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Regard critique · Justice sociale

Petite enfance / Jeunesse

Les Tourelles : tout pour la réinsertion familiale

Omer Laloux, directeur gérant de la société de logements sociaux La Dinantaise, explique que « ce terrain, situé entre Dinant et Onhaye, intéresse pas mal de monde depuis un certain temps. Le bourgmestre de Dinant, Richard Fournaux, avait envisagé, il y a quelques années, d’y aménager un golf avec des villas de luxe. Avant cela, il fut aussi envisagé d’y construire un village pour les Américains qui étaient à Florennes dans le cadre de la base aérienne. Depuis deux ans, la SWL projette l’aménagement d’un écoquartier. »
Marie-Claude Durieux, directrice du département Marché public et Droit immobilier de la SWL, précise la philosophie générale du projet : « Face aux enjeux environnementaux et climatiques, il faut aujourd’hui repenser les modes d’organisation de la société, notamment en matière de logement et d’organisation de la vie au quotidien. La construction d’un village durable à Wespin servira de modèle en la matière. Il sera une « vitrine technologique, économique et durable » à l’échelle de la Région et permettra de concilier modernité et respect de notre cadre de vie. » Ce village incarnerait en quelque sorte « la vision idéale du futur ».
Outre le développement durable et l’urbanisme écologique, ce projet prend en compte, de manière conjointe, des enjeux sociaux, économiques, environnementaux et culturels de l’urbanisme. Ces principes ambitieux, incarnés notamment par la volonté de pouvoir créer un quartier autonome en énergie, se traduisent par des objectifs qui le sont tout autant sur le plan technologique : les maisons et appartements devraient bénéficier des technologies dernier cri en matière d’économie d’énergie, de production d’énergie individuelle ou collective et de matériaux. Marie-Claude Durieux : « Il s’agit de construire des logements intégrant l’ensemble des innovations palliant les problèmes liés à la gestion de l’eau et son traitement, à la gestion des déchets – ménagers ou non – et leur traitement, etc. »
Les autres aspects mis en exergue dès le départ dans le cadre de ce projet concernent la mise en place d’une mixité sociale et intergénérationnelle, l’organisation d’une vie associative, culturelle et sportive, les réponses à apporter aux problèmes de mobilité, de garde d’enfants et de commerce de proximité, ainsi que le développement d’activités économiques. Dès lors, les constructions se caractériseront par une mixité intégrée de tous types de logements (logements social, moyen, de rapports, acquisitifs, locatifs, pour personnes à mobilité réduite…) et de tous types de fonctionnalités (logements, bureaux, services, commerces…). Et l’on n’oublie pas non plus le développement d’espaces verts…
[t]Un marché à tranches conditionnelles[/t]
Ce projet fait l’objet d’un marché à tranches conditionnelles. Autrement dit, il sera réalisé au fur et à mesure de son évolution par commandes partielles successives et par phases. La première phase est terminée : il s’agit de l’étude globale du projet, qui a été commandée au bureau AEP-Aural, de Liège, choisi après appel d’offres européen. D’une part, cette étude a porté sur l’analyse du potentiel du terrain sous tous ses aspects : contraintes urbanistiques, contexte socio-économique, mobilité, développement des énergies renouvelables, qualité du sol, etc. D’autre part, cette étude s’est penchée sur la recherche de sources de financement, d’aides, de primes et de subsidiations européennes, fédérales, régionales, communales tant pour la construction de logements durables que pour les équipements et la production d’énergies renouvelables.
A présent, avant d’entamer la deuxième phase du projet, la SWL attend l’avis de la Ville de Dinant. Marie-Claude Durieux : « Pour ce projet, nous avons des contraintes urbanistiques importantes du fait que le terrain n’est pas situé en zone d’habitat mais en zone d’aménagement communal concerté (ZACC). Les autorités communales ont à présent pour mission de faire passer en zone d’habitat une partie du terrain. Pour ce faire, elles font réaliser en ce moment un rapport urbanistique et environnemental (RUE) par le Bureau économique de la Province de Namur (BEP). » Ensuite, la SWL reprendra la main en suivant les orientations développées par le RUE…

08-06-2012 Alter Échos n° 340

Les Tourelles1 est un « Home » pour jeunes enfants placés. Il n’est pas rare d’y voir des nourrissons. L’institution met tout en œuvre pour recréer le lien entre parents et enfants. Et les pères ne sont pas oubliés.

Les Tourelles, c’est un service d’hébergement pas comme les autres. Des enfants y sont placés, comme ailleurs. Des éducateurs veillent au bien-être des enfants âgés de 0 à 10 ans. Des toboggans écrasent la pelouse. Mais ce qui frappe d’emblée, c’est que la place laissée aux parents n’est pas qu’un vague strapontin.

