Ce 3 décembre, Altéo (ex-ACIH-AAM)1 – mouvement social de personnes malades, valides et handicapées – organisait, àCharleroi, un colloque sur l’accès au logement pour les personnes handicapées. Pour beaucoup, cela s’apparente à un parcours du combattant. Et la Belgique ne semble pas enavance.
C’est dans le cadre de la journée internationale des personnes handicapées qu’Altéo a présenté les résultats d’une enquête, menée pendantdeux ans, sur l’accès au logement des personnes moins valides. Des témoignages sont venus illustrer cette réalité. Des professionnels ont égalementévoqué des pistes concrètes, comme la politique mise en œuvre à Villeneuve d’Ascq (France), qui recense les logements accessibles ou adaptables.
Un accès, des accès
L’accès à un logement adéquat nécessite d’autres accès préalables : accès à l’information, accès au conseil, accès auxprêts ou aides, accès à l’environnement du logement. De manière générale, il ressort de l’enquête que les personnes handicapées ignorent ouméconnaissent les aides dont elles peuvent bénéficier, ainsi que les lieux où elles peuvent trouver cette information. De même, à l’occasion de travauxd’adaptation de leur logement, il n’est guère aisé de trouver conseil. Certes, il existe des organismes et des associations prêtes à jouer un rôle de médiateurmais « rien n’est systématiquement organisé pour accompagner les personnes durant les travaux d’adaptation », observent les auteures de l’étude,Geneviève Dembus et Isabelle Hautefenne. « Lors de travaux lourds, la personne peut difficilement se déplacer sur un chantier, au milieu de gravats, pour vérifier siles travaux se font de manière efficace. Il en résulte de fréquentes erreurs, lourdes de conséquences à moyen ou à long terme. »
L’accès aux crédits hypothécaires s’avère aussi difficile. Les institutions financières bloquent souvent face au handicap, au type et au niveau de revenus. Sanscompter les surprimes en matière d’assurance. Ce constat interpelle quand on sait que ces pratiques vont à l’encontre de la loi anti-discrimination de 2007. Qui plus est, elles freinentl’accès à la propriété.
Il en va de même lors de travaux d’adaptation pour la mise en accessibilité du logement. Leur coût ou encore les délais de procédure pour obtenir une aideconstituent également des obstacles. Or, on peut considérer comme une adaptation prioritaire et urgente l’installation d’un lift pour accéder à l’étageoù se trouve la chambre et la salle de bain. Il faut donc pouvoir accéder à des fonds rapidement. François Schiltz, paraplégique depuis 12 ans, à la suited’un accident, raconte qu’il a dû hypothéquer sa maison pour pouvoir bénéficier d’un prêt destiné à des travaux d’adaptation. Précisons qu’ilvenait de finir de la payer.
Pas de logements ghettos
Enfin, il convient de penser aussi l’environnement du logement. Tout ce qui se trouve à l’extérieur du logement est-il accessible ? Les trottoirs, parcs, jardins, commerces,transports en commun, espaces publics… ? « La plupart des personnes interrogées sont confrontées à de tels problèmes et il y a peu d’accès. Il enrésulte un manque d’autonomie », explique Isabelle Hautefenne. Des questions de mixité sociale se posent également : le logement est-il proche du centre-ville ?L’insertion sociale passe par là. Les logements adaptés pour personnes handicapées ne doivent pas être des ghettos, comme l’explique un intervenant : « Jevis dans un logement du centre-ville via une AIS depuis sept mois, après avoir habité 9 ans dans un logement AVJ (Aide à la vie journalière). J’ai vécu l’AVJ commeune opportunité, avec une aide 24 h/24, une autonomie, un logement adapté à mon handicap… Mais ce logement était loin de tout. J’étais obligé deme déplacer en voiturette, même sous la pluie. Mon logement AIS est moins confortable mais je m’y sens mieux. J’ai une vraie vie privée, une vie sociale et culturelle et je mesens plus intégré à la société. »
Aux yeux des participants et d’Altéo, il est temps de repenser le logement globalement. Pour l’asbl, il faut développer un service de conseillers concernant l’adaptation de logementpour personnes handicapées. Concernant les nouveaux logements, ils devraient être conçus pour être facilement adaptables et modulables, et surtout être mieuxintégrés dans le tissu urbain.
1. Secrétariat général Altéo :
– adresse : chée de Haecht, 579/40 à 1031 Bruxelles
– tél. : 02 246 42 26
– site : www.alteoasbl.be