Depuis le mois de mars, les chantiers de cinq cents logements sociaux en attente de rénovation sont à l’arrêt : faute de fonds, la ministre a décrété un moratoire sur les rénovations.
Les gros acteurs du secteur sont particulièrement touchés. A la société WoninGent, ce sont plus de 150 logements qui sont en panne de travaux. « Et il est difficile d’expliquer à tous ces habitants pourquoi ils ont dû quitter leur logement alors qu’ils voient bien qu’il ne se passe rien », se plaint Rudy Coddens (SP.A), le président de cette société gantoise de logement social. A la Antwerpse Woonhaven, ce sont les 152 appartements de la très emblématique troisième tour du complexe Silvertop qui subissent la mesure de plein fouet. Au total, les 500 logements concernés pour l’instant viennent s’ajouter à 8 000 déjà inoccupés pour des travaux « de routine », « et ce alors que 70 000 ménages flamands sont sur les listes d’attente pour un logement social », explique pour sa part Björn Mallants, le directeur de la Vereniging van Vlaamse Huisvestingsmaatschappijen (VVH), l’Union flamande des Sociétés de logement social.
Economies d’énergie
Pourquoi ce coup d’arrêt ? Parce que, rien que pour réaliser tous les projets qui ont fait l’objet d’une adjudication en 2012, il manque déjà 200 millions. Et d’ici 2020, ce sont 3 milliards qui font défaut pour atteindre les objectifs en matière d’économies d’énergie que le gouvernement flamand s’est fixés. La ministre du Logement Freya van den Bossche (SP.A) a donc pris cette décision dans l’urgence. Et la Vlaamse Maatschappij voor Sociaal Wonen (VMSW), le parastatal qui accorde des prêts sans intérêt aux sociétés flamandes de logement social a dû annoncer à ses clients début mars ce moratoire sur les rénovations.
La tâche est certes gigantesque, mais fin 2011, le son de cloche était encore fort différent au ministère du Logement flamand. La moitié des logements sociaux flamands n’ont soit pas de double vitrage, soit pas d’isolation de toit, ou encore pas de système économique de chauffage. Mais il avait alors été évalué que les deux tiers des logements en question pouvaient être rénovés « à peu de frais ». La somme nécessaire d’ici 2020 était alors estimée à 730 millions.
« Il y avait déjà bien davantage de demandes de rénovation que lors des années précédentes et tout le budget 2012 était déjà épuisé début mars », explique Kurt Herregodts, le porte-parole de la VMSW. « L’année passée, nous avions demandé à chaque société de logement social d’évaluer le nombre d’habitations à rénover en vue d’atteindre les objectifs de 2020 », commente pour sa part Gorik Van Holen, le porte-parole de Freya van den Bossche. « En soi, c’était une bonne chose, mais le résultat a été une avalanche de demandes de rénovation. »
Pour Björn Mallants, le problème est avant tout la soudaineté avec laquelle cette décision a été annoncée. « Personne ne l’avait vue venir. De nombreuses communes étaient déjà occupées à faire évacuer les logements en question et à reloger leurs habitants. Une grande partie de ces personnes ont été relogées dans les nouveaux logements qui ont été construits depuis 2009, mais cela a pour conséquence d’allonger à nouveau les files d’attente. » D’ici 2020, ce sont en théorie 43 000 logements nouveaux qui devraient être construits, si le gouvernement flamand et ses successeurs respectent les objectifs fixés.
Enfin, autre problème : les délais liés à l’obtention de certaines subventions et de certains permis de bâtir. « C’est pour cela que nous avons demandé aux communes d’établir des listes de priorités », explique Kurt Herregodts. C’est en se basant sur ces listes de projets classés par urgence que la VMSW négocie actuellement avec le cabinet. La marge de manoeuvre de cette négociation reste toutefois incertaine car pour l’heure, précise-t-on au cabinet, le gel des rénovations reste d’application.
D’après De Morgen, De Standaard et Het Laatste Nieuws