Nombreux sont les logements sociaux inoccupés de la cité-jardin Floréal de Watermael-Boitsfort. La problématique est telle que des squatteurs se sont installés dans cinq maisons de la place des Zinnias. Le secrétaire d’État au Logement, Christos Doulkeridis, a annoncé que 156 logements vides étaient tous inscrits dans un projet de rénovation. Cette cité « utopique » a-t-elle abandonné ses logements ?
La cité-jardin Floréal invite la campagne dans la ville. Lors d’une petite promenade dominicale, on aperçoit les fameux châssis jaunes des petites maisons, des enfants à vélo et l’on sent l’odeur du barbecue. Mais tout n’est pourtant pas vert à Floréal. Rue des Funkias, cinq maisons, certaines aux fenêtres cassées, sont vides parfois depuis plus de six ans. Sur les façades de celles en travaux, on peut lire : « Défense de circuler sur le chantier ». Dans la rue de Marc, 49 ans, une maison inoccupée depuis douze ans vient d’être rénovée. À Floréal, le temps semble s’être arrêté. En est-il de même pour les procédures de rénovation ou de réparation ?
Les premières maisons datent de 1925, le parc immobilier est vétuste et certains logements sont inadaptés aux normes actuelles de confort et de sécurité. Conséquence, 164 logements sur 731 sont inoccupés. Pourtant, une trentaine de logements se libèrent chaque année, mais avant de pouvoir les relouer, la Société immobilière de service public (SISP) doit les remettre en conformité. Cela peut aller d’une mise aux normes d’électricité, à l’équipement du chauffage central ou à la rénovation complète d’une maison unifamiliale. Le travail à effectuer est colossal et alourdi par le manque de moyens financiers, l’attente pour l’obtention de subsides et les obstacles dus au classement.
Le classement de plus des deux tiers du patrimoine de Floréal par la Direction des monuments et sites (DMS) en 2001 a fortement ralenti les projets de rénovation. « Cela a entraîné cinq années de paralysie entre le début de la procédure en 1999 et la réalisation du Plan de gestion (description des travaux d’entretien et de rénovation autorisés par la DMS) du Floréal en 2004. Les logements sont classés dans leur ensemble, du portillon de jardin à la souche de cheminée en passant par les tuiles et autres », explique le directeur de la société coopérative, Daniel Remacle1. Certaines prescriptions dues au classement sont contraignantes et parfois absurdes. Plusieurs logiques de type environnemental, sécuritaire ou de protection du patrimoine s’entrechoquent. Un exemple, la Cité a dû mettre en production 5 000 crochets de gouttières car ceux d’origine n’étaient plus disponibles sur le marché. Le coût total des travaux a été multiplié par quatre.
Néanmoins, le directeur rappelle que la société n’a aucun intérêt à laisser ces logements inoccupés. « Nous avons un manque à gagner de recettes locatives et des frais dus à un entretien minimum. » Il insiste aussi sur le fait que ces sept dernières années, 733 demandes de subventions et d’autorisations de travaux ont été effectuées. En plus de dix ans, 265 logements ont été remis en conformité avant attribution.
Des squatteurs, place des Zinnias
Aujourd’hui, des squatteurs ont emménagé dans cinq maisons vides de la place des Zinnias. Ils ont glissé dans les boîtes aux lettres des habitants de la cité un mot d’explication sur leur présence et ils organisent différentes activités. Dernièrement, un festival au jardin proposait, notamment, des ateliers, un marché gratuit, un spectacle et un repas. Ceux-ci n’ont pas souhaité s’exprimer.
Pour Daniel Remacle, cette équipe anonyme de militants urbains sont venus s’installer sans titre, ni droit en utilisant les méthodes d’effraction. « Depuis nonante ans, nous attribuons les logements en respectant des règles, tous nos locataires sont tenus de les respecter. Pourquoi ces personnes pourraient-elles s’installer dans un cadre non sécurisant ? Elles n’ont rien à voir avec la coopérative, ni avec les listes d’inscription multiples pour lesquelles 37 000 ménages font des démarches lourdes. La société a déposé plainte. » Le directeur ne comprend pas pourquoi ces personnes se sont installées dans la société coopérative de logements sociaux, dès lors qu’il existe dans le secteur privé un grand nombre d’abus de spéculateurs immobiliers ou des marchands de sommeil qui ne sont pas dénoncés dans le cadre de cette action.
1. Cité-jardin Floréal:
– adresse : place Joseph Wauters, 9 à 1170 Bruxelles
– tél. : 02 672 31 42
– site : http://www.vivreafloreal.be