À cheval entre politique de cohésion sociale et de développement durable, les jardins communautaires gagnent doucement du terrain.
Dans la campagne de la Basse-Meuse, les stagiaires de l’entreprise de formation par le travail (EFT) Cynorhodon s’initient aux métiers de l’agriculture bio. À Jambes, lesbénévoles de Nature et Progrès invitent le public à découvrir leur jardin didactique accessible aux moins valides. À Louvain-la-Neuve, étudiants etpensionnés de l’asbl Vert-Tige refont le monde autour d’un barbecue. Inutile de multiplier davantage les exemples pour montrer la diversité des projets que l’on peut cultiver autourd’un bout de terre partagé.
Aujourd’hui, on dénombre environ 110 jardins communautaires à Bruxelles. Avec 69 projets, les Liégeois peuvent aussi se vanter d’avoir la main verte. L’asbl Habitat etparticipation1, active dans la promotion des processus participatifs, mettait ces jardins à l’honneur de son midi-débat. « Éphémères,pédagogiques, familiaux, d’insertion, il existe beaucoup de catégories de jardins communautaires », introduit Laurence Braet, d’Habitat et participation. Quel que soit le butvisé, « leur dénominateur commun est un certain degré de partage de la terre, de la gestion et une volonté de créer du lien social »,complète Kari Stévenne du Début des haricots2, l’asbl chargée de mettre ces jardins en réseau.
L’expérience carolo
Malheureusement, il ne suffit pas de planter des carottes sur un terrain vague pour faire pousser un jardin communautaire comme par enchantement. Les principales difficultés sont souvent detrouver un terrain disponible et de mobiliser des jardiniers motivés.
Annick Marchal, conseillère à Espace environnement3, a accompagné la mise en place du jardin partagé de la Broucheterre, du nom de ce quartier du centre deCharleroi, théâtre d’émeutes en 2006. « Les habitants se sentaient abandonnés par la ville, qui de son côté n’était plus trèsdésireuse non plus d’investir dans des aménagements urbains pour les voir détruits trois jours après. » Entre les décisions du conseil communal quitraînent et les plantations qui ne peuvent attendre, « il a fallu recréer la confiance et ça ne s’est pas fait en un jour », soupire-t-elle. Mais aujourd’hui, cejardin est devenu un lieu de rassemblement dont les habitants prennent le plus grand soin.
Il n’en fallait pas plus pour convaincre la ville. Hasard du calendrier, quelques heures avant le midi-débat, Annick Marchal inaugurait le réseau de jardins communautaires Jaquadyavec l’échevin des quartiers, Éric Massin. Espace environnement y jouera un rôle d’interface entre candidats jardiniers et autorités communales. Pour faire germer denouvelles initiatives, deux appels à projet ont été lancés dans la foulée.
Réseau en herbe
Autre réseau, autre échelle, l’association Début des haricots a obtenu un financement via Benoît Lutgen (CDH), ministre wallon de la Ruralité, pour la mise enréseau des jardins en Wallonie. Contrairement au défunt réseau des fermes et jardins solidaires, cette initiative dépasse le cadre du social pour englober toute lapanoplie des jardins communautaires.
« Le réseau peut servir, par exemple, à mettre des personnes intéressées par la création d’un jardin en contact avec le centre horticole le plus proche. Onpourrait aussi grouper l’achat d’outils », imagine Kari Stévenne. Comme la truelle au jardinier, le web est l’outil indispensable à ce nouveau réseau. Dans les jours quiviennent, la toile verra ainsi fleurir un site bien achalandé en infos pratiques : www.jardins-pays.be.
Pour Kari Stévenne, les jardins communautaires disposent d’un terrain fertile à leur croissance. Plans de cohésion sociale et de développement rural en Régionwallonne, programme Equal de l’UE, quartiers durables à Bruxelles, quartiers de vie de la Fondation Roi Baudouin… Le jardinier bien informé trouvera où ramasser ses radis. Maisà force de ratisser large, pas facile de se forger une identité propre. Ainsi, note Kari Stévenne, « nous manquons d’une reconnaissance spécifique, d’une lignepropre. La création d’un cadre officiel pourrait faciliter la création de nouveaux jardins, notamment dans les démarches avec les communes ».
1. Habitat et participation :
– adresse : place des Peintres, 1 à 1348 Louvain-la-Neuve
– tél. : 010 45 06 04
– courriel : contact@habitat-participation.be
– site : www.habitat-participation.be
2. Le Début des haricots :
– adresse : rue Van Elewyck, 35 à 1050 Bruxelles
– Kari Stévenne : 0489 10 29 89
– site : www.haricots.org
3. Espace environnement :
– adresse : rue de Montigny, 29 à 6000 Charleroi
– Annick Marchal : 071 509 671
– courriel : amarchal@espace-environnement.be
– site : www.espace-environnement.be