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Regard critique · Justice sociale

Les « métiers urbains » en quête de stabilité

Une rencontre thématique organisée à Charleroi par le service Politique des grandes villes s’est intéressée aux « métiersurbains ».

01-07-2009 Alter Échos n° 276

Une rencontre thématique organisée à Charleroi par le service Politique des grandes villes (Service public de Programmation Intégration sociale) s’estintéressée aux « métiers urbains ». Une intervention, celle de Bernard Francq, professeur de sociologie à l’Université catholique deLouvain-la-Neuve (UCL), a cristallisé les défis qui attendent ceux qu’on appelle les « nouveaux métiers »…

Facilitée par l’apparition, au début des années ’90, des contrats de sécurité ou de la politique de la ville, l’émergence des métiers urbains(coordinateurs de projets, adjoint de sécurité, aides-éducateurs, agents locaux de médiation, etc.) a vite pris des proportions assez impressionnantes. « Ilexiste à l’heure actuelle une multitude de métiers urbains « nouveaux” », déclare Bernard Francq en introduction de son exposé. Malheureusement, selon lesociologue, ces nouvelles fonctions seraient caractérisées par un statut précaire et un « flou » généralisé. « Il y a peu deréflexion aujourd’hui en ce qui concerne les nouveaux métiers urbains », continue-t-il. « Leurs contours sont peu définis. Il y a tout d’abord un flou autour desstatuts d’emploi. Les personnes ayant un « métier urbain » sont-elles des employés ou des ouvriers ? Il y a aussi flou de l’identité et du métier. Il y a enfin flou dela prescription, avec des injonctions très globales des pouvoirs politiques, comme le « développement économique » ou la « cohésion sociale ». »

Pourtant, malgré ces « injonctions très globales », les nouveaux métiers urbains permettent de rencontrer une série d’objectifs importants. Ilsfaciliteraient ainsi l’accès des citoyens aux services publics et aux ressources locales, contribueraient au maintien de la qualité du cadre de vie, à la sécurisation desespaces publics ou encore à la restauration des règles de civilité. Ils faciliteraient également les déplacements dans la ville. Une série d’objectifs quinécessitent une présence des travailleurs sur le terrain. « Selon moi, c’est cette présence sur le terrain qui spécifie le plus les métiers urbains,enchaîne Bernard Francq. Il faut construire celle-ci comme une activité professionnelle à part entière. Le travailleur doit rendre visible sa présence sur l’espacepublic. »

Dans un cadre d’emploi harmonisé

Dans ce cadre, Bernard Francq plaide pour une « sortie de la précarité » des métiers urbains. « Prévus comme provisoires, les »métiers de la Ville » devaient œuvrer à leur propre disparition. Force est cependant de constater qu’ils se sont multipliés et se retrouvent investis par des professionnelsqui s’interrogent sur leur devenir et leur statut, enchaîne-t-il. Tous arrivent à la conclusion qu’il faut stabiliser les métiers urbains dans un cadre d’emploi harmonisémais bien peu parviennent à s’accorder sur l’éventualité d’un statut unique ». Selon Bernard Francq, trois scénarios seraient possibles dans le cadre de larecherche d’un « cadre d’emploi » pour les métiers urbains. Un premier scénario serait l’intégration à la fonction publique. Un deuxièmescénario serait de « faciliter » l’entrée dans la fonction publique pour les travailleurs ayant acquis une expérience. Enfin, un troisièmescénario ferait appel aux employeurs privés ou publics.

En guise de conclusion, cette nécessaire professionnalisation des métiers urbains exigerait que soit établie une double preuve : celle de l’utilité sociale duservice et celle de la nécessité d’une qualification professionnelle pour l’exercer. Des modalités d’apprentissage des différents métiers de même que desmodalités de reconnaissance des qualifications devraient également être définies. Ceci, couplé à un accord sur des référentiels decompétence autour de la fonction « d’acteur d’urbanité publique » pourrait mener à une pérennisation des activités. La création d’une« école de gestion urbaine » serait également souhaitable.

1. SPP Intégration sociale, Service Politique des grandes villes :
– adresse : bd Anspach, 1 à 1000 Bruxelles
– tél. : 02 508 85 86
– courriel : politiquedesgrandesvilles@mi-is.be
– site : www.politiquedesgrandesvilles.be

Julien Winkel

Julien Winkel

Journaliste

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