Les critères deviennent de plus en plus restrictifs, les délais d’attente s’allongent et, finalement, de plus en plus de candidats renoncent à adopter. La Flandre s’estdotée d’un nouveau décret et va créer un Centre de l’adoption pour mieux informer et protéger toutes les parties concernées.
Pia Dejonckheere, la coordinatrice de Triobla, l’un des deux centres flamands agréés pour donner des cours de préparation aux candidats à l’adoption, confirme latendance des chiffres officiels : le nombre de parents candidats à l’adoption a diminué de moitié depuis mai 2011. Selon elle, cela fait des années que lefossé grandit entre l’offre et la demande en matière d’adoption, et que le secteur demande aux pouvoirs publics de canaliser le flux des parents candidats. Le parlement flamand avoté le 11 janvier dernier un nouveau décret sur l’adoption internationale mais en fait, le secteur n’a pas attendu cette mesure pour s’autoréguler.
« En mai, nous n’arrivions plus à voir le bout du tunnel et le secteur a fait savoir aux candidats adoptants via les médias que le délai pour avoir un enfantétait désormais entre 8 et 10 ans », explique Pia Dejonckheere. « Je pense que cela a effrayé beaucoup de parents et c’est une bonne chose. Il y aactuellement 600 familles qui ont reçu un feu vert du tribunal de la jeunesse (concrètement, elles ont passé le cap de la procédure en constatation de l’aptitudeà adopter) et l’année dernière, il y a 120 enfants qui ont pu être adoptés. Les files d’attente sont donc encore très longues. » C’est que l’offre,elle, est allée en s’amenuisant…
« Entre 2004 et 2010, le nombre d’enfants disponibles pour une adoption internationale a diminué de 36 %. Les pays d’origine comprennent de plus en plus qu’il vaut mieux queles enfants grandissent dans leur pays d’origine et c’est bien ainsi. » Et selon Pia Dejonckheere, cette tendance n’est pas près de s’inverser.
Avant tout l’intérêt de l’enfant
Sur le bien-fondé du nouveau décret adoption flamand, elle reste mitigée. L’aspect qui pose question est l’idée qu’il faudrait désormais chercher de nouveauxcanaux d’adoption de manière proactive. « En d’autres termes, chercher toujours davantage d’enfants à adopter, précisément ce que nous ne voulons pas.L’adoption a toujours été une forme d’assistance aux enfants, une manière de donner un toit à des enfants dont on n’arrivait pas à s’occuper dans leur paysd’origine. Cette vision existe toujours mais, au fil des années, l’idée de fonder une famille, c’est-à-dire l’idée de donner des enfants à une famille quin’arrivait pas à en avoir, a pris de plus en plus le pas. Et cela, nous ne sommes pas pour. C’est bien de s’occuper d’enfants qui ne peuvent pas être pris en charge dans leur propre paysmais nous ne devons pas commencer à prendre l’avion nous-mêmes pour partir à la recherche d’enfants. »
Certains pays n’offrent plus à l’adoption que des enfants ayant des besoins spéciaux, présentant un problème médical ou un handicap. Aux Pays-Bas, lamoitié des enfants adoptables est dans ce cas et la Belgique va dans la même direction. Pour Pia Dejonckheere, beaucoup de candidats à l’adoption n’ont pas réellement lacapacité de s’occuper de ce type d’enfants. « Ces enfants vont venir gonfler les listes d’attente de l’enseignement spécial, de l’Aide à la jeunesse ou de lapsychiatrie qui sont déjà si longues. Faut-il vraiment encourager ce type d’adoptions ? Il faudrait vraiment avoir un débat au niveau de toute la société pourtrancher ce genre de question. »
Le décret voté le 11 janvier prévoit notamment la création d’un Centre flamand de l’adoption, qui aura pour vocation d’informer et d’assister toutes les partiesprenantes : les familles candidates, les familles biologiques et les enfants eux-mêmes. Ces derniers pourront désormais avoir un accès plus large qu’auparavant à leurdossier. Les arrêtés d’application de ce décret devraient suivre dans les prochaines semaines.
D’après De Morgen et De Standaard