La ministre-présidente de la CFWB et ministre wallonne de la Formation professionnelle, Marie Arena, a inauguré le 23 septembre dernier les nouveaux locaux du Centre decompétence des industries du verre, Cefoverre. C’est un des 18 Centres d’un réseau1 dont le développement est prévu dans les « Contrats » (Contratd’avenir, Contrat pour l’école) et autres « plans » (plan stratégique transversal 2 sur « les connaissances et les savoir-faire en Wallonie », plan «Marshall »). Objectif commun de tous ces textes : ouvrir les centres au maximum au monde de l’enseignement.
Les centres de compétences
Les centres de compétences sont essentiellement des lieux de formation technologique de pointe, sur du matériel « up to date » qui demande souvent de grosinvestissements. Il en existe actuellement 18, répartis sur l’ensemble du territoire de la Région wallonne, et 6 centres supplémentaires sont en projet. Les secteurs les plusdivers sont donc aujourd’hui représentés : des technologies de l’information et de la communication aux « métiers de la bouche » en passant par la construction,l’automobile, les « pigments »…
Le développement de ces centres est fortement encouragé par les pouvoirs publics, notamment par le biais de l’action du Forem : ils ont été labellisés et mis enréseau depuis 2000. La ministre wallonne de la Formation, Marie Arena, explique notamment ce soutien par la nécessité de répondre à l’enjeu des pénuries,particulièrement dans les secteurs destinés à former les « pôles de compétitivité » sur lesquels le « plan Marshall » est censé concentrer denouveaux moyens.
L’élargissement à l’enseignement
La plupart du temps, ces centres sont le fruit d’une initiative des partenaires sociaux d’un secteur et forment surtout les travailleurs déjà actifs dans ses métiers. Mais,face aux pénuries, la formation continue ne suffit pas : il faut drainer de nouveaux publics vers les secteurs concernés par le biais de la formation initiale de demandeurs d’emploi, dejeunes…, et donc notamment de l’enseignement. Or ce dernier est demandeur, vu les problèmes d’équipement que rencontrent les écoles techniques et professionnelles.
L’ouverture des centres de compétence aux élèves et à leurs enseignants a donc été intégrée dans le Contrat d’avenir depuis la fin de lalégislature passée. Et, en avril 2004, une nouvelle « convention-cadre » entre Région wallonne et Communauté française (prolongeant lesprécédentes politiques croisées) prévoyait, outre de nouveaux moyens pour continuer à équiper les écoles, que la part « scolaire »atteigne 25 % des heures de formation des centres de compétence d’ici 2006 (contre 6 %en 2003).
Premiers résultats
Selon Florence Pigeolet (du Réseau des centres de compétences2), la participation des enseignants et des élèves atteindra, plus ou moins, fin del’année 2005, une bonne dizaine de pourcents de l’ensemble des heures de formation dispensées dans les centres. Les autres publics se distribuent comme suit : près de 60 % desheures de formations à des demandeurs d’emploi (ils se taillent la part du lion puisqu’ils suivent des formations longues), 20 % à des travailleurs du secteur (les plus nombreux entermes de personnes) et une petite dizaine de pourcents à des apprentis des Classes moyennes.
« Cette part scolaire serait plus élevée si on ne prenait en compte que les centres existant au moment où l’on a fixé l’objectif de 25% mais les cinq nouveauxcentres créés depuis n’ont pas encore pu se faire connaître auprès des écoles et font donc baisser la moyenne…. », explique-t-elle.
Difficultés
Des problèmes pratiques entravent l’ouverture des centres à l’école, comme les coûts de déplacements des écoles vers les centres. Plus fondamentalement, sepose la question de l’articulation de la formation dispensée dans le centre avec celle de l’école.
