Créée en juin 2006, la section belge de Ni Putes Ni Soumises vient de poser son premier acte militant. Ses objectifs : propager le message du « vivre ensemble », briserles lois du silence et les logiques de repli sur soi.
Fort de 84 pages pour 60 grammes, le « Guide du respect », premier bébé de la section belge de Ni Putes Ni Soumises1 est né à la veilled’un jour symbolique : celui d’une marche silencieuse dédiée à Sadia, victime d’un crime d’honneur, assassinée par son propre frère parcequ’elle voulait aimer librement. « Violence », « Sexualité » et « Traditions qui enferment », pas de doute, les trois grands thèmes du livrecollent à l’actualité. Mais il a aussi pour ambition de dépasser ce cadre factuel pour devenir un véritable outil de prévention auprès des jeunes : leguide sera donc distribué gratuitement aux chefs d’établissements des écoles secondaires de la Communauté française, dans les associations, les centres PMS etles maisons de quartier.
Défendre la laïcité et la mixité
Avec des mots simples et efficaces, le guide fait le tour des situations jugées problématiques – relations amoureuses, homosexualité, mariage forcé, polygamie,excision, violences psychologiques, racket, discrimination, viol, etc.- et confronte les témoignages, les idées reçues à la réalité et aux aspects juridiquesdes questions. Il s’adresse à un public qui serait, à en croire les membres de NPNS, moins sensibles aux actions des associations qui œuvrent déjà sur leterrain pour lutter contre la violence, la discrimination ou l’enferment dans des logiques communautaires. « C’est vrai que le tissu associatif est dense en Belgique, et nous necherchons pas à nous substituer aux associations qui existent déjà. Mais les personnes concernées, je pense aux jeunes ou aux femmes qui vivent cloîtrées,n’ont pas accès facilement aux informations qui leur sont destinées. En outre, on ne dénonce pas seulement les violences, nous cherchons aussi à démonter leslogiques, les systèmes en amont de ces violences, à les analyser et les combattre », plaide Delphine Szwarcburt, vice-présidente de NPNS Belgique pour expliquer lacréation d’une antenne belge d’un mouvement né dans les banlieues françaises.
« Ne rien dire ne supprime pas les problèmes : nous n’avons pas de ‘banlieues’ mais nous avons des quartiers difficiles où les questions qui se posent sontidentiques à celles rencontrées en France : les mariages forcés, les violences verbales ou physiques à l’égard des filles… ». Et laprésidente, Fatoumata Sidibé de rappeler qu’il y des quartiers, en Belgique, « où les filles n’osent plus porter de jupes, car c’est synonyme de « putes ».On vit une véritable régression. La mixité est en train de disparaître des quartiers et nous voulons avoir un discours fort, sans ambiguïté face à cettedégradation des rapports humains. Le féminisme est en train de s’endormir, NPNS veut lui donner un nouveau souffle. »
Mot d’ordre : « Défendre la laïcité et la mixité ! »
Pour appuyer son argumentation, l’association se base aussi sur une enquête demandée par la Communauté française et menée par l’UCL2, estimantque près d’un jeune sur quatre est concerné de près ou de loin par le phénomène des mariages forcés.
Édité à 30 000 exemplaires sur le modèle de l’édition française, le Guide du respect pourra s’accompagner d’un guidepédagogique destiné aux professeurs qui en font la demande. « Nous avons procédé par essai, testant parmi les différentes manières de faire passer unmessage, lesquelles seraient les plus susceptibles d’accrocher les jeunes, de les faire réfléchir et se poser des questions, plaide Delphine Szwarcburt. Maintenant, nous allonsdevoir assumer ce guide, former des animateurs et répondre aux demandes des écoles. Ce qui est un lourd défi car nous sommes bénévoles. »
1. Le guide a été publié avec le soutien, notamment de la Communauté française, la Cocof et le ministère de la Santé, de l’Action sociale etde l’Égalité des chances de la Région wallonne. Il sera également vendu en librairie à partir du 1er janvier au prix de 1 euro.
Pour en savoir plus : www.niputesnisoumises.be
2. Enquête menée auprès de 1200 élèves de Bruxelles, Liège et Charleroi.