Le projet de crowdfunding Europe Refresh prépare sa deuxième édition, le we du 3-4-5 octobre, aux Halles de Schaerbeek. Il s’agit d’un salon de découverte d’exposants venant présenter un projet à au grand public (de film, de revue, de stylisme…), un projet encore à faire puisque non encore financé.
Il y a deux ans, le crowdfunding n’était connu en Belgique que dans les cercles d’initiés. Le principe est simple: financer, via la participation de monsieur ou madame tout le monde, l’émergence et la concrétisation de projets, via des campagnes de recherche de donateurs et de fonds à travers les réseaux sociaux. Une multiplicité de petits dons remplaçant une subvention ou une aide à la création trop longue à arriver, ou trop incertaine. Encore une idée pour dédouaner les États de financer la culture, l’innovation, la presse, les petits projets ? Oui et non.
Il est clair que ces mouvements citoyens de financements participatifs qui fleurissent en Europe ne sont pas étrangers à la crise économique et sociale que l’on connaît. Cependant, cette dynamique de financement par les pairs existe depuis que l’économie existe. Nombre de projets d’entreprises ont toujours reposé sur les solidarités d’individus: parents, tontons, amies… Qui dit crise dit opportunité de renouvellement des systèmes. Ce qui change ici, c’est que dans ce système, ces financements proviennent d’inconnus, pas de proches, qui sur base de votre idée, décident de vous soutenir, sans retombée individuelle particulière. En Belgique, sur la plateforme principale de crowdfunding kiss kiss bank bank, plus de 400.000 donateurs ont déjà été répertoriés, tous projets confondus, souligne le directeur des Halles de Schaerbeek, Christophe Galent. «C’est un hommage rendu à la puissance d’initiative des individus», se félicite-t-il. Depuis un an, le Financement participatif a explosé en Belgique, il a permis la rencontre de niches qui ne se croiseraient jamais sans les technologies de communication qui utilisent les réseaux sociaux.
Est-ce que, comme toute innovation majeure, ce modèle va tomber dans l’escarcelle du marchand ou d’une taxation écrasante? Est-ce qu’il marquera encore plus la fracture numérique entre individus? Le pari des Halles, c’est qu’on peut en faire quelque chose de plus révolutionnaire, qui rapproche les individus. C’est aussi quand une grosse institution culturelle au cœur de nombreux réseau s’y met qu’elle peut cristalliser des partenariats qui font décoller des dynamiques à petite échelle.
On pourra avoir une première idée sur la question lors du salon, les 3 et 4 octobre prochain en rencontrant la quarantaine de projets dédiés à la créativité sous toutes ses formes, « des projets imaginés pour améliorer nos lendemains».
Création d’un espace de co-working pour les entrepreneurs culinaires, d’une plateforme internet de dons alimentaires, d’un site multimédia pour sensibiliser les citoyens aux enjeux européens, d’une maison d’édition de livres de rue… Au total plus de 40 projets seront présents au salon Europe Refresh, dans des domaines allant des arts au social, en passant par la gastronomie. Coup de cœur, très orienté forcément en tant qu’Agence de presse: le projet Medor, magazine trimestriel belge d’enquêtes et de récits, de 128 pages qui sortira en septembre 2015 s’il réussit son pari de fédérer suffisamment de coopérateurs et de futurs abonnés autour de lui. Ce projet, qui compte notamment parmi ses 17 fondateurs la rédac’ en chef d’Alter Échos, est né du constat qu’aujourd’hui les journalistes ont mal à leur stylo. Parce que le métier s’abîme, parce que l’urgence ronge le sens, parce que le moindre fait divers bouscule les priorités de la presse. Alors Médor rêve de réinventer les mécanismes de production de l’information et d’inventer l’écosystème qui lui convient : média constitué autour d’une coopérative de lecteurs pour assurer son indépendance financière, prise de décision collective, rédaction en chef tournante, philosophie open source à tous les étages, salaires décents pour tous…
Infos pratiques :
Aux Halles de Schaerbeek, 22 rue Royale Sainte-Marie à 1030 Bruxelles. Vendredi 3 octobre à partir de 18h, samedi 4 ocotbre à partir de 11h et dimanche 5 octobre à partir de 11h. Entrée 2 euros (7 euros prix de soutien)