Des espaces leur sont dédiés. Un studio et deux appartements. « Cela permet de reconstituer la cellule familiale, de mettre les parents et enfants en situation, pour faire comme à la maison », explique Emmanuel Aerts, le directeur de l’institution. C’est là que les rencontres ont lieu, parfois étalées sur un week-end entier. « L’important est qu’ils partagent des moments d’intimité, qu’ils se réapprivoisent. En partageant un repas ou en donnant le bain à un bébé, les familles réapprennent à être ensemble », ajoute le directeur.

Dans ce service de la région de Tournai, on accueille en premier lieu des tout-petits, souvent pour des périodes longues. Et même des nourrissons. « C’est notre spécificité », reconnaît Emmanuel Aerts. Une spécificité qui répond à un besoin, car selon lui, « très peu de structures de l’Aide à la jeunesse accueillent des bébés ». Le jour de notre visite, l’institution en accueillait trois que les autorités mandantes leur avaient confiés. En général, ces petits sont signalés à l’hôpital pour des cas de maltraitance ou des difficultés graves entre les parents, des violences. « C’est pour les sortir du milieu hospitalier que nous accueillons en priorité les bébés », ajoute le directeur des Tourelles.

Un lien à créer

L’institution compte quinze lits et dix éducateurs. Le leitmotiv de l’équipe des Tourelles, c’est la réinsertion dans la famille. « Nous mettons tout en oeuvre pour y parvenir », affirme Emmanuel Aerts. Si cette réinsertion s’avère impossible, alors le travail est axé sur le lien entre parents et enfants. Recréer le lien, ou le créer, tout simplement, lorsqu’un père ou une mère ne connaît pas sa progéniture. Les locaux, comme les éducateurs ou l’assistante sociale servent de « facilitateur » dans ce noyau familial très fragile qui tente de se reconstituer.

Le directeur des tourelles insiste sur ce point : « S’il y a ne serait-ce qu’une seule visite par mois, cette visite est primordiale. Il n’y a pas d’excuse, ce jour-là, la priorité c’est l’enfant. On va tout faire pour que les parents viennent. Car lorsqu’ils ne viennent pas, l’enfant est désemparé, il ne comprend pas. Et quand ils viennent, tous leurs problèmes doivent rester au vestiaire pour ne pas polluer la visite. » Ceci n’empêche nullement l’équipe des Tourelles de recevoir ensuite des parents pour discuter de leurs difficultés et les orienter vers des services qui pourront leur venir en aide.

La place du père

Dans ce schéma propre aux tourelles, il y a un « acteur » qu’on n’oublie pas : le père de l’enfant. Un aspect important pour Emmanuel Aerts : « A titre personnel, je revendique mon rôle de papa, mon implication. C’est vrai que bien souvent, la société garde une place prioritaire à la maman. Notre travail vise simplement à garantir un équilibre entre les deux, même lorsque certains pères ont plus de mal à créer le lien, car ils n’ont pas voulu ou pas pu être associés à la grossesse. » Des pères qui souhaitent s’impliquer, Emmanuel Aerts en rencontre souvent, aux profils si différents. Il y avait ce père qui n’avait pas vu son fils pendant trois ans et qui, peu à peu, a souhaité revenir, se réinvestir. Ou cet autre qui se rend aux Tourelles une heure et demie par semaine pour apprendre à donner un bain, parler à son bébé, entrer en relation avec lui.

Malgré toutes ces bonnes volontés, la réinsertion effective dans les familles n’est pas fréquente. Sur les quinze enfants pris en charge aux tourelles, une seule est suivie dans le cadre d’une réinsertion familiale. C’est devenu une tarte à la crème, certes, mais Emmanuel Aerts peut aussi en témoigner, « les situations sont de plus en plus complexes et de plus en plus lourdes à gérer. Donc certains parents, vu leurs difficultés, ont du mal à être mobilisés, à se mettre en phase avec la réalité et à donner des gages de stabilité. » Une situation qu’il juge « frustrante ». Ce qui n’entamera nullement son envie de « travailler avec les parents. Car même si ce n’est pas évident, même s’il faut des béquilles – d’autres types de suivi – même si c’est difficile, ce qui importe pour l’enfant, c’est d’être en famille. »

1. Les Tourelles
– adresse : rue Carlos Gallaix, 244 à 7521 Tournai
– tél. : 069 22 42 43
– courriel : emmanuel.aerts@hainaut.be

Cédric Vallet

Cédric Vallet

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