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"Les entreprises, le recrutement et l'embauche surqualifiée en 2001"

03-12-2001 Alter Échos n° 110

La fédération patronale de l’intérim (Upedi)1 et l’Institut d’études sur le travail de la KUL (Hiva)2 se sont remis à collaborer pour publier un rapport annuelsur « Les entreprises et le recrutement en Belgique ». La cuvée 2000 est donc sortie le 22 novembre. Enquêté réalisée par questionnaire, elle était àl’origine entreprise pour suivre l’évolution de la part de marché de l’intérim et dans le recrutement. Malgré ses limites méthodologiques, ce rapport annuel estaujourd’hui devenu une référence sur la manière dont offre privée et demande d’emploi se rencontrent… ou pas.
La surqualification
Le rapport souligne une évolution qui semble apparue depuis 1998 dans le recrutement : alors que l’embauche surqualifiée reste importante et concentrée sur les postes pourlesquels le niveau de diplôme demandé est le plus faible, le nombre d’embauches pour lesquelles on exige un niveau de diplôme moyen ou faible est lui en croissance.
Embauche sur- et sousqualifiée
(en pourcentage par niveau de diplôme demandé)
Diplôme demandé
EU
A1
ESSG
TP
ESI
EP
Embauche surqualifiée
0
22,0
26,9
32,5
38,0
59,9
Emb. à diplôme exigé
73,6
44,4
56,2
49,0
34,2
40,1
Embauche sousqualifiée
26,4
33,6
16,9
18,5
27,8
0
Total des embauches
100
100
100
100
100
100
Il faut lire de la manière suivante la deuxième colonne, p. ex. de ce tableau : 44,4% des ouvertures de poste pour lesquelles est demandé un diplômé dusupérieur non universitaire ont été pourvues par une personne effectivement diplômée de l’ESNU; mais 22% ont été pris par des universitaires, et 33%par des diplômés du secondaire ou du primaire.
Evolution annuelle du niveau de diplôme exigé
(en pourcentage par niveau de diplôme)
Année
1996
1997
1998
1999
2000
EU ou A1
28,0
29,8
33,1

24,2
ESS
256,0
30,2
25,1

29,4
ESI ou EP
46,0
40,0
41,8

46,4
Total
100
100
100

100
Autrement dit, si on voit la gradation des qualifications comme un escalier à six marches bourré de monde, la pression de la concurrence entre demandeurs d’emploi s’accumule bienentendu sur ceux qui sont sur les marches du bas, mais ces marches sont progressivement de plus en plus larges, tandis que, jusqu’en 1998 elles semblaient se rétrécir. Le rapportsignale aussi par ailleurs que dans l’opinion des recruteurs, le critère de diplôme devient moins prioritaire dans la sélection du personnel.
Or pour le rapport, si on embauche plus de travailleurs moins diplômés, c’est du fait de l’embellie conjoncturelle de 2000 et des pénuries de main-d’œuvre qualifiéequi en résultent. En suivant cette logique, on doit s’attendre dès cette année à un retour de la pression à la surqualification à l’embauche.
Il faut aussi remarquer la situation particulière des diplômés du supérieur non universitaire : les ouvertures de poste pour lesquelles on attend ce niveau de diplômedonnent plus souvent lieu à l’embauche de quelqu’un de moins diplômé que de quelqu’un de trop bien diplômé (un universitaire).
Un marché mouvant
Le rapport donne d’autres chiffres.
Les entreprises estiment que 23% des vacances d’emploi sont « difficiles à pourvoir », contre 11,3% en 1998. La moitié sont des fonctions « traditionnelles », manuelles ouadministratives.
Le nombre de canaux de recrutement auxquels l’entreprise recourt s’accroît, mais le passage par Internet reste complémentaire, voire marginal : il est utilisé pour 2% desouvertures de poste.
La mobilité professionnelle explose : sur 100 personnes engagées, 46,1 quittent un emploi pour ce nouveau poste, contre 28,1 en 1996.
En 2000, l’étude estime que 587.000 personnes ont trouvé un emploi ou changé d’emploi (nombre d’ouvertures de poste pourvues). À côté de cela, 575.000missions d’intérim ont été prestées, ce qui représente une augmentation proportionnelle continue. Et l’Upedi d’ajouter dans son communiqué de presse que »l’intérim paraît être un instrument idéal pour faciliter la réactivation et la réintégration des chômeurs dans le cadre de la politique visantà augmenter le taux d’activité ». Et ceci expliquant cela, elle réclame la possibilité pour l’intérim de recourir aux contrats à duréedéterminée. Dans l’attente que la prochaine édition du rapport donne des chiffres sur les embauches sur- et sous-qualifiées dans l’intérim?
1 Upedi, Paul Verschueren, av. de l’Héliport 21/3 à 1000 Bruxelles, tél. : 02 203 38 03, fax : 02 203 42 68, site Web : http://www.upedi.be
2 Hiva, Geert Van Hootegem, E. Van Evenstraat 2e à 3000 Leuven, tél. : 016 32 33 33, fax : 016 32 33 44, site Web : http://www.kuleuven.ac.be/hiva
3 EU : enseignement universitaire ; A1 : supérieur non universitaire ; ESSG : enseignement secondaire supérieur général ; TP : technique et professionnel ; ESI :enseignement secondaire inférieur ; EP : enseignement primaire.

Thomas Lemaigre

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