"Le premier tableau de bord de la santé en Région bruxelloise est sorti"

Le premier tableau de bord bruxellois de la santé vient de paraître. Le choix des différents chapitres est largement inspiré des tableaux de bord réaliséspar les Observatoires régionaux de la Santé en France et dans le Hainaut, de manière à permettre une lecture transversale et des comparaisons interrégionales. Leschapitres se divisent comme suit : constat d’ensemble, mortalité, problème de santé, mère et enfant, les enfants d’âge scolaire et les adolescents, lapopulation âgée, santé et environnement, inégalités sociales de santé, Bruxelles multiculturel. Un premier opus qui a le mérite d’exister maisoù, dans de nombreux domaines, les informations sont encore lacunaires. Il manque, par exemple, des informations concernant les services socio-sanitaires et une vision longitudinale quipermettrait d’évaluer l’impact des politiques de santé, mais aussi des politiques menées dans tous les domaines qui concernent les principaux déterminants dela santé : le logement, les politiques sociales et économiques, la mobilité, l’environnement, l’éducation. Des lacunes que l’Observatoire de laSanté1 espère pouvoir combler en partie pour la parution du prochain tableau de bord.
Quelques chiffres et constats significatifs
> Au chapitre démographie, le rapport note qu’une partie importante de la population bruxelloise n’est pas reprise dans les chiffres officiels. Ce qui signifie non inscrite auregistre de la population, soit en raison d’un statut spécial qui ne les oblige pas à s’y inscrire, soit parce que tout en habitant à Bruxelles, ces personnes sontdomiciliées dans une autre région. En 1997, on estimait ce nombre à 40.000 personnes sans compter un nombre relativement important de personnes en situation illégale,d’où un trou noir pour certains chiffres en matière de santé.
> Dans les causes de mortalité sont reprises les maladies infectieuses. On y apprend notamment que le taux de tuberculose est 3 à 4 fois plus élevé en Régionbruxelloise que celui enregistré en Flandre ou en Wallonie. En 2000, on dénombrait ainsi 366 cas de tuberculose. Une maladie qui frappe principalement les personnes vivant dans desconditions économiques précaires et les personnes issues de pays à haute prévalence de tuberculose. L’incidence chez les non-Belges est cinq fois plusélevée que chez les Belges et elle est en augmentation. À Bruxelles, toutes les tranches d’âge sont concernées.
> Concernant les toxicomanies, on constate une augmentation de la consommation de cannabis. Constat identique pour la polytoxicomanie. Les centres spécialisés sont quant à euxfréquentés par une population de plus en plus âgée et masculine.
> La maltraitance des enfants survient dans la majorité des cas dans le milieu de vie de l’enfant; les filles sont plus touchées que les garçons (59%). En 1999, lesstatistiques policières dénombraient à Bruxelles 528 faits dont les victimes sont des enfants, plus de la moitié concerne des abus sexuels.
> 6% des plus de 60 ans vivent en maison de repos, la grande majorité des personnes âgées vit donc à la maison. Pourtant, par comparaison avec les autres régions,les services offerts aux personnes âgées à Bruxelles sont surtout orientés vers l’aide en institution avec une offre moins importante d’aide à domicile(trois fois moins que dans l’ensemble du pays).
> Sur la base du recensement de 1991, on estime à 16% le nombre de logements ne disposant pas du confort minimum. La plupart de ces logements sans confort sont situés dans les vieuxquartiers des communes du centre. Les habitants de ces logements anciens cumulent une exposition aux nuisances environnementales intérieures (humidité, promiscuité, plomb,installations non sécurisées…) et extérieures (nuisances sonores et pollution d’air liées au trafic routier).
> Le rapport relève des différences importantes dans la manière dont les personnes perçoivent leur propre santé selon le statut social. Les personnes dont leniveau d’instruction est faible (inférieur ou égal au diplôme d’enseignement primaire) signalent souffrir plus souvent d’affection chronique et sont 5 fois plussouvent reconnues invalides ou handicapées que les personnes diplômées de l’enseignement supérieur. Le rapport relève d’autre part des constats qui nesont pas propres à Bruxelles mais bien à une population pauvre : la fréquence plus élevée de la tuberculose et du saturnisme infantile dans les groupes àrisque, même chose pour les caries dentaires et l’obésité.
> Dans l’enquête sur le budget des ménages effectuée en 1997-1998, 17,5% des ménages disent avoir des difficultés à payer le médecin et 22%à payer le dentiste.
> Enfin, le tableau de bord note un recours de plus en plus grand aux maisons médicales pour soigner les sans-papiers, même chose pour l’ONE et Kind & Gezin, mais ici on nedispose pas de chiffres. Quant à la fréquentation de la consultation de Médecins sans frontières à Bruxelles, elle ne cesse d’augmenter ces dernièresannées. Les enfants de moins de 15 ans représentent 12% de la patientèle, presqu’exclusivement composée de personnes étrangères. 72% des consultantshabitent dans une commune du centre, 6% sont sans domicile fixe. 70% des populations non belges se trouvent en situation illégale, donc sans aucune couverture sociale.
1 Observatoire de la Santé de Bruxelles-Capitale, Annette Perdaens, Commission communautaire commune, avenue Louise 183 à 1050 Bruxelles, tél. : 02 502 60 01, fax : 02 502 59 05,e-mail : observat@ccc.irisnet.be. Des exemplaires du Tableau de bord de la santé peuvent être obtenus gratuitement sauf frais de port.