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Regard critique · Justice sociale

Les syndicats sont pour des indicateurs verts

Loin de Copenhague, de ses remous médiatiques et de son relatif échec, les milieux syndicaux s’intéressent à l’impact de la crise environnementale sur notremanière de vivre.

18-01-2010 Alter Échos n° 287

Loin de Copenhague, de ses remous médiatiques et de son relatif échec, les milieux syndicaux s’intéressent à l’impact de la crise environnementale sur notremanière de vivre.

En introduction au 4e Forum annuel du Réseau intersyndical bruxellois de sensibilisation à l’environnement (Brise)1 consacré au thème« Environnement et enjeux sociaux », tenu en décembre dernier, Xavier Dupret, économiste au Gresea2, démontrait l’importance des indicateurséconomiques qu’il faut adapter au développement durable.

« Quand Roosevelt a établi le New Deal, il avait besoin d’indicateurs. C’est ainsi que l’économiste américain Simon Kuznets a mis au point le Produitintérieur brut. Cet indicateur est devenu une unité de mesure dominante, mais il ne mesure que l’accumulation de la richesse sans tenir compte de la dimension sociale etenvironnementale », explique le chercheur.

Il mentionne clairement les défauts de l’indicateur le plus utilisé. « Un exemple ? Le PIB par habitant de la Guinée équatoriale, l’un des pays les pluspauvres du monde, est plus élevé que celui de l’Argentine. Pourquoi ? Parce qu’on y produit du pétrole aux mains d’une infime partie des habitants. »

Valeur d’usage toujours verte

Partant du constat que le modèle est en crise3, les indicateurs ne doivent-ils pas aussi être remis en question ? Il existe par exemple un indicateur dedéveloppement humain qui intègre au développement économique des notions comme l’espérance de vie ou l’état du systèmeéducatif.

Xavier Dupret écarte rapidement le débat entre croissance et décroissance. Trop périphérique. Par contre, la question des indicateurs est centrale. « Poursavoir de quoi l’on parle, on doit savoir ce qui est pris en compte », résume-t-il. Il prend l’exemple de l’usine qui pollue. L’action de dépollution est uneautre activité économique. Les deux seront simplement additionnées dans le calcul des flux pris en compte dans le PIB. « Le PIB ne tient compte que de la valeurd’échange car c’était le besoin de l’époque dans les années 30. Face à la crise environnementale, il est clair qu’il faut tenir compted’autres éléments », soutient-il.

Vers un PIB vert aux Nations unies

Actuellement, le comité d’experts des Nations unies sur la comptabilité environnementale économique (UNCEEA) travaille à faire du Système de comptabilitéenvironnementale économique (SEEA) un standard international et à promouvoir sa mise en œuvre dans les pays. « Un espoir d’aboutir en 2010 existait, mais ce sera sansdoute reporté à moyen terme. Le débat est long et assez technique », explique l’économiste.

Alors, que recouvre la notion de PIB vert ? Via les ajustements environnementaux apportés aux agrégats standards du Système national de comptabilité des Nations unies(UNSNA), on transforme le PIB par la prise en compte de la consommation de capital fixe et la consommation de capital naturel (la diminution des ressources et la dégradationenvironnementale).

« Les créateurs du PIB vert ont deux objectifs. Tout d’abord distinguer la production économique bénéfique de la production nuisible. Ensuite, dans le casdu Sud, mesurer le PIB vert pourrait accroître le rendement économique, en termes de production par unité d’énergie et de matériaux. Un exemple ? La Chineconsomme actuellement trois fois plus de minéraux et de ressources énergétiques par unité de production que la moyenne mondiale », souligne Xavier Dupret.

Mais le PIB vert n’est pas le seul indicateur possible. On développe aussi le concept d’empreinte écologique. Celle-ci quantifie pour un individu ou une population lasurface « bioproductive » nécessaire pour produire les principales ressources consommées par cette population et pour absorber ses déchets. « Sichaque être humain vivait comme un Belge, il nous faudrait plus de trois planètes pour vivre », observe Xavier Dupret. D’où l’urgence de prendre des mesures en Belgique.

1. Brise associe les trois grandes familles syndicales. Plus d’infos : www.brise-milieu.be
2. Gresea asbl, Groupe de recherche pour une stratégie économique alternative :
– adresse : rue Royale, 11 à 1000 Bruxelles
– tél. : 02 219 70 76
– site : www.gresea.be
3. Voir l’ouvrage : Xavier Dupret, Krash mondial, Couleur livres, Bruxelles, 104 pp. Disponible au Gresea.

Jacques Remacle

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