Une journée d’étude organisée par la Fondation Roi Baudouin a réuni, mardi à Bruxelles, quelque 350 responsables d’associations, représentantsdes pouvoirs locaux, des syndicats et des gouvernements. Son objectif : faire le point sur les évolutions récentes du secteur associatif, en pleine expansion au nord comme au sud dupays, et sur son interaction avec les pouvoirs publics.
Selon une étude (ULG-KUL) rendue publique lors de cette rencontre, près d’un salarié sur dix travaille pour le secteur associatif. Les quelque 120.000 associationsrecensées en Belgique en 2004 contribuent au PIB à concurrence de 5 %, ce qui représente une valeur ajoutée de près de 12 milliards d’euros.
Le monde associatif se mobilise depuis quelques années pour faire valoir des revendications en termes de reconnaissance par les pouvoirs publics. L’appel semble avoirété entendu et des négociations sont en cours, en Communauté française comme en Flandre, pour convenir d’un certain nombre d’engagements mutuels.
De son côté, la Fondation Roi Baudouin a commandé deux études1 dont les résultats ont été présentés àl’occasion de la rencontre :
• La première, réalisée par les professeurs Jacques Defourny (Centre d’économie sociale de l’Université de Liège) et Patrick Develtere(Hoger Instituut voor Arbeid, de la KULeuven), propose une première évaluation quantitative et qualitative du secteur associatif.
• La seconde, due à Pierre Blaise (Crisp) et Marc Swyngedouw (KUL), explore la place qu’occupe le secteur associatif dans les programmes des partis politiques et les accords degouvernement.
Combien pèse le secteur associatif ?
Il était essentiel d’évaluer le poids socio-économique de ce secteur et sa valeur ajoutée dans l’économie du pays. Tel était l’objectifdu travail dirigé par les professeurs Defourny (ULG) et Develtere (KUL).
1. Les chercheurs ont d’abord répondu aux questions relatives à l’identification du secteur : qu’entend-on exactement par « secteur associatif » ? Quelles formes juridiquesce terme recouvre-t-il ? Qu’est-ce qui distingue fondamentalement les associations des entreprises classiques et du secteur public ? L’étude montre que le secteur associatif constitueà la fois une part du non-marchand et une part de l’économie sociale.
2. La deuxième démarche est une mesure quantitative des activités associatives : Combien de personnes travaillent dans les associations ? Quelle est leur « valeur ajoutée »?À combien s’élèvent les subventions publiques dont bénéficient les associations ? Quelles charges doivent-elles supporter ?
Pour ce faire, l’étude s’appuie notamment sur la lecture commentée des chiffres du « compte satellite des ISBL », déposé auprès de laBanque nationale de Belgique. Elle livre des enseignements tirés de tableaux statistiques tout récemment produits par l’Institut des comptes nationaux sur le secteur associatif.
• L’étude met en exergue le taux de croissance particulièrement important de l’emploi associatif : + 11,6 % entre 1998 et 2002, soit près du double du taux del’emploi salarié total.
• Entre 1998 et 2002, environ 40.000 emplois ETP (équivalents temps plein) ont été créés dans les ASBL, dont plus de la moitié en Régionflamande. Toutefois, si cette Région crée, en chiffres absolus, plus d’emplois associatifs que les deux autres, elle montre aussi un taux de croissance comparativement plus faible aucours de la période étudiée.
• Sur les 40.000 nouveaux emplois générés, plus de la moitié et environ le quart relèvent respectivement de l’action sociale et de la santé. En termesde taux de croissance, l’évolution la plus forte s’observe notamment dans la culture (+ 45,4 %) et dans l’action sociale (+ 25,8 %).
• Le rôle de l’action sociale dans la croissance de l’emploi associatif, qui se manifeste tant au niveau régional que sur le plan national, s’explique principalement par ledéveloppement des activités sociales dites « sans hébergement » (services à domicile, accueil de personnes défavorisées, centres de jour, …). Si lespolitiques publiques n’y sont pas étrangères, ce développement est aussi imputable à une dynamique de croissance interne au monde associatif.
• Les ASBL de l’éducation et de la santé se caractérisent par un niveau d’emploi élevé (en moyenne 91,2 et 54,2 emplois ETP par institution).
• Si les pouvoirs publics sont les principaux financeurs du secteur, les ressources privées (dons, cotisations, ventes, bénévolat…) sont très importantes, avec 43%du total des ressources (hors établissements scolaires du réseau libre). Les contributions volontaires apportées par les particuliers au secteur associatif, que ce soit en termesde dons de temps (bénévolat) ou de dons monétaires, s’élèvent à plus de 3,3 milliards d’euros.
• En volume de travail, le bénévolat représente près d’un quart des prestations totales dans le secteur (hors établissements scolaires du réseaulibre).
3. Enfin, dans une optique plus qualitative, une série d’interviews réalisées auprès de décideurs actifs au sein du secteur (des représentants de 35organisations fédératives) ont permis de « prendre le pouls » du monde associatif belge, au-delà de sa grande hétérogénéité. Ce chapitre donne unaperçu synthétique des enjeux majeurs du monde associatif et des principaux problèmes qu’il rencontre aujourd’hui.
La Fondation Roi Baudouin et les chercheurs espèrent que cet exercice constituera le premier pas vers un baromètre annuel de l’associatif.
1. Les études peuvent être téléchargées sur le site internet de la FRB ou commandées aucentre de contact de la Fondation Roi Baudouin- tél. : 070 23 37 28 – courriel : publi@kbs-frb.be