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Regard critique · Justice sociale

Les soins de santé : source d’endettement

Un ménage belge sur huit est confronté à des difficultés financières du fait de ses frais de santé.

27-10-2009 Alter Échos n° 283

Un ménage belge sur huit est confronté à des difficultés financières du fait de ses frais de santé. Les ménages qui se retrouvent dans une tellesituation postposent souvent les soins médicaux pourtant nécessaires ou sont contraints de s’endetter pour se soigner. C’est l’une des conclusions del’étude réalisée auprès d’environ 6 000 de ses membres par la Mutualité chrétienne (MC).

L’étude sur l’accès aux soins des malades chroniques1 effectuée par la Mutualité chrétienne (MC) en collaboration avec Altéo,l’UCP, Ziekenzorg CM et Okra n’est pas la première réalisée par la MC. Mais elle permet pour la première fois de disposer de résultatsreprésentatifs pour l’ensemble de la population belge et se focalise sur les ménages plutôt que sur les individus.

On y apprend notamment que quatre ménages sur dix sont confrontés à des problèmes chroniques de santé. Un tiers de ces ménages, soit 12 % desménages belges, connaissent des difficultés financières. Les ménages ayant des problèmes chroniques de santé sont souvent des isolés ou des couplesdont les enfants ne vivent plus à la maison. Leur âge moyen est assez peu élevé et se situe autour des 55 ans. Les pathologies les plus fréquemmentmentionnées sont les affections chroniques des articulations comme l’arthrose ou le rhumatisme, l’hypertension, les maux de dos importants (p. ex. l’hernie) et la douleurchronique.

Soins postposés

Les ménages confrontés à des problèmes chroniques de santé dépensent en moyenne entre 155 et 226 euros par mois pour leurs soins. Pour les ménagessans malade chronique, les dépenses de santé ne s’élèvent qu’à 77 euros par mois. La plus grande partie de ces dépenses est consacrée auxmédicaments, aux frais de transport, aux aides à domicile (aides ménagères et familiales), aux consultations de généralistes et de spécialistes ainsiqu’aux hospitalisations.

La moitié des ménages qui rencontrent des difficultés financières en raison de problèmes chroniques de santé sont souvent amenés à reporterà plus tard les soins pourtant nécessaires. Ceux qui sont le plus souvent postposés sont l’achat de lunettes, les soins dentaires, les consultations chez legénéraliste ou le spécialiste ainsi que les médicaments. 12 % de ces ménages s’endettent pour pouvoir payer leurs soins. Ce sont les isolés, lesfamilles monoparentales, les ménages vivant sous le seuil de pauvreté, les ménages avec un invalide et les ménages louant leur logement qui vivent les difficultésfinancières les plus aiguës.

Notre système d’assurance maladie remplit en principe une fonction de « filet de sécurité » afin d’éviter que les ménagesconfrontés à des problèmes chroniques de santé ne s’enlisent dans les difficultés financières. L’étude fait toutefois apparaîtrequ’il existe de graves lacunes. Pour y pallier, la MC et ses partenaires formulent quelques recommandations à destination des pouvoirs publics :

Un revenu décent pour les invalides
• augmentation de l’indemnité minimum des chefs de ménage en invalidité de 150 euros par mois ;
• instauration d’un pécule de vacances de 250 euros pour les personnes en invalidité ;
• majoration des allocations familiales des personnes en invalidité de 100 euros par enfant et par mois.

Médicaments non remboursables : enregistrement et analyse de la consommation
• le démarrage rapide d’un enregistrement obligatoire et complet de tous les médicaments prescrits ;
• le suivi de l’enregistrement de ces médicaments par une analyse pouvant donner lieu à une étude sur le remboursement éventuel, les conditions et, le caséchéant, l’intégration du ticket modérateur résiduel dans le maximum à facturer.

Extension des conditions d’intervention pour les frais de transport.
Actuellement, l’assurance maladie intervient dans les frais de transport des patients dialysés et des patients cancéreux. Ceci pourrait être étendu àd’autres groupes cibles (p. ex. : personnes subissant une transplantation, parents d’enfants malades chroniques…).

1. ANMC, chaussée de Haecht:
– adresse : 579 à 1031 Bruxelles
– site : www.mc.be

catherinem

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