Les centres psycho-médico-sociaux (CPMS) sont à la fois dans l’école et en dehors de l’école, ce qui génère un certain flou relatif à leur mission.Un constat parmi d’autres, pioché dans une étude de la Ligue de l’enseignement, présentée mercredi 9 février.
Mercredi 9 février, vers 11 heures, lors d’une conférence de presse organisée par la Ligue de l’enseignement1, une assistante sociale interpelle un agent de centrepsycho-médico-social (CPMS) : « Les centres PMS donnent souvent l’impression aux jeunes ou à leur famille de faire pleinement partie de l’école. »L’agent en question rétorque : « Nous travaillons avec l’école mais toujours pour l’élève. » On évoque alors« l’ambiguïté » supposée des CPMS ou, du moins, de leur position, à la fois dans l’école, hors de l’école, proche desélèves un jour, de l’institution scolaire un autre jour.
« Ambiguïté », un terme que réfute immédiatement Jocelyne Maudoux, présidente du Conseil supérieur des CPMS2, organe d’avisdu secteur : « Notre mission est complexe, certes, mais il n’y a pas d’ambiguïté, nous travaillons en interface entre le jeune, la famille et l’école, et ce travailest toujours à faire et à refaire. »
Le débat sur le rôle des CPMS – et surtout sur leur avenir – est lancé grâce à la parution d’une étude de la Ligue de l’enseignementintitulée « Quels enjeux pour les centres CPMS? ». Patrick Hullebroeck, directeur de la Ligue de l’enseignement, et Valérie Silberberg, responsable de lacommunication de l’asbl, ont épluché les textes légaux relatifs aux CPMS et rencontré des acteurs de terrain dans trois de ces centres.
Pour rappel, les centres psycho-médico-sociaux sont rattachés à chaque école maternelle primaire et secondaire. Il s’agit d’un secteur qui compte 1 700équivalents temps plein répartis dans les 171 centres de la Communauté française. Leurs missions sont très variées : repérage dedifficultés, diagnostic et guidance, orientation scolaire et professionnelle, soutien à la parentalité, éducation à la santé.
A la fois dans et hors de l’école
L’étude rappelle donc ce positionnement complexe des centres PMS, à la fois dans et hors de l’école. Une position riche mais qui génère un certain flou. Ce flouqui se répercute sur l’ensemble des missions de cette institution et qui amène à se poser plusieurs questions : « Les CPMS tendent-ils à augmenter lecaractère inégalitaire du système éducatif, jouent-ils le rôle d’une sorte d’amortisseur permettant d’atténuer les tensions du système, oucontribuent-ils réellement à réduire l’inégalité socioculturelle dans l’enseignement ? »
Selon les auteurs de l’étude, un moyen de répondre à cette question fondamentale serait tout simplement d’évaluer le travail des CPMS. Mais l’évaluation fine etprécise des parcours individuels se heurte à des limites fixées par le secret professionnel.
Dès lors, comment dépasser cette contradiction ? Les réponses sont pour l’instant embryonnaires. On sait que le Conseil supérieur des CPMS a mis en place un groupede travail qui planche sur l’élaboration d’indicateurs d’évaluation. Mais ce groupe de travail vient à peine de conclure une première étape dans laréflexion… sur la manière de construire des indicateurs.
Néanmoins, cette question n’est pas éludée par Jocelyne Maudoux qui nous explique les difficultés que le secteur rencontre en matière d’évaluation :« L’évaluation quantitative, ça rend compte de nos activités aux pouvoirs publics mais c’est très limitatif. Une évaluation qualitative estnécessaire, mais elle pousse directement à s’interroger sur la question des indicateurs. Il faut des indicateurs communs à tous, et cela est rendu très difficile vu lesdifférences de situations rencontrées dans des CPMS… intégrés dans des tissus sociaux eux-mêmes radicalement différents. »
En attendant la grande évaluation, les rédacteurs de l’étude soulèvent aussi l’enjeu classique du manque de moyens, notamment dans la formation de base et la formationcontinuée des agents. Voilà un sujet qui mettra tout le monde d’accord.
Une mission à redéfinir et un secteur à renforcer, voilà ce que l’on pourrait résumer de cette étude… relative à une institution qui, selon GuyVlaeminck, le président de la Ligue de l’enseignement, « sera amenée à connaître une importance accrue, tant les situations des élèves secomplexifient ».
1. Ligue de l’enseignement :
– adresse : rue de la Fontaine, 2 à 1000 Bruxelles
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– courriel : eduquer@ligue-enseignement.be
– site : www.ligue-enseignement.be
2. Conseil supérieur des CPMS :
– adresse : rue Paul Pastur, 33 à 7100 La Louvière