Pendant un an, quatre journalistes d’Alter Échos ont passé une bonne partie de leurs week-ends en prison. Et ce qui expliquait leur présence entre les quatre murs de la «maison d’arrêt et de peine» de Mons avait un rapport avec le journalisme. On vous rassure, aucun de nos collaborateurs n’a été condamné récemment pour un délit de presse gravissime. Il s’agissait plutôt pour eux d’apporter leur contribution au projet «Alter Médialab» mis sur pied par l’Agence Alter depuis 2014. Son but est simple: permettre à des publics fragilisés de s’initier aux différents formats journalistiques – écrit, radio, photographique, illustration – en compagnie de journalistes professionnels.
Les débats actuels relatifs à la réforme du Code pénal qui appuie encore sur l’aspect répressif et le recours à la peine de prison montrent les enjeux éminemment politiques de ce dossier.
Après des personnes handicapées, surendettées ou en situation irrégulière sur le territoire belge, l’Alter Médialab a donc travaillé avec des détenu(e)s. Alors que la Belgique est régulièrement pointée du doigt pour l’état désastreux de bon nombre de ses prisons, il nous paraissait important de porter une parole à l’extérieur du monde carcéral, celle des prisonniers et des prisonnières. Hygiène, nourriture, visites, soins de santé, relations interpersonnelles…: Mickaël, Farid, Jy, Saadia et les autres ont utilisé le journalisme pour témoigner de leur réalité, de leur quotidien. Un travail que vous pourrez retrouver au sein de ce numéro d’Alter Échos (pour nos abonnés) et sur notre site www.altermedialab.be, qui vient interroger en filigrane le système pénitentiaire belge actuel. L’emprisonnement est-il la solution appropriée à toutes les situations? Et quand celui-ci doit intervenir, les années d’enfermement sont-elles utilisées à bon escient pour préparer les détenu(e)s à une sortie leur donnant toutes les chances de réinsertion? Les débats actuels relatifs à la réforme du Code pénal qui appuie encore sur l’aspect répressif et le recours à la peine de prison montrent les enjeux éminemment politiques de ce dossier.
Au regard des nombreux articles déjà parus dans les pages de cette revue sur la question carcérale, nous en doutons. Il vous suffira de jeter un œil aux deux autres papiers publiés dans ce numéro («À quoi sert [vraiment] la prison?» et «Surendettés et en prison: la double peine?») pour vous faire une idée. En attendant, nous vous invitons le 21 novembre1 à un apéro débat dédié au sujet. Et vous prévenons: le 24 novembre une émission réalisée par les détenus dans le cadre de l’Alter Médialab sera diffusée de 12 à 13 heures sur La Première dans l’émission «Transversales». À vos postes!