Ce 17 novembre, Ressources1 conviait responsables (inter)communaux, représentants environnementaux et entrepreneurs d’économie sociale à une matinéed’évaluation de différentes expériences pilotes de gestion des encombrants. Objectif avoué de cette matinée namuroise : démontrer l’intérêt etla pertinence de ces initiatives d’un genre nouveau et qui se positionnent comme prestataires de service pour les pouvoirs locaux.
Selon Thibaut Jacquet, directeur de Ressources, l’émergence des ressourceries en Région wallonne2 coïncide avec la problématique rencontrée par lescommunes d’apporter une traitement plus adéquat à la problématique de l’élimination environnementale des encombrants.
En s’appuyant sur ses composantes existantes, l’économie sociale propose depuis quelques années de nouveaux modèles d’activités pilotes qui répondent àces soucis en privilégiant un service proche du citoyen, faisant la part belle à la réutilisation de ces objets en fin de vie, à leur démembrement, à leurrecyclage et finalement à leur rebutage3. En faisant appel à ces prestataires sociaux, les administrations communales peuvent se mettre en conformité avec le Planwallon des déchets qui prévoit, à l’horizon 2010, l’interdiction de la mise en centre d’enfouissement technique (décharge) des encombrants ménagers. Unélément qui intéressera le ministre wallon de l’Environnement Benoît Lutgen (qui s’était fait représenter lors de cette matinée) au même titreque la structuration des acteurs d’économie sociale des déchets. De leur côté, les mandataires communaux auront été sensibles aux conditions deréussites de ces projets pilotes énumérées par Laurent Dupont, directeur de l’intercommunale Ipalle qui travaille avec trois ressourceries (La Poudrière, leCarré et les Petits Riens) : rémunérer ces prestations, assurer la traçabilité des flux entrants et sortants et travailler de manière professionnelle.
Poser un choix politique
Si les expériences présentées participent du même principe fondamental, des particularités locales se sont développées au gré despartenariats qui se sont progressivement noués avec les pouvoirs publics. Ainsi des questions telles que le mode de contact avec la population (sur appel téléphonique ou autre),l’organisation interne de la ressourcerie (multipartenaire, opérateur unique), la proximité avec l’action des intercommunales de traitement des déchets varient selon que l’on setrouve à Namur, à Welkenraedt ou en Hainaut occidental.
Selon Nathalie Schadeck, chargée de mission « encombrants » de Ressources, le rapprochement avec ces mêmes intercommunales doit permettre aux ressourceries d’atteindre une massecritique d’activité et de pérenniser son service. « À condition que la rémunération de la prestation soit suffisante pour nous permettre d’assurer cetteviabilité. »
De ce point de vue, une multitude de tarifs et une négociation au cas par cas aurait plutôt tendance à fragiliser l’édifice. « Il s’agit avant tout de poser un choixpolitique en faveur d’un autre traitement des encombrants, déclare Alain Detry, échevin namurois de l’Environnement, qui évalue la première année d’activitéde la ressourcerie namuroise. Ce projet parvient à récupérer 80 % de ce qu’il collecte : je ne connais pas de meilleur exemple de développement durable. »
Il demeure cependant quelques interrogations adressées par les intercommunales concernant l’avenir du secteur des ressourceries : parviendra-t-il à convaincre de lacomplémentarité de son action par rapport à l’incinération des encombrants que pratiquent les intercommunales ? Trouvera-t-il les débouchés commerciaux pources objets « réanimés » qu’il remet sur le marché4 ? Pour les ressourceries, la gestion durable des encombrants passera par des réponses affirmatives à cesquestions.
1. Ressources asbl est le réseau des entreprises d’économie sociale actives dans la récupération et le recyclage en Wallonie et à Bruxelles.
2. Le terme « ressourcerie » est d’abord apparu au Québec et en France avant de s’imposer en Belgique francophone comme générique de ces entreprises d’économie sociale dusecteur déchets.
3. Ordre des priorités environnementales, tel qu’il a notamment été défini par l’Institut bruxellois pour la gestion de l’environnement (IBGE).
4. Lire à ce propos l’étude du Crioc sur le réemploi et les ressourceries publiée en 2005.