La plupart des communes flamandes font leur maximum pour éviter d’avoir à accueillir les Gens du voyage. Heureusement, il y a des exceptions, comme Louvain et Zottegem.
Selon les objectifs de la Communauté flamande, il faudrait 950 emplacements pour accueillir les résidents permanents en caravane, mais, aujourd’hui, il n’en existe que lamoitié. Pour ce qui est des Gens du voyage et des emplacements pour les nomades de passage, c’est encore pire : il n’existe dans toute la Région que 80 emplacements au lieudes 400 prévus. Dans quatre des cinq provinces flamandes, ces quotas ont même été traduits dans les plans structurels d’aménagement du territoire. Mais rienn’y fait. Début août, Martin Van Peteghem (CD&V), le bourgmestre de De Pinte, près de Gand, a encore chassé 28 caravanes du territoire de sa commune quelquesheures après leur arrivée « afin de préserver la tranquillité générale et la sécurité ».
Selon Dirk Beersmans, du Vlaams Minderhedencentrum (Centre flamand des minorités ou VMC), « il y a dans notre pays environ 200 Roms qui vivent dans des caravanes itinérantes,environ 600 voyageurs permanents, à quoi il faut ajouter quelques dizaines de nomades de passage, en provenance de pays voisins comme les Pays-Bas ou la France. Et chaque année,c’est la pénurie. Seuls quatre terrains d’une vingtaine d’emplacements ont été créés : à Beersel (près de Bruxelles), Courtrai, Anvers etGand ». Pour lui, « il faudrait exercer davantage de pression sur les communes » pour faire respecter les directives régionales. « Ce n’est pas unequestion de nuisances ou de manque de fonds mais simplement de mauvaise volonté. » Car en fait, créer un terrain d’accueil pour nomades ne coûte rien à lacommune : 90 % des frais sont pris en charge par la Région, le reste par la Province. De plus, toujours selon Dirk Beersmans, les rares fois où une commune se lance dansl’aménagement d’un tel terrain, la réalisation dure des années à cause de la complexité des procédures. Récemment, le problème arefait parler de lui dans les journaux. « L’irrationalité des gens fonctionne à plein dès que l’on aborde ces questions. Alors que la solution paraîtassez évidente : plus il y a d’emplacements officiels, plus il est facile de lutter contre l’habitat illégal. »
Le terrain de Gand a été inauguré en juillet et affiche déjà complet jusqu’en octobre. Les emplacements coûtent 5 euros la nuit par caravane (plus100 euros de caution). Des raccordements à l’eau courante, à l’électricité et pour les sanitaires sont prévus. Et la coordinatrice Kristien Van Marcken’a pas connaissance de plaintes pour d’éventuelles nuisances. « Personne n’a envie d’avoir un caravaning derrière son jardin mais là oùil y a une forme de contrôle, les nuisances sont forcément limitées », commente-t-elle.
Toute la Flandre ? Non
Le bourgmestre de Zottegem, lui, a bien voulu accueillir sur un parking pendant une semaine, les voyageurs chassés à De Pinte. Le temps pour eux de célébrer lafête de fiançailles pour laquelle ils s’étaient réunis. Pour 5 euros la nuit par caravane, le bourgmestre, Herman De Loor (SP.A) leur a fourni eau,électricité, conteneurs pour les ordures et un bloc sanitaire. « Nous vivons dans une société multiculturelle et nous devons prendre notre responsabilitélorsque des gens avec un autre style de vie font appel à notre commune », a-t-il déclaré. Herman De Loor n’en est pas à son coup d’essai et estime que laprésence de Tziganes dans sa commune n’a jamais coïncidé avec une montée de la criminalité. « Le seul problème que nous ayons eu est lié aufait que beaucoup de Tziganes sont habitués aux toilettes à la turque et préfèrent dès lors faire leurs besoins dans la nature que de s’asseoir sur unelunette… » Herman De Loor a l’intention d’aménager un terrain dans sa commune pour fin 2012.
Autre exemple positif, mais cette fois pour les caravanes résidentielles, à Louvain. Sur ce terrain prévu pour 52 caravanes, la plupart des habitants sont là depuis unedizaine d’années déjà et se déclarent satisfaits du confort offert pour le prix (35 euros par mois…), ainsi que des efforts faits par la municipalité. Pourle bourgmestre Louis Tobback (SP.A), la plupart des problèmes ont pu être résolus en aménageant ce terrain, autrefois très sale et mal tenu, avec l’argent dela Région. La seule difficulté importante qui subsiste est de faire en sorte que les enfants aillent à l’école. Le taux d’analphabétisme reste icipréoccupant.
D’après De Morgen et De Standaard