Dans sa livraison d’avril 2008, l’Institut pour un développement durable (IDD) propose une lecture affinée de l’enquête mensuelle de la Banque nationale deBelgique (BNB). Tant l’inflation que le pouvoir d’achat font l’objet d’une perception qui n’est pas la même selon le niveau de revenu, le statutsocioéconomique, le sexe et l’âge, d’après l’étude prospective de l’IDD1.
Perception de l’inflation
Les consommateurs sont toujours plus nombreux à considérer que les prix augmentent. Mais si l’on divise en quatre parts égales l’échantillonreprésentatif sur base du niveau de revenu, les catégories les moins bien nanties sont systématiquement plus nombreuses que les nanties à ressentir cette inflation.
Les femmes sont, elles aussi, systématiquement plus nombreuses que les hommes à avoir une perception aiguë de l’inflation, même si l’écart a tendanceà se réduire depuis 2004/2005. Il en est de même pour les catégories d’âge les plus jeunes, plus sensibles que leurs aînés àl’évolution des prix à la hausse. Sans surprise non plus, les personnes sans emploi et celles qui n’ont pas de diplôme d’études supérieures sontsystématiquement plus nombreuses à éprouver l’inflation.
Perception du pouvoir d’achat
Celui-ci ne fait pas tel quel l’objet de questions dans l’enquête mensuelle de la Banque nationale. Philippe Defeyt, qui a réalisé l’étude del’IDD, considère néanmoins que celles relatives à la situation financière passée, présente et future des sondés constituent un bon indicateur dupouvoir d’achat. En les passant au crible des diverses catégories de consommateurs, il met en lumière des attitudes contrastées que les résultatsagrégés occultaient.
Les plus riches, seuls optimistes !
Plus le niveau de revenu est bas, plus les consommateurs sont nombreux à percevoir leur situation financière actuelle comme difficile. Seule la catégorie de revenus la plusélevée a tendance à considérer sa situation financière du moment avec un peu plus d’optimisme au fil des années. Dans les deux catégories derevenus inférieures, les consommateurs sont de moins en moins nombreux à considérer qu’ils vivent une situation financière confortable. Seuls les revenus moyenssupérieurs gardent une perception stable de ce point de vue.
Même topo quant à l’avenir : la catégorie des consommateurs les plus riches est la seule à voir augmenter la proportion d’optimistes quant à sacapacité d’épargne future. Dans les deux catégories les moins riches, la proportion d’optimistes, déjà sensiblement faible, plonge d’annéeen année. Les revenus moyens restent optimistes en proportion stable.
Bref, « les difficultés de pouvoir d’achat rapportées par les consommateurs pèsent d’autant plus que l’on descend dans la hiérarchie des revenus », conclutl’IDD.
Recommandations à la Banque nationale de Belgique
Pour Philippe Defeyt, « le découpage des réponses en fonction des revenus est tellement intéressant que la BNB devrait régulièrement publier desrésultats ainsi présentés ». L’économiste recommande aussi de mettre en évidence les fluctuations de perception à l’intérieurd’une même année, afin d’estimer, par exemple, la vitesse de réaction à l’évolution du contexte économique selon les catégories deconsommateurs. Il serait utile également, toujours selon lui, de mettre ces données en perspective avec des données macroéconomiques, notamment, commel’évolution des réponses des jeunes au regard de l’évolution du chômage des jeunes.
Ajoutons que si la récession guette, comme l’affirment certains observateurs, l’étude de l’IDD pourrait justifier des mesures macroéconomiquesdifférenciées selon la capacité des différentes catégories de consommateurs à encaisser les effets de la crise et à contribuer à sarésolution.
1. L’étude est disponible sur demande auprès de l’Institut pour un développement durable (IDD) :
– adresse : rue des Fusillés, 7 à 1340 Ottignies
– tél. : 010 41 73 01
– courriels : idd@iddweb.be – idd.org@skynet.be