Les printemps arabes, le printemps érable, les indignés. Les jeunes se mobilisent mais, selon Michel Venne, directeur de l’Institut du Nouveau Monde, les syndicats ont manqué le train de ces mobilisations. Le syndicat serait-il un monde de vieux déconnecté de la nouvelle génération ?
Nous avons rencontré, lors d’un atelier, Céline Moreau, responsable des jeunes FGTB et Barend Claessens, responsable Jeunes AVC pour la régionale de Bruxelles-Hal-Vilvoorde pour tenter de répondre à ces questions.
En Belgique, les jeunes sont syndiqués en nombre et le droit de grève est acquis (au Québec, ce droit semble plus restreint, d’après certains intervenants). Une des raisons qui peuvent expliquer ce haut taux de syndicalisation (de l’ordre de 80 % de la population active) réside dans le fait qu’en Belgique, les syndicats jouent un rôle de caisse de paiement : c’est par eux que passent les allocations de chômage. Néanmoins, si la population des jeunes syndiqués ne baisse pas, le pourcentage de ceux-ci s’engageant dans le militantisme devient de plus en plus faible. La population des militants vieillit donc sensiblement. Une population âgée et masculine qui est aussi celle présentée dans les médias.
Des outils mais beaucoup à faire
Pour essayer de mobiliser les jeunes, les syndicats ont chacun leurs outils. Dans le cas de la FGTB, il existe un animateur Jeunes FGTB par régionale. Son travail : la défense des jeunes dans leur emploi, la communication via les réseaux sociaux, notamment concernant des problématiques oubliées ou présentées comme insolubles par les médias.
Tant à la CSC qu’à la FGTB, les lieux de sensibilisation sont les mêmes : les écoles, les universités et les entreprises. Une participante à l’atelier dresse un constat lourd de sens : il faut apprendre aux jeunes l’histoire des mouvements sociaux afin qu’ils sachent la manière dont les droits sociaux actuels ont été acquis. Pour que ceux-ci ne leurs apparaissent pas comme un dû. Cette information, les délégués, les militants essayent de la faire passer au moyen d’expositions, de journaux, des médias alternatifs et d’animations dans les écoles. Néanmoins, d’après eux, il reste beaucoup à faire et les moyens déployés ne sont pas toujours suffisants.
Un sentiment d’impuissance généralisé
Un mot revient constamment : l’impuissance. Que celle-ci concerne l’emploi, le monde, les relations Nord/Sud. A chaque échelle, le public fait état de son incapacité à faire changer les choses : « J’ai peur de ne pas trouver de travail ou de devoir en changer tous les cinq ans », « De toute façon, qu’est-ce qu’on peut bien faire en Belgique contre les multinationales, même Di Rupo, il fait pas le poids », etc. A cela, les syndicats répondent qu’il faut se rassembler, qu’on a peu de pouvoir en tant qu’individu. « Les manifestations dans la rue à 500 000, c’est aussi autre chose qu’à 20 000 », rajoute Céline Moreau. Au niveau international, il existe des coordinations, tant au niveau européen (la confédération européenne des syndicats) qu’au niveau mondial (la confédération mondiale des syndicats). Mais Barend Claessens, également responsable international, reconnaît que « nos syndicats sont déjà assez lourds et au niveau européen et mondial, c’est pire. Donc, ils ont le pouvoir de faire quelque chose mais ça prend vraiment du temps ».
A l’écoute de ces considérations, il est sûr qu’il reste du travail à faire du côté de l’information et de la communication des syndicats vers leurs publics. Ce travail est aussi essentiel que celui d’une meilleure coordination internationale. Tout cela reste à suivre…