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Regard critique · Justice sociale

Petite enfance / Jeunesse

Les jeunes à l’assaut des votes : Anne-Caroline Burnet (cdH)

Dans la foulée du dernier dossier d’Alter Échos consacré à l’engagement des jeunes dans la politique, nous vous proposons sur le site, une fois par jour, l’interview, mi-décalée mi-sérieuse, d’un candidat de chaque parti. Aujourd’hui : Anne-Caroline Burnet, 26 ans, secrétaire du Comité provincial des jeunes cdH à Namur et probable candidate au Fédéral.

02-04-2014

Dans la foulée du dernier dossier d’Alter Échos consacré à l’engagement des jeunes dans la politique, nous vous proposons sur le site, une fois par jour, l’interview, mi-décalée mi-sérieuse, d’un candidat de chaque parti.

02_jeune_annecarolineburnetAlter Échos : Être chez les jeunes d’un parti, n’est-ce pas un peu comme jouer en division II alors que l’on rêverait de la Ligue des champions ?

Anne-Caroline Burnet : Il n’y a pas de choix exclusif à faire entre être jeune d’un parti et faire partie du parti. On peut très bien être membre du parti et acteur en son sein sans s’impliquer dans les jeunes et inversement. Les fonctions sont simplement différentes de par le public visé. En ce qui me concerne, je suis active dans les jeunes cdH au niveau de ma locale, de mon arrondissement, de la province et du national, ce qui ne m’empêche pas d’être également membre de ma locale, membre du comité d’arrondissement et membre du parti. J’ai la conviction d’être à ma place ainsi que d’avoir un pouvoir d’action des 2 côtés. En ce sens, il n’est pas question de jouer en P2 et à côté en division d’honneur ou encore de faire partie de l’équipe réserve du parti (eh oui, mon truc c’est le volley et pas le foot)! Je dirais plutôt que les jeunes du parti représentent, comme les Ainés et les Femmes, un membre de l’équipe de division d’honneur. Et ce sont l’énergie, l’action, la mobilisation, le travail de chacun de ses piliers qui font la force de l’équipe.

A.É. : Pour vous, passer éventuellement au fédéral, c’est un gros transfert ?

A-C.B. : A mes yeux, passer éventuellement au fédéral n’est pas un gros transfert car je sais à quoi il faut s’attendre et je n’ai pas peur de bosser. Que ce soit au niveau local, provincial, régional ou fédéral, l’enjeu est le même : faire du bon boulot. Ce qui change, outre la circonscription, ce sont les coéquipiers et les matières à appréhender. Au sein du groupe cdH du Parlement wallon, j’ai pu découvrir que la qualité du travail d’un politique dépend moins de son lieu d’action que de ses qualités propres. A partir du moment où vous avez le goût d’apprendre et le goût du travail, un bouillonnement d’idées, une rapidité de compréhension et d’assimilation, l’esprit critique, la volonté de combattre l’inertie, de défendre les intérêts de vos concitoyens et la foi en le pouvoir que les électeurs vous confient, vous pouvez faire du bon travail n’importe où. Et j’espère vivement pouvoir faire partie de ces personnes qui rayonnent où qu’elles soient.

A.É. : Quelle opinion – éventuellement des jeunes cdH – rêvez-vous de faire passer dans le programme du parti alors que vous savez qu’elle n’a aucune chance d’être acceptée ?

A-C.B. : Il n’y en a pas, pour la simple et bonne raison que ce sont les idées des membres et sympathisants qui alimentent le programme, que nous avons l’occasion de faire part de nos amendements lorsque la première version est compilée et que ce sont l’ensemble des membres du parti qui sont invités à adopter, mesure par mesure, le programme politique !

A.É. : Qu’est ce qui vous agace le plus chez les « vieux » cdH ?

A-C.B. : Ce qui m’interpelle le plus chez certains aînés de ma locale est la peur du changement amené par les jeunes. Cela concerne par exemple les moyens de communication (« les réseaux sociaux ?!? connais pas »), les moments choisis pour se réunir (« le dimanche midi, c’est mieux pour les ainés ! ») ou encore la forme des activités (« c’est quoi une action symbolique ? »). En bref, rien de grave, mais cela fait parfois l’objet de nombreuses discussions !

A.É. : Quand on est jeune d’un parti, est-ce qu’on rêve de « tuer le père » – à plus forte raison pour vous dont le père est conseiller communal – ou de « tuer la mère » un jour ou l’autre ?

A-C.B. : Pas du tout ! Je porte beaucoup d’admiration pour mes aînés, je les respecte et les écoute. Ils sont nécessaires dans le développement politique car ils permettent de nous pondérer, de nous enrichir de leur expérience mais aussi de nous rappeler les limites.

A.É. : Être jeune et cdH, n’est-ce pas un peu un oxymore ?

A-C.B. : La force de la jeunesse est pour moi son énergie, son bouillonnement d’idées, ses valeurs (fraternité, solidarité, etc), son ouverture d’esprit. Je retrouve tout cela au coeur du projet humaniste ! En témoigne notamment l’opération IdéesH. On nous taxe souvent de conservateurs, mais finalement, parmi les partis traditionnels, c’est le cdH qui a effectué la plus grande mutation ces dernières années : un nouveau nom, des nouveaux visages (jeunes de surcroit !), une ouverture manifeste de notre électorat et des propositions novatrices concrètes. Par ailleurs, les jeunes cdH sont bien présents ! Qui peut encore penser que le cdH est un vieux parti ou un parti de vieux ?!?

A.É. : Vous avez des contacts avec les jeunes des autres partis ? Vous vous retrouvez en boîte ou au café après vous être affrontés sur le terrain politique ?

A-C.B. : Bien sûr, j’ai des contacts avec les jeunes et moins jeunes des autres partis, surtout de ma région. On partage la même passion et on est souvent amenés à se rencontrer, cela crée inévitablement des liens ! Les rencontres se font souvent au détour d’un marché de Noël ou d’un carnaval, à la sortie d’un débat ou encore à l’occasion d’un vernissage. On en profite pour partager un verre et jaser un peu. Au sein du CPAS de ma commune, c’est courant de boire un verre ou de partager un morceau de gâteau tous ensemble. Il faut nous voir au repas annuel, il est clair qu’une véritable entente s’est créée ! Ce fut pareil au sein du Conseil de la jeunesse, des liens se sont créés au-delà des couleurs politiques et j’ai encore de bons contacts avec d’anciens membres de l’AG. De manière générale, cela ne me pose vraiment aucun souci de côtoyer des personnes qui pensent différemment de moi ; confronter ses idées, c’est vraiment enrichissant.

A.É. : Au CDH, comment passe-t-on de la section jeune au parti proprement dit ? Vous le faites façon bizutage ou bien cocktail dînatoire au siège du parti avec Benoît ?

A-C.B. : Comme je l’ai dit précédemment, beaucoup de jeunes ont les pieds dans les deux étriers. La transition est donc naturelle. On participe aux évènements du parti avant tout en tant que membre de celui-ci.

A.É. : Si vous deviez devenir première ministre un jour, quelle serait la première chose que vous feriez ?

A-C.B. : Je m’évertuerais à réconcilier les citoyens avec la politique. Cela m’apparait nécessaire pour une plus grande et réelle participation citoyenne et donc pour plus de démocratie. Je suis attristée par le désintérêt manifeste, la méfiance et la critique acerbe de la population envers la politique et nos représentants. Il me semble important de combattre la méconnaissance du système politique. On ne se rend pas assez compte du travail abattu par nos représentants politiques et, surtout, on ne se rend pas compte de l’importance de la politique dans notre quotidien !

A.É. : En tant qu’ancienne présidente du Conseil de la jeunesse, comment se positionnent les jeunes CDH sur la question du droit à l’avortement ? Je le dis parce qu’on ma rapporté les hésitations des jeunes CDH concernant cette question lors de la remise de l’avis polémique du Conseil de la jeunesse sur ce sujet en juillet 2012. Certains des membres jeunes de votre parti auraient été parfois proches des opinions de l’asbl, aujourd’hui disparue, « Génération pour la vie », pour le moins restrictive sur ces questions.

A-C.B. : Quel parti peut s’enorgueillir de n’avoir qu’une position unique et partagée par l’entièreté de ses membres sur les questions d’éthique ? Nous avons tous des vécus différents, nous avons des sensibilités propres. Dès lors, sur des questions aussi sensibles, les hésitations sont légitimes. La question est complexe et il ne me revient pas de positionner les jeunes cdH.

Julien Winkel

Julien Winkel

Journaliste

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