’accueil des usagers : locaux sales, peu conviviaux, manque de confidentialité. « Ces conditions d’accueil déplorables ont également étédénoncées et sont connues; ce qu’on ne connaît pas suffisamment, c’est les répercussions que de telles conditions d’accueil entraînent dans notretravail quotidien et donc sur les usagers aussi… » Et notre interlocutrice de pointer encore le nombre important de personnes en congé de maladie chez les AS bruxellois, les contratsprécaires qui provoquent un turn-over important dans les services sociaux, etc.
Peu de réponses…
On le comprend, le groupe de réflexion tire la sonnette d’alarme, mais ne se contente pas de critiquer, il amène également des propositions, ce qui est d’ailleursl’objet du document envoyé aux élus CPAS. Réparti en deux chapitres : tâches et conditions de travail, le document aborde successivement l’accueil,l’enquête sociale, la visite à domicile, le rapport social, le diagnostic et la guidance sociale, l’action collective, la charge de travail, le type de travail,l’éventail des missions, la formation, les conditions statutaires, les conditions psychologiques et les conditions matérielles. En guise de préambule : « Nousconsidérons que les missions confiées aux AS des CPAS sont réalisables à condition que tous les acteurs concernés en aient la volontý et que les moyensnécessaires soient accordés. L’organisation d’un CPAS devrait être basée sur l’analyse produite par le service social. Par les constatationseffectuées sur le terrain communal et par l’observation des besoins des usagers, les travailleurs sociaux peuvent contribuer à définir la politique du CPAS et àélaborer une stratégie contre la pauvreté. »
Jusqu’à présent seule la coordination des conseillers CPAS Écolos a répondu au document, ainsi qu’Yvan Mayeur, président PS du CPAS de Bruxelles-Ville.Le groupe des AS bruxellois ne désespère pas de recevoir d’autres réponses; en attendant, ils souhaitent faire le tour des écoles sociales afin de rencontrer lesétudiants de 3e année auprès desquels l’image d’AS en CPAS semble bien ternie. « Nous voulons les convaincre que malgré toutes les difficultés auxquellesnous sommes confrontés, cela vaut encore la peine de s’investir dans la fonction d’AS de CPAS. Mais il est vrai que notre métier a besoin d’urgence d’êtrerevalorisé », reconnaît notre assistante sociale.
1 Le groupe de réflexion de travailleurs sociaux des 19 CPAS de Bruxelles est joignable par mail : as_19_mw@hotmail.com et également par téléphone : Catherine Dijon (02534 78 17), Brigitte Gervais, (015 33 14 10). Le document est disponible sur simple demande.
Archives
"Le groupe de réflexion des travailleurs sociaux des 19 CPAS bruxellois tire la sonnette d'alarme"
catherinem
18-06-2001
Alter Échos n° 100
catherinem
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