Où en est-on avec les pièges à l’emploi ? Une étude du Centrum voor Sociaal Beleid1 montre que les choses n’évoluent pas dans lebon sens pour tout le monde.
Trouver un emploi, la plupart des bénéficiaires d’un revenu de remplacement le souhaitent. Encore faut-il que le salaire proposé ne transforme pas sonbénéficiaire en working poor, dont le nouveau revenu ne permet même pas de compenser les coûts supplémentaires liés à la reprise d’untravail. Le Centrum voor Sociaal Beleid de l’Université d’Anvers s’est livré à une étude approfondie sur les pièges àl’emploi, en utilisant la technique des « simulations standard ». L’auteur, Kristel Bogaerts, a étudié le changement du revenu net lors de la prise d’unnouvel emploi, en faisant varier plusieurs paramètres :
– emploi à mi-temps ou à plein temps ;
– avec un salaire allant du simple au double du salaire minimum garanti ;
– trouvé par un chômeur plus ou moins indemnisé, ou par un allocataire social ;
– isolé ou en couple avec un ou deux revenus ;
– avec ou sans enfants.
Kristel Bogaerts a, en outre, examiné l’évolution de l’impact financier d’un retour dans le monde du travail au cours des dernières années (entre 1999et 2008) et ce, dans chacune de ces situations.
Un mi-temps ? Non, merci !
Dans l’ensemble, en 2008, la situation pécuniaire de celui qui trouve un travail s’améliore. C’est net pour les bénéficiaires du revenud’intégration. Selon la situation, le supplément de revenus ira de 21 % (famille monoparentale) à 70 % (isolé sans enfant) pour celui qui décroche un emploiau salaire minimum garanti (RMG) : 271 euros dans le premier cas, 476 dans le second. Encore plus, bien entendu, si le salaire décroché est plus élevé. Mais attention, sile calcul tient compte des différences en termes d’allocations familiales par exemple, il ne prend par contre pas en compte certains avantages perdus (tarifs sociaux en matièred’énergie, tarifs préférentiels pour les transports en commun) ni certains coûts supplémentaires (frais de déplacements domicile-travail, par exemple).Or pour les demandeurs d’emploi, la progression du revenu net est bien moindre : le gain n’ira déjà plus que de 10 % à 33 % selon leur situation familiale s’ilspartent du maximum d’indemnisation. Dans le premier cas (famille monoparentale), cela ne représente plus que 147 euros.
Encore moins intéressant : accepter un travail à mi-temps. Pour un chômeur indemnisé au taux maximum, le gain en revenu net ne sera que de 8 à 13 % – entre74 et 165 euros par mois – en tenant compte de l’allocation compensatoire de garantie de revenus. Et ceux qui gagnent plus que le salaire minimum perdent le droit à cetteallocation compensatoire au delà d’un certain montant. Pour ceux qui émargeaient au CPAS, la situation est plus contrastée : tout dépend de leur situation familiale.Les isolés devraient tout de même gagner jusqu’à 34 % ou 233 euros de plus, grâce à l’intégration socioprofessionnelle. Mais pour les cohabitants,autant renoncer : le bénéfice du travail sera de… 2 % ou 20 euros, même dans le cas d’un mi-temps rémunéré à 150 % du minimum garanti.
Peut-on, au moins dire que les choses s’améliorent au fil des années ? Selon l’étude du CSB, cela dépend pour qui. En principe, diverses mesures prises cesdernières années pour lutter contre les pièges à l’emploi devraient avoir eu un effet positif : bonus emploi, réforme fiscale, adaptation desallocations familiales… Mais la réalité n’est pas si simple, apparemment. Grosso modo pour les familles, dans le cas le plus général (demandeurd’emploi engagé pour un plein temps), la situation est plus favorable qu’il y a dix ans, même si les gains en termes de revenus restent sans doute trop faibles,particulièrement pour les familles monoparentales. Par contre, pour les isolés, la valeur ajoutée du travail est moindre qu’en 1999. Et le travail à mi-tempsrapporte bien moins qu’auparavant dans tous les cas de figure. Conclusion : peut mieux faire !
1. Centrum voor Sociaal Beleid, Faculteit Politieke en Sociale Wetenschappen, Universiteit Antwerpen
– adresse : Stadscampus, Gebouw De Meerminne, Sint-Jacobstraat, 2 à 2000 Antwerpen
– tél. : 03 275 53 74
– courriel : ingrid.vanzele@ua.ac.be
– site : www.centrumvoorsociaalbeleid.be