Une note passée au gouvernement wallon présente les orientations relatives au futur projet de décret portant notamment sur la « coopération pourl’insertion ». Une première étape qui pourrait entraîner une réforme du DIISP (Dispositif intégré d’insertion socioprofessionnelle).
Le 1er avril 2010, le gouvernement wallon approuvait la mise en place de l’accompagnement régional individualisé par un conseiller référent.Désignée également sous le nom de « référent unique », cette mesure permet à chaque demandeur d’emploi d’être accompagné par lemême conseiller du Forem tout au long de son parcours. La nouvelle note passée au gouvernement wallon constitue une sorte de suite logique puisqu’elle a pour objectif de définirles orientations relatives aux principes et aux modalités d’intervention des opérateurs dans l’accompagnement individualisé et celles relatives aux relations àétablir entre ces opérateurs et les conseillers référents du Forem notamment. Des relations dont les règles seront complétées dans un contrat de« coopération pour l’insertion » établi entre le Forem et chaque opérateur.
On l’aura compris, c’est en fait à une réforme en substance du DIISP que prépare cette note. Un DIISP qui est piloté par le Forem et dont l’objectif est de cadrer lechamp et les acteurs de l’insertion socioprofessionnelle en Wallonie ainsi que de structurer l’accompagnement des demandeurs d’emploi.
Cette réforme pourrait avoir des conséquences pour les opérateurs. « Dans le cadre du référent unique, le Forem « adresse » le demandeur d’emploi auxopérateurs, que ce soit des EFT/OISP ou des Mire, par exemple, détaille Philippe Mattart, chef de cabinet chez André Antoine (CDH)1, ministre de l’Emploi et de laFormation de la Région wallonne. Pour que cela fonctionne, il faut que les structures acceptent ce demandeur d’emploi. » Est-ce à dire qu’elles seront contraintes d’accepter toutdemandeur d’emploi orienté par le Forem ? La note à ce sujet n’est pas claire. Un point qui pourrait poser question si on veut bien se souvenir quel’Intérfédération des EFT/OISP2 s’était montrée critique en ce qui concerne cette obligation (voir Alter Échos nº 288) et que desurcroît, la note présentée au gouvernement wallon insiste également sur les nécessaires transferts d’information entre les opérateurs et le Forem, un autrepoint de crispation potentiel.
Néanmoins, du côté de l’Interfédé, on se veut constructif. « Cette note n’est pas mauvaise, affirme Erik Mikolajczak, secrétairegénéral. Elle préconise ainsi l’élaboration d’un code de déontologie en ce qui concerne la gestion de l’information, ce qui est bien. Maintenant, il est clair quela possibilité de refuser une personne orientée par le Forem n’y apparaît pas telle quelle. Il y aura un travail de négociation à faire. » Mêmemodération chez Philippe Mattart. « Il faudra que ce soit débattu. Une conclusion définitive n’interviendra de toute façon qu’après une large concertation,même si on part du principe que s’il y a signature d’un contrat (« coopération pour l’insertion »), l’opérateur est censé accepter. »
Des décrets modifiés ?
Le nouveau décret DIISP pourrait aussi entraîner la modification des décrets concernant les opérateurs. « Concernant les Mire, par exemple, leur financement est enpartie lié aux résultats d’insertion du public. Nous pourrions proposer d’atténuer cela ou de le supprimer en échange de la garantie que la Mire accepte le public qu’onlui envoie », précise Philippe Mattart.
Néanmoins, malgré cette volonté de montrer patte blanche, l’Intermire3, qui regroupe les onze Mire, se montre assez critique. « Cela ne nous fait pas rire,déplore Paul Timmermans, président de l’Intermire. On sait très bien que si l’accompagnement est obligatoire, cela n’a pas de plus-value. Nous continuons à croire qu’ilfaut plus d’accompagnement, mais pour ceux qui le veulent. Qu’on laisse les autres en paix. De toute façon, les Mire sont au maximum de ce qu’elles peuvent faire, nous n’avons pas le personnelpour faire plus. Quant à la possibilité de voir les conditions de financement assouplies, je m’interroge sur l’optique qui consiste à faire moins de chiffres d’insertion et plusde chiffres de personnes accompagnées… »
Notons pour conclure que le texte final du décret dépendra également des évolutions constatées en ce qui concerne le Plan d’accompagnement des chômeursfédéral (PAC).
1. Cabinet d’André Antoine :
– adresse : rue d’Harscamp, 22 à 5000 Namur
– tél. : 081 25 38 11
– site : www.antoine.wallonie.be
2. Intérfédération des EFT/OISP :
– adresse : rue Marie-Henriette, 19/21 à 5000 Namur
– tél. : 081 74 32 00
– site : www.interfede.be
3. Intermire :
– adresse : rue Clément Ader, 12 à 6041 Gosselies
– tél. : 071 34 74 73
– courriel : sylvie.lambinon@intermire.be