L’évaluation annuelle des écoles de consommateurs vient de rassembler, au centre culturel La Marlagne, plus de 125 participants, mobilisés autour de questions telles que: « Que veut dire participer à une école ? », « Comment rendre visible le travail ? », « Pourquoi est-ce parfois si difficile d’avoir de nouveauxparticipants ? », « Faut-il obliger ou non à la participation ? », ou encore « Comment rêve-t-on l’école de demain ? ». Particularité decette journée de rencontres et d’échanges : dans l’assemblée, animateurs et participants des écoles de consommateurs se côtoient, sans signe distinctifapparent. Ce temps de travail convivial aura mis en évidence la diversité des pratiques au départ d’un même concept qui a comme point de départ laprévention du surendettement.
C’est en 2001, dans le cadre d’un plan global de lutte contre le surendettement, que le ministre des Affaires sociales de la Région wallonne1 a prisl’initiative de créer des écoles de consommateurs. À savoir le subventionnement d’espaces de rencontres autour du thème « mieux consommer » au seind’associations ou de services déjà existants. Aujourd’hui, on dénombre 113 écoles de consommateurs sur le territoire wallon, réparties dans desassociations d’éducation permanente, CPAS, services sociaux de quartier, organismes d’insertion, maisons de jeunes… Généralement des associations ouinstitutions en contact direct avec des personnes en situation de vie précaire. Chaque école est secondée par un centre de référence tant du point de vue logistiqueque pédagogique tandis que l’Observatoire du crédit et de l’endettement assure la cohérence de l’ensemble des initiatives.
Un public essentiellement féminin
L’enquête d’évaluation 2002-2003 relève des constantes notamment au niveau du profil des participants et des sujets traités lors de leurs rencontres. Lesrésultats portent sur les réponses de 50 écoles de consommateurs pour un chiffre moyen de 761 participants. Le public décrit y est largement féminin, 7 femmes pour3 hommes, tandis que le 1/4 des participants est âgé de 35 à 44 ans. Sept participants sur dix vivent sous le statut d’isolé mais un tiers d’entre eux ont desenfants à charge. Quelque 25 % d’entre eux bénéficient du revenu d’intégration sociale tandis que 17 % occupent une fonction d’ouvrier oud’employé. Le rythme moyen des rencontres est de une à deux fois par mois, mais cela peut aller jusqu’à trois fois par semaine. Quant à la durée moyennedes rencontres, elle est le plus souvent de deux heures trente. L’obligation de participer à l’école des consommateurs existe pour 13 % des répondants tandis que 80 %des écoles annoncent avoir d’autres activités que des rencontres. Dans ce cas, il s’agit de visites à l’extérieur, d’ateliers de loisirs, decréation de pièces de théâtre ou encore d’achats groupés. Les thèmes récurrents des rencontres sont l’alimentation, la santé, lebudget, les économies d’argent, l’emploi, la consommation, le logement, diverses questions sociales… Les animateurs des écoles de consommateurs observent des effetsconcrets sur les dépenses de consommation, la prise d’autonomie ou encore l’exercice de la citoyenneté.
Un espace citoyen pour d’autres projets
Devant l’annonce de ces « résultats », l’assemblée réagit diversement : « Je suis étonnée de la diversité des thèmesabordés… Pourquoi le racket à l’école ? » Et cette jeune médiatrice de dette de s’entendre répondre : « Mais l’argentintervient dans tous les problèmes quotidiens de nos participants. C’est un lieu d’écoute… La consommation est le thème enclencheur. L’école estun processus qui vise à redonner confiance et à rendre une place de citoyen ». À la question de savoir si l’école apporte vraiment du changement, on noteradeux interventions, l’une sous l’angle politique, l’autre d’un point de vue individuel. « On a dû négocier trois ans avant que les pouvoirs communauxn’acceptent la création de notre école… Et maintenant, on a enfin un lieu de parole, un espace citoyen… » « J’ai quatre enfants et jeperçois des changements pour moi et mes enfants… Même si j’ai découvert l’école un peu tard par rapport à une situation financièretrès difficile, j’apprends pas mal de choses en rapport avec ma vie quotidienne… Ici, je sens qu’on m’écoute… Et ça m’aide à remonterétape par étape. » En débat aussi le fait que certaines Écoles choisissent d’être des lieux de revendications alors que d’autres se veulent deslieux d’intégration.
Animateurs et participants regrettent que les écoles soient si peu connues du grand public et sont demandeurs de plus de contacts entre elles. La plupart se conçoivent comme deslieux de développement de projets. Elles se plaignent donc du peu de moyens dont elles disposent, entre 1 250 ou 1 875 euros par an, selon la fréquence des rencontres. Maisd’autres insistent pour rappeler que les écoles n’ont pas tout à créer, qu’il faut miser sur la dynamique des partenariats locaux… Enfin, certainsremettent en cause le nom même du concept : « C’est tout sauf une école puisque l’espace est basé sur l’échange des savoirs… »
Dans le nouvel appel à projets, qui sera lancé très prochainement, le ministre Thierry Detienne tiendra compte de cette évaluation. Mais il a déjàannoncé le doublement du budget global. « Cela ne veut pas dire que chacune des 113 écoles recevra le double puisque nous espérons bien que leur nombre augmente d’icià 2004. »
1. Cabinet Detienne, rue des brigades d’Irlande, 4 à 5100 Jambes, tél. : 081 32 34 11,
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