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Regard critique · Justice sociale

Economie

Les riches sont des pauvres comme les autres

Je n’aime pas le gouvernement fédéral. Il n’y en a plus que pour les pauvres. Une liaison au bien-être par ici (encore 2% en plus depuis le 1er avril !), un Projet individualisé d’intégration sociale (PIIS) par là. Où va-t-il s’arrêter ? Un coup de gueule de Philippe Defeyt, Président du CPAS de Namur.

13-04-2016
©Arnaud Ghys

Je n’aime pas le gouvernement fédéral. Il n’y en a plus que pour les pauvres. Une liaison au bien-être par ici (encore 2% en plus depuis le 1er avril !), un Projet individualisé d’intégration sociale (PIIS) par là (lire ici). Où va-t-il s’arrêter ?

Un coup de gueule de Philippe Defeyt, Président du CPAS de Namur.

Bien sûr qu’il faut garantir une réinsertion durable des bénéficiaires du revenu d’intégration (les pauvres parmi les pauvres, pour faire court). Tout le monde sait bien que les pauvres sont désinsérés. Ils ne veulent pas consommer comme tout le monde, ils ne veulent pas travailler comme les autres, ils ne veulent pas utiliser les autoroutes comme tous les automobilistes, ils ne veulent pas envoyer leurs enfants dans les mêmes écoles, ils ne veulent pas payer des impôts comme tous les contribuables, ils ne veulent pas être bénévoles et, figurez-vous, ils ne veulent pas aller à l’opéra comme tout le monde.

Mais les riches alors ? Pourquoi n’auraient-ils pas droit eux aussi à une (ré)insertion durable dans la société ?

Je demande donc avec insistance à Willy Borsus de rapidement mettre en route un PICSOU : un Projet Individualisé pour une Cohésion Sociale Ouverte et Universelle.

Un peu de pédagogie est nécessaire. Que contiendrait ce PICSOU ? Des obligations bien sûr (arrêtons de toujours commencer par les droits) :

  1. Payer ses impôts. Plus de sociétés pour en payer moins, plus d’off-shore, plus de chipotages fiscaux, plus de frais gonflés, plus de voitures de société, plus de domiciliation fictive d’étudiants, une taxation juste des dividendes et plus-values, etc., bref des contribuables pleinement citoyens.
  2. Une consommation responsable des soins de santé. Certains sous-consomment des soins de santé, c’est vrai, mais d’autres surconsomment et profitent plus que d’autres des soins gratuits. Il va de soi qu’ils fréquenteront les mêmes hôpitaux.
  3. Payer ce que l’on consomme. Les riches qui voyagent en France paient des péages pour utiliser les autoroutes. Ils en feront désormais de même en Belgique.
  4. Limiter son empreinte écologique, pour s’aligner sur les pauvres, qui eux émettent très peu de gaz à effet de serre. Par exemple en prenant le bus et le train.
  5. Inscrire spontanément ses enfants dans l’école du quartier ou du village. Avec tout le monde, parce que la cohésion sociale le vaut bien.
  6. Des activités bénévoles régulières, au service des autres. Quand on a de l’argent on peut aussi donner de son temps. Le « travail », si je puis dire, ne manque pas.
  7. Habiter dans les quartiers et villages avec tout le monde. Plus de mixité sociale ne peut faire que du bien.

En contrepartie la communauté garantirait à tous des services publics de qualité, financièrement accessibles à tous, une école de la réussite, un accès à la culture pour tous, un revenu de base pour tous, etc., bref plus de cohésion sociale pour une société inclusive, solidaire.

Je sais qu’il n’y a qu’une petite minorité de riches qui pourrait ne pas respecter les obligations du PICSOU. Mais il faut envisager cette possibilité ! Pas de pitié : le PIIS prévoit de retirer le revenu d’intégration, le PICSOU doit donc prévoir le même genre de sanction, soit une confiscation des revenus des contrevenants.

En résumé : tous les citoyens, et donc les pauvres aussi, ont des droits et des obligations. Mais chacun à sa mesure, en fonction des compétences et circonstances. Et ce qu’on impose aux uns, on doit l’imposer à tous. Et si on fait confiance aux uns, il faut faire confiance aux autres.

Agence Alter

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