Même si la presse en parle moins, la problématique de l’habitat permanent en camping reste toujours d’actualité. Le dernier rapport du Service de lutte contre lapauvreté1 y consacre tout un chapitre. Bilan d’une démarche de réflexion entamée en 2004 avec les acteurs de terrain.
Mis en lumière par le Rapport général sur la pauvreté de 1994, ce mode d’habitat était une réponse à une crise du logement alorsdéjà préoccupante. « Pour beaucoup de personnes pauvres, le camping est le dernier refuge possible », pouvait-on lire. Depuis, les Régions flamande et wallonneont mis en place des politiques spécifiques. Si au Nord du pays, l’action régionale vise spécifiquement des terrains campings, au Sud, la Région englobe dansl’appellation « campings » non seulement ces derniers, mais aussi les parcs résidentiels de week-end, les villages de vacances, soit tous les équipements touristiques.Les deux Régions ont décidé de rendre à ces espaces leur vocation touristique.
La Région flamande s’y est attaqué dès 1993 avec comme date butoir le 31 décembre 2005. Depuis, la Flandre a revu sa copie : les personnes ont pu demeurer sur lesterrains après cette date fatidique. Elles devront quitter les lieux le jour où un logement adapté leur sera proposé. En Wallonie, la réflexion adébuté en 1996. Le Plan HP – pour « Plan d’action pluriannuel relatif à l’habitat permanent dans les équipements touristiques » – aété adopté en 2002. Il envisage soit le relogement progressif des personnes, soit la reconversion du site en zone d’habitat avec remise en conformité graduelle auxnormes d’urbanisme. Cette dernière option ne concerne, bien entendu, que les habitations en dur (chalets, etc.).
Quels résultats ?
Aujourd’hui, estime le Service de lutte contre la pauvreté, il est difficile d’évaluer le nombre de résidants permanents. De 4 274 en Flandre, en 1998, le nombreserait tombé à 1 573 à la fin 2005. En Région wallonne, les 8 514 résidants identifiés en 1999 étaient 7 734 au 31 décembre 2005. Pour lesassociations, ces chiffres sont biaisés car certaines personnes ne se domicilient pas tout en habitant sur des terrains, d’autres habitent dans des caravanes isolées, etc.
Par ailleurs, il est difficile d’évaluer l’impact des politiques. De manière générale, les résidants sont aussi peu au fait des aides auxquels ils ontdroit en termes d’accompagnement, d’aide au relogement. En province d’Anvers, on perd la trace d’un ancien résidant sur cinq. En Wallonie, le CPAS doit assurerl’accompagnement social des personnes à reloger ou relogées, mais cela se complique si les personnes sont relogées dans d’autres communes. À Aywaille, uneenquête sera lancée en 2008 auprès de quelque 70 ménages de résidants relogés. Menée par l’Apic (Action pilote intégrée camping),elle servira à déterminer la qualité des relogements et la satisfaction des usagers.
Les politiques ont aussi appris à nuancer leur approche. Il n’y a en effet pas de réponse toute faite. Les résidants ne se répartissent pas en deuxcatégories strictes : naufragés de la vie, d’une part, et partisans d’un mode de vie alternatif, d’autre part. À travers l’habitat permanent, il importede tenir compte chez les résidants de la dynamique de conquête ou de reconquête de leur droit au logement « que des moyens financiers limités ne leur permettent pasd’exercer selon les normes généralement admises. » Les projets d’habitat groupé, mis en avant par la Conférence interministérielle sur lelogement, peuvent constituer une piste pour les résidants.
Recommandations
Sans surprise, la première recommandation porte sur la nécessité de repenser de façon urgente la politique sociale du logement. Deuxièmement, il faut favoriserdes modes d’habitat alternatif. On retrouve là une vieille revendication des acteurs de terrain. La troisième recommandation porte sur la participation réelle desrésidants à leur solution de relogement. L’expérience a démontré que l’adhésion volontaire des habitants aux projets était indispensable.En quatre, il conviendrait que les Régions revoient à la hausse les moyens accordés aux pouvoirs locaux pour assurer l’accompagnement social et financier desrésidants dans le cadre du relogement. Cinquièmement et dernièrement, il faut évaluer qualitativement le relogement.
1. Service de lutte contre la pauvreté, la précarité et l’exclusion sociale :
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