Handicaps hier, atouts aujourd’hui… L’âge et l’expérience seraient des valeurs en hausse sur le marché du travail. Devenues cibles privilégiées des agencesd’interim et des sociétés d’outplacement, les quinquas ont la cote. C’est du moins l’adage que souhaite répandre « Creyf’s Senior Experience »1, un nouveau département deCreyf’s Interim à Charleroi qui chouchoute les seniors. Et ici, on est déjà senior à 45 ans ! « Nous sommes partis d’un constat, explique José Deriu, directricecommerciale pour le Hainaut qui a prêté vie à Creyf’s Senior Experience. La Belgique compte plus de 132.000 demandeurs d’emploi de plus de 50 ans, sans compter lesprépensionnés. Nombre d’entre-eux ont encore envie de travailler et ont accumulé un savoir-faire durant leur carrière. Une expérience qui faitprécisément défaut à de nombreuses PME confrontées à un accroissement rapide, à une restructuration, … » Le profil recherché par lasociété intérimaire est large mais nécessite une certaine qualification : ingénieurs, secrétaires, comptables, chefs d’équipe, techniciensspécialisés. « Ouvriers, employés ou cadres. Il y a de la place pour tous… à la condition qu’ils soient qualifiés, qu’ils aient une valeur ajoutéeà apporter à l’entreprise », précise Josée Deriu. Depuis la création de ce département, le 9 octobre 2000, plus d’une centaine de candidats dont 90%d’employés et 10% d’ouvriers hautement qualifiés se sont manifestés. Ils sont soit chômeurs, soit (pré)pensionnés. Parmi ces candidats, on peut dégagerdans les 90% d’employés et de cadres, 50% de postes de management (financier, ressources humaines, administratif, …) et autant de secrétaires de direction,délégués commerciaux, responsables d ‘achats, de production, d’atelier.
Au-delà de sa mission première, l’adéquation entre l’offre et la demande, la société intérimaire déclare aussi signer un engagement philosophique : »Nous entendons défendre les valeurs humaines et revaloriser cette tranche d’âge qui a construit notre économie au même titre que l’on favorise les jeunes. Dans notreentreprise, chacun, quel que soit son âge ou sa spécialité, a sa place. Bref, on peut faire carrière dans l’intérim ! » Histoire d’ailleurs de montrer l’exemple, ouimage oblige, c’est un senior qui assure l’accueil et le recrutement de ce nouveau département.
Séduite par ce projet, la Chambre de Commerce de Charleroi2 a signé avec l’agence d’intérim un contrat exclusif de partenariat : « Ce n’est pas le métier d’une chambre decommerce, déclare Benoît Moons, directeur de la Chambre de Commerce, mais l’humain est là. Passé 50 ans, on est bon pour la casse, et c’est quelque chose que je n’acceptepas. Pour moi, il s’agit ici d’appuyer une initiative positive qui vise à revaloriser les personnes concernées et redynamiser une région. » Le soutien en question n’est passeulement moral mais aussi logistique. L’expérience qui se veut pilote, testera la formule pendant un an avec pour objectif à long terme de remettre au travail quotidiennement unecinquantaine de seniors. La société va d’autre part constituer une banque de données qui permettra d’évaluer les besoins et les disponibilités des uns et desautres.
De son côté, Randstad Interlabor3 avait lancé la même formule « senior » en juillet 99 à Bruxelles et à Anvers. Aujourd’hui, seule subsiste l’agence d’Anvers,celle de Bruxelles a fermé ses portes en septembre 2000. Officiellement, le concept est repris au sein des autres agences bruxelloises, sensibilisées au problème de placement desquinquas. « Nous avons eu beaucoup de candidats mais assez peu d’entreprises demandeuses, constate toutefois Didier de Laminne de Bex, public relations manager chez Randstad. Cela tient surtout ausalaire : les entreprises ne peuvent pas toujours se permettre d’offrir un salaire qui tienne compte d’une expérience de 20 ans. De plus, nous avons constaté que les seniorss’adressaient en priorité à l’agence de leur commune et ne se déplaçaient pas à l’agence « senior » de la place Stéphanie à Bruxelles. » Parmi lesincitants qui pourraient convaincre les entreprises d’engager des quinquas, Randstad prône la formule suivante : un salaire de base pendant les six premiers mois d’intérim et si lapersonne convient, elle est engagée comme fixe par l’entreprise avec une augmentation de salaire de 20 à 30%.
Fin 99, sur les chiffres collectés dans les deux agences à Anvers et à Bruxelles, on pouvait relever quelques constats intéressants : 90% des personnes inscritesn’étaient jamais allées dans un bureau d’intérim, la moyenne des salaires payés se situait vers 506 F/heure pour les employés et 468 F/heure pour les ouvriers, lesmissions duraient en moyenne 37 jours pour les employés et 26 jours pour les ouvriers. À Bruxelles, 99% des inscrits étaient des employés, 84% à Anvers. Lamajorité des candidats étaient chômeurs depuis peu (1 an à 1,5 an).
1 Creyf’s Senior Experience, Bd Devreux, 1 à 6000 Charleroi, tél. : 071 31 09 81, fax : 071 33 28 85.
2 Chambre de Commerce de Charleroi, contact : Benoît Moons, directeur, tél. : 071 32 11 60.
3 Randstad Belgium, B&DC B 71 à 1020 Bruxelles, tél. : 02 474 63 54, fax : 02 476 08 07.
Archives
"Les quinquas ont la cote auprès des agences d'intérim"
catherinem
12-03-2001
Alter Échos n° 93
catherinem
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