Noël Scherer, directeur technique du Réseau des centres de compétences, précise à ce propos que « le but n’est pas que les formateurs du centre (quiappliquent les méthodes du Forem, destinées aux adultes) forment les élèves, mais bien que leurs professeurs de pratique professionnelle et chefs d’ateliers viennentd’abord se former dans le centre, pour ensuite donner cours eux-mêmes à leurs élèves à l’école ou dans le centre ». Ce n’est pas toujours simplemalgré tout puisque « donner cours dans certains centres reste parfois difficile pour les enseignants, qui craignent de manipuler avec leurs élèves un matériel fortcoûteux, en dépit de la présence de nos formateurs ». Un point encourageant : ces formations commencent à être reconnues, depuis le début de cetteannée, par l’Institut de la formation en cours de carrière (qui s’occupe des formations interréseaux des enseignants).
Face à ces difficultés, le Contrat pour l’école ainsi que les différents textes régionaux qui l’ont suivi et confirmé (PST2, plan Marshall)prévoient que l’objectif de 25 % des heures de formations effectivement dispensées réservées aux élèves et à leurs professeurs soit atteint en 2010.Pour ce faire, un million d’euros sera réservé au transport des élèves vers les centres (des accords avec les TEC sont déjà en négociation) etl’ensemble des formations des enseignants seront reconnues. Par ailleurs, ces textes veulent compléter géographiquement le réseau des centres de compétences par des« centres de technologie avancée » internes à certaines écoles déjà particulièrement bien équipées en fonction despécialisations pointues.
Cefoverre
En matière de partenariat, la particularité de Cefoverre3 est que l’Enseignement de promotion sociale (EPS) est présent depuis les origines du projet. « En1994, Saint-Gobain, une grande entreprise du secteur a demandé à l’école de promotion sociale de Tamines de prendre en charge la formation de ses travailleurs », expliqueChristophe Guissart, coordinateur adjoint de Cefoverre. « Six ans plus tard naissait Cefoverre, qui, en 2002, était labellisé « centre de compétences » ».
Les trois réseaux d’EPS sont membres du conseil d’administration du Centre. Outre Tamines, Cefoverre a noué des partenariats avec d’autres écoles de ce type d’enseignement :l’Université du travail et les Aumôniers du travail à Charleroi, ainsi que Saint-Laurent à Liège. « Il n’y a, en fait, pas de filière relative au verredans l’enseignement obligatoire », explique Christophe Guissart, « ce qui fait que l’industrie, après une expérience avec des Cefa, s’est tournée vers l’EPS, qui peutmettre plus facilement des formations sur pied ».
Offre de formation adaptée
Ainsi, une formation en technicien verrier (avec diverses options) est organisée en neuf mois par l’Enseignement de promotion sociale et débouche sur une qualification de niveausecondaire. Pour les écoles du secondaire (aussi bien les Cefa que le plein exercice), Cefoverre se positionne plutôt de manière complémentaire aux filières dubâtiment et de l’automobile. « Les élèves en menuiserie apprennent à faire des châssis mais pas à placer des vitres : c’est trop dangereux et l’outillageadéquat n’existe pas dans les écoles ; même chose pour les pare-brise de voiture… », précise le coordinateur adjoint, détaché de l’enseignementgrâce à des Fonds européens.
Une majorité des personnes formées au Centre (571 en 2004) sont des travailleurs du secteur qui viennent mettre leurs compétences à jour. Mais le deuxième groupe(134 en 2004) est constitué par des étudiants et des enseignants de promotion sociale ainsi que du dernier degré du secondaire. Le public « enseignement » devraitd’ailleurs doubler selon les projections pour 2005, réalisées sur la base des premiers mois de l’année.
1. Pour toute info sur ces centres, voir le site du réseau des Centres de compétence
2. Forem – Réseau des centres de compétence: boulevard Tirou, 104 à 6000 Charleroi – tél. : 071 20 65 67
3. Cefoverre : zoning industriel de Jumet, première rue, 5 à 6040 Jumet – tél. : 071 27 29 00 – christophe.guissart@cefoverre.be