Dans Interstellar, un film de science-fiction sorti en 2014, le réalisateur Christopher Nolan décrit le voyage désespéré de Joseph Cooper et de ses compagnons, astronautes kamikazes partis explorer les confins de l’espace afin de trouver un nouvel abri pour le genre humain. Victime de l’écocide perpétré par notre espèce, la terre, en cette année 2067, ne produit presque plus rien si ce n’est des tempêtes de poussière et, parfois, du maïs…
Les dernières minutes de cette fresque galactique épique, où se mêlent mélancolie, désespoir et fascination pour les lois physiques délirantes de l’univers, voient Joseph Cooper pénétrer dans un gigantesque trou noir. Au cours de cette «chute» vers l’inconnu, l’astronaute traverse ce que les physiciens appellent poétiquement l’«horizon des événements», ce point de non-retour au-delà duquel plus rien, pas même la lumière, ne peut échapper à l’attraction du trou noir. L’horizon des événements, c’est aussi la limite au-delà de laquelle on ne peut plus observer ce qui se passe au sein de ce monstre vorace, un «endroit» que la physique est aujourd’hui incapable de décrire avec certitude, entre soupçons de désintégration, de voyage dans le temps et de passage d’un univers à un autre, le tout sur fond de concepts cérébralement douloureux nommés «gravité quantique à boucles», «théorie des cordes» ou «densité infinie»…
L’horizon des événements, c’est aussi la limite au-delà de laquelle on ne peut plus observer ce qui se passe au sein de ce monstre vorace, un «endroit» que la physique est aujourd’hui incapable de décrire avec certitude, entre soupçons de désintégration, de voyage dans le temps et de passage d’un univers à un autre, le tout sur fond de concepts cérébralement douloureux nommés «gravité quantique à boucles», «théorie des cordes» ou «densité infinie»…
Pourquoi parler de ce film dans Alter Échos, à part pour évoquer sa puissance dramatique toujours aussi énorme, près de dix ans après sa sortie? Parce qu’en observant ce qui se joue aujourd’hui, entre la crise climatique, les extrémismes de tous bords, la violence qui en découle, les inégalités qui n’en finissent pas de se creuser, on a parfois l’impression – malgré quelques progrès, aussi – d’approcher sérieusement de l’horizon des événements, un horizon au-delà duquel on est bien en peine de deviner ce qu’il adviendra.
À la fin d’Interstellar, Joseph Cooper atterrit dans un monde en cinq dimensions lui permettant de jouer avec le temps. Il parvient alors à transmettre une série d’informations à sa fille, restée dans le passé, qui les utilisera pour sauver notre pauvre petite espèce. On aimerait croire que si nous devions un jour dépasser l’horizon des événements, un scénario identique finirait par nous sortir du pétrin. Le film de Christopher Nolan n’étant cependant qu’une œuvre hollywoodienne – brillante certes – à laquelle il fallait nécessairement quelque happy ending, il nous reste plutôt à faire en sorte de ne jamais trop nous approcher de ce point de non-retour…