Ces 3, 8 et 9 mars, Batibouw accueillait des « Energy Days », trois journées de débat et de réflexion consacrées à la construction et à larénovation durable. À l’initiative du projet, on retrouve la Fondation pour la solidarité1 qui avait mis sur pied en 2004 un Observatoire européen du logementdurable2.
D’ores et déjà, signalons que les différentes interventions devraient être accessibles ce 13 mars sur le site de l’Observatoire européen du logement durable. Lestrois journées de rencontres ont mis l’accent sur la nécessité de construire durable, d’économiser l’énergie, d’utiliser des sources d’énergies renouvelableset de rénover en conséquence.
La première journée a réuni des représentants du secteur de la construction, d’architectes et d’organisations actives dans la construction durable. Il s’agissait de« faire le point sur la situation actuelle, d’identifier les barrières empêchant l’intégration de bonnes pratiques et d’aborder des pistes pour promouvoir des modes deconstruction-rénovation plus respectueux de l’environnement et de la santé humaine tout en préservant la compétitivité du secteur ».
L’information était au cœur de la seconde journée. La sensibilisation du public passe effectivement par la diffusion de données scientifiques validées, par lamise à disposition d’outils et de bonnes pratiques pour maîtriser l’énergie, tant via une utilisation rationnelle de celle-ci qu’en recourant à des énergiesrenouvelables. La troisième journée s’est inscrite dans la lignée de la précédente en mettant l’accent sur le rôle des pouvoirs publics en matière degestion de l’énergie dans les bâtiments publics et privés.
Rôle des pouvoirs publics
La troisième journée fut justement rehaussée par la présence d’Els Van Weert, secrétaire d’État fédérale au Développement durable età l’Économie sociale. Elle a regretté que lors des discussions sur le développement durable au niveau européen, les préoccupations économiquesprennent le pas sur la réflexion visant à réduire notre consommation énergétique. « Or, remarque-t-elle, la construction durable est à la mode, ilsuffit d’observer, par exemple, la hausse du prix des produits pétroliers. » Pour elle, « construire durable ne doit plus être une expérimentation, mais devenir lanorme ». Et les gens doivent aussi pouvoir se payer ces maisons, poursuit-elle, en signalant que plus on construira et on rénovera durablement, plus le prix des matériauxbaissera. Non sans une pointe d’humour, elle a d’ailleurs déclaré au représentant de la société Isoproc (Zemst), grand gagnant de l’Energy Saving Award : « Etmême si je me doute que cela ne vous fera pas plaisir, je vous souhaite d’avoir de plus en plus de concurrents. »
Pour suivre, Alain Hutchinson3, député européen et vice-président du groupe Urban-Logement, a rappelé les avancées acquises au niveaueuropéen en matière de logement. En décembre, le Conseil des ministres européens sur les perspectives financières 2007-2013 a effectivement décidé derendre tout le secteur du logement (pas seulement le logement social) éligible aux fonds structurels…. Mais uniquement pour les dix nouveaux États membres, et la Bulgarie et laRoumanie. Le député européen souligne qu’effectivement le problème du logement est particulièrement dramatique dans les anciens pays de l’Est. Pour lui, l’enjeu estd’étendre cet accès aux fonds structurels à l’ensemble des pays membres, soulignant que la situation n’est pas plus enviable à Bruxelles, Paris, Rome ou ailleurs.
Pour Alain Hutchinson, une solution serait de s’appuyer sur les propositions émises dans le « Livre vert présentant une stratégie européenne en matière depolitique énergétique ». Adopté ce 8 mars, il devrait être soumis au Conseil européen de printemps des 23 et 24 mars.
L’expérience française
Frédéric Groulet, expert en production locative et patrimoine à l’Union sociale pour l’habitat, a présenté la situation dans le parc HLM français. Sur 4,3millions de logements, la moitié du patrimoine a plus de 30 ans et 80 % des logements sont collectifs. La majorité des systèmes de chauffage est au gaz et subit de plein fouet lahausse des prix des énergies.
Différentes pistes ont été suivies pour améliorer les performances énergétiques des bâtiments, telles que des actions sur les menuiseriesextérieures, l’isolation des terrasses, l’installation de chaudières à haute performance, la construction de chaufferie au bois (en particulier dans l’Est du pays, où lesforêts abondent), le recours à la cogénération (combinaison chauffage et eau chaude et production d’électricité), etc. « Mais, déploreFrédéric Groulet, les démarches sont loin d’être systématiques. »
En 2006, la mise en œuvre de la directive européenne sur l’énergie va imposer une réglementation plus contraignante pour les opérations neuves : améliorationdes équipements avec en vue une réduction de 15 % des consommations, valorisation des énergies renouvelables, attribution de subventions par les collectivités locales encontrepartie de performances énergétiques élevées (pas très bien perçues par les bailleurs sociaux), etc.
Des questions demeurent toutefois sur le retour sur investissement ou encore sur des compétences à acquérir. Ce dernier point vise entre autres les bureaux d’étude etles entreprises. L’intervenant observe que « beaucoup ne répondent pas quand les appels d’offre sont trop exigeants. » Un autre frein aux investissements s’explique par le fait que« c’est le bailleur qui finance et, au final, c’est le locataire qui bénéficie de la réduction. » D’où les hésitations du secteur, d’autant que la loifrançaise est stricte sur les loyers sociaux, il faut donc trouver des financements ailleurs.
La Wallonie applique la directive européenne
Hasard du calendrier ? Ce 9 mars, le gouvernement wallon a adopté en première lecture l’avant-projet de décret visant à transposer la directive européennesur la performance énergétique des bâtiments. Pour André Antoine4, ministre en charge du Logement, de l’Aménagement du Territoire et de l’Énergie,« il s’agit là d’une décision de toute première importance, puisque le décret, une fois adopté par le Parlement, imposera une obligation deperformance énergétique pour tout nouveau bâtiment, ou bâtiment de plus de 3000 m3 faisant l’objet d’une rénovation importante en Wallonie.Cette mesure aura des conséquences directes sur les habitudes de construction et de rénovation. Elle permettra à terme d’améliorer la performanceénergétique du bâti, avec une incidence directe sur la valeur foncière des biens, puisque chaque bâtiment sera doté d’un « certificaténergétique » à l’horizon 2009. »
1. Fondation pour la solidarité, rue Coenraets 66 à 1060 Bruxelles – tél. : 02 539 13 04
2. Site : www.observatoiredulogementdurable.be
3. Alain Hutchinson, Parlement européen, bâtiment Altiero Spinelli, 12G116, 60 rue Wiertz à 1047Bruxelles – tél. : 02 284 74 51 – fax : 02 284 94 51
4. Cabinet d’André Antoine, rue d’Harscamp 22 à 5000 Namur – tél. : 081 25 38 11 – fax : 081 2539 99