Un peu plus de 17 millions. Tel est le nombre d’heures prestées en 2005 via les titres-services, soit trois fois plus que l’année précédente (5,62 millions). Ceschèques ont permis de créer l’an dernier un volume de travail de 10.759 équivalents temps plein ou 15.371 emplois, a indiqué le sociologue Jan Hertogen, anciencollaborateur de la LBC, la centrale chrétienne flamande des employés de la CSC. Selon lui, ce service subsidié a par contre entraîné en 2005 un dépassementbudgétaire de 46 millions d’euros pour l’Office national de sécurité sociale (ONSS). Des chiffres contestés.
Sur les 20,3 millions de titres-services achetés en 2005, 17,2 millions ont été utilisés jusqu’à fin décembre. La Flandre est de loin le plus grosutilisateur de ce service (72 % du total), la Wallonie (25 %) et Bruxelles (3 %) venant loin derrière. À noter toutefois que le nord du pays utilisait encore 75 % des 8,1 millions detitres-services achetés en 2004. Un succès auquel les entreprises intérimaires, qui ont vite compris qu’il y avait là moyen d’élargir leursactivités, ne sont pas étrangères. Ainsi, deux ans après le lancement des titres-services pour l’aide ménagère, l’entreprise intérimaireRandstad1 a mis 2.589 personnes au travail par ce biais devenant ainsi leader du marché (20 % du marché de l’intérim). Selon Randstad, la majorité des personnesengagées ont un contrat à durée indéterminée (60 %, mais il faut préciser que certains de ces CDI sont de seulement 4 heures…). Ce succès apoussé Randstad à créer en son sein une nouvelle structure pour les titres-services.
Mais, si le système s’avère un succès, il reste, selon l’entreprise, quelques points à améliorer : » Bien que les résultats engendrés soientbons, le potentiel d’emplois de ce système n’est pas encore utilisé entièrement. Pour perpétuer son fonctionnement à long terme, il faudrait desgaranties structurelles. En effet, l’existence du système n’est garantie que jusqu’en 2007. De plus, le suivi administratif engendré par le système est lourd, etl’achat, la distribution, le remplissage, la réception et l’encaissement des titres exigent beaucoup d’attention et de temps des particuliers, des aidesménagères et des employeurs. Une simplification administrative, là où c’est possible, rendrait le système encore plus efficace. «
15.000 ou 25.000 emplois ?
Pour l’entreprise intérimaire, les chiffres divulgués le 18 janvier dernier par le sociologue Jan Hertogen, sous-estiment l’ampleur du succès de l’opération. Plusoptimiste, Randstad estime à 25.000 le nombre d’emplois créés via les titres-services. » Il s’agit d’une extrapolation à partir de nos chiffres. Tout dépendévidemment du nombre d’heures prestées prises en compte pour le calcul. Nous offrons également un contrat de travail à des gens qui choisissentdélibérément de ne travailler que quelques heures par semaine. En général, le nombre d’heures moyens prestés par semaine est inférieur dansl’intérim que dans le secteur non-profit « , explique Didier de Laminne de Bex, responsable de la presse et des relations publiques chez Randstad.
Ainsi une aide ménagère engagée via Randstad preste, en moyenne, 13,1 à 14,5 heures par semaine, jours de vacances et de maladie non compris. Environ 75 % des clientsde Randstad sont originaires de Flandre, quelque 20 % de Wallonie, Bruxelles ne prenant à son compte que les quelques pour cent restants.
Quel dépassement ?
Le dépassement budgétaire de 46 millions d’euros avancé par Jan Hertogen conduit à s’interroger : faudrait-il donc abolir le système pour le bien-être dufinancement de la sécurité sociale ? Le ministre flamand de l’Emploi, Frank Vandenbroucke (SP.A), qui a lancé le système il y a deux ans alors qu’il siégeait encoreau sein du gouvernement Verhofstadt I, juge qu’il serait désormais difficile d’abolir les titres-services en raison de la place qu’ils occupent. Selon lui, les autoritésfédérales devraient peut-être ajuster le système, par exemple en cadenassant la déduction fiscale ou le montant subsidié.
De son côté le ministre de l’Emploi, Peter Vanvelthoven (SP.A), a démenti ce 20 janvier que le budget alloué aux titres-services ait étédépassé de 46 millions d’euros. « Il ressort de données récentes de l’Onem relatives aux paiements jusqu’au 31 décembre 2005, qu’il n’y a eu aucun dépassementdu budget prévu »2, affirme le ministre. Pour 2006, un budget de 385 millions d’euros a été inscrit, soit 100 millions de plus que le budget disponible pour 2005 (+40%), ce qui devrait permettre de « faire face au succès croissant escompté des titres-services ».
« Pour l’instant, rien n’indique que cette augmentation budgétaire, considérable, ne suffira pas », ajoute encore Peter Vanvelthoven, qui précise qu’il faudra attendre lecontrôle budgétaire du mois de mars avant de pouvoir disposer des premières prévisions pour 2006.
L’enquête de Creyf’s
La formule est appréciée des Belges, à en croire les résultats d’une enquête réalisée par Creyf’s3, entreprise intérimaireégalement active dans les titres-services. D’après cette enquête effectuée auprès de 1.300 particuliers, utilisateurs ou non des titres-services, près de 87 %jugent positivement le titre-services et 63 % des utilisateurs ont trouvé un(e) candidat(e) aide ménagère sans problème. Il est surtout fait appel à ces aides pourle nettoyage. Des aides sont également requises pour le repassage, la cuisine, les courses ou la couture. Des tâches auxquelles les clients souhaiteraient ajouter la garde d’enfants (42%), le jardinage (42 %) et la peinture (33 %). Les trois-quarts des utilisateurs de titres-services sont issus de Flandre. L’enquête réalisée par Creyf’s montre que lesutilisateurs sont en général mariés (pour 66 %). Si l’on s’intéresse au nombre d’enfants, viennent en tête ceux qui n’en ont pas (28 % des utilisateurs), suivis deceux qui en ont deux (27 %) ou trois (19 %).
1. Randstad Belgium sa, Buro & Design Center b.71, Esplanade du Heizel à 1020 Bruxelles – courriel : info@randstad.be – site :
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