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Regard critique · Justice sociale

Petite enfance / Jeunesse

Les Bébé Bus appuient sur le champignon

Le Groupe d’animation de la Basse-Sambre étend son concept de garderies itinérantes à l’ensemble de la province de Namur.

12-06-2011 Alter Échos n° 317

Le Groupe d’animation de la Basse-Sambre étend son concept de garderies itinérantes à l’ensemble de la province de Namur. Quelque 900 familles devraientbénéficier de ce service d’ici à 2015.

Depuis huit ans, les puéricultrices du Groupe d’animation de la Basse-Sambre (Gabs)1 sillonnent les routes entre Sambreville, Sombreffe et Jemeppe le coffre remplide lits d’enfants et de jouets colorés. Chaque jour, elles installent leur matériel dans un lieu différent : une salle des fêtes, un centre culturel ou sportifpréalablement agréé par l’ONE. Petite particularité de cette garderie mobile, la priorité n’est pas donnée, comme c’est souvent le cas, aux parents quitravaillent mais aux demandeurs d’emploi. « L’objectif est de permettre à des personnes qui vivent souvent des situations précaires de dégager un peu de temps pourréfléchir à leur projet d’insertion socioprofessionnelle », résume Claudio Pescarollo, directeur du Gabs. La garderie itinérante a aussiété pensée pour accueillir les enfants présentant un handicap.

Grâce au soutien de la Province, le projet va bientôt s’étendre à l’ensemble du Namurois. Il prendra la forme d’une asbl indépendante du Gabs, le Réseau desBébé Bus (RéBBUS). L’objectif est ambitieux : lancer dix nouveaux véhicules d’ici 2015 de façon à couvrir trente des trente-huit communes de la province! Deux camionnettes entreront déjà en circulation d’ici à la fin de l’année pour couvrir les territoires de Fosses, Floreffe, Onhaye, Dinant, Yvoir et Hastière.Entre les puéricultrices, les psychologues et les coordinateurs, le réseau devrait permettre la création en trois ans de trente-cinq équivalents temps-plein.

De la garderie à l’éducation permanente

Lorsque le Bébé Bus a été lancé en 2003, il était presque exclusivement fréquenté par des familles de la classe moyenne, se souvient ClaudioPescarollo avec un brin d’amusement. Il a fallu que le temps et le bouche-à-oreille fassent leur effet pour que le public ciblé par le Gabs ose enfin pousser la porte. « Il y abeaucoup de préjugés à l’égard des femmes qui ne travaillent pas. On juge souvent qu’elles doivent s’occuper des enfants à temps plein, qu’elles n’ont pas le droitde les confier à une structure d’accueil. Elles doivent affronter le regard culpabilisant de la société et de leur famille », remarque le directeur du Gabs, seréjouissant de voir qu’aujourd’hui, la fréquentation de la garderie reflète une certaine mixité sociale.

Le Bébé Bus doit permettre aux parents comme aux enfants de sortir de leur cadre quotidien. « Il permet la sociabilisation de l’enfant avant son entrée en maternelle.Parfois il est le premier contact de l’enfant avec une autre personne que ses parents », peut-on lire dans la description du projet. La dimension éducation permanente estégalement mise en avant. Des groupes de parole sont régulièrement organisés. Les parents sont aussi invités à accompagner leurs petits bouts lors de sortieséducatives. « Pour des parents qui n’ont pas toujours confiance en eux, ces activités sont essentielles. C’est l’occasion de leur faire découvrir des lieux qu’ils neconnaissent pas, comme la ludothèque. Il s’agit aussi de leur montrer qu’ils sont capables de faire des activités d’éveil avec leurs enfants. Que tout le monde peut raconter unehistoire, même si l’on ne maîtrise pas bien la langue », résume Claudio Pescarollo.

Solutions innovantes

Le concept des Bébé Bus répond à de nombreux besoins actuels en termes de mobilité, d’accueil de la petite enfance, d’accès à l’emploi. Plusparticulièrement, il cible les jeunes femmes, un public fortement touché par le chômage. Et, pour ne rien gâcher, il permet de réaliser des économiesd’échelle. « Chaque commune en Belgique dispose de locaux qui ne sont pas utilisés tous les jours et qui peuvent servir à accueillir des enfants moyennant desaménagements minimes », assure Claudio Pescarollo.

Grâce à divers soutiens financiers (Province de Namur, points APE, appel à projet de l’ONE, prix fédéral de lutte contre la pauvreté), le projet va prendreune nouvelle ampleur. Mais pour le directeur du Gabs, il manque toujours de moyens structurels pour ce type d’initiative, qu’il s’agisse des haltes-accueil itinérantes ou d’autres projetsinnovants comme les crèches parentales fonctionnant grâce à la participation des familles. « Aujourd’hui, tout le monde doit trouver un emploi. Du moins, c’est le discoursque tiennent les pouvoirs publics. Cela n’a pas de sens si l’on ne crée pas les conditions en amont ! Le secteur associatif est créatif, c’est un laboratoire d’idées. Mais,à un moment donné, il faut que les pouvoirs publics prennent le relais ». A bon entendeur…

1. Gabs :
– adresse : rue des Glaces nationales, 142-144 à 5060 Auvelais
– tél. : 071 78 42 71
– courriel :info@gabs.be
– site : www.gabs.be

Sandrine Warsztacki

Sandrine Warsztacki